Chapitre 36

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Après un moment à être resté sur le pas de la porte, je me suis fait une raison puis suis rentré. Une question ne cesse pour autant de tournoyer ici et là dans mon esprit.

Pourquoi Camden n'avait pas l'air étonné de l'état dans lequel il a retrouvé Asher ? C'est pourtant parfaitement visible de par son visage tuméfié et sa posture qui semble douloureuse à l'œil nu.

J'en suis certaine, il l'a remarqué, pour autant, il n'en a fait aucune allusion.

Je n'ai toujours trouvé aucune réponse à cette question, malgré les heures écoulées.

Soudainement, mon téléphone vibre dans la poche arrière de mon jean. Je l'attrape en voyant que "Maman" est apparent sur l'écran.

Je décroche.

- Allô ?

- Hailey ? Je peux être là pour le repas, ce soir.

Je souris tendrement, elle continue :

- Est-ce que ça t'embêterait de faire réchauffer un petit quelque chose ?

Sa voix toujours bienveillante m'apporte un apaisement inégal.

- Non, pas de problème, je prépare ça.

- Génial, à tout à l'heure chérie.

Elle raccroche après m'avoir remercié.

J'inspecte le frigo pour trouver une chose simple à mijoter. Je finis par dénicher le nécessaire pour un bon petit repas.

Je me mets rapidement aux fourneaux, en essayant de m'appliquer. Bien que ma mère soit une cuisinière plutôt douée, je n'ai pas hérité de son aptitude.

Quelques minutes de préparation passent avant que la porte d'entrée s'ouvre sur ma mère.

Ses cheveux bruns, habituellement ordonnés en un chignon en début de journée, est à présent totalement ébouriffé puis ses yeux verts paraissent épuisés d'une journée active.

Elle s'avance vers moi, après avoir ôté ses chaussures et son manteau.

- Ça sent drôlement bon !

Je lui offre un sourire, ravie.

Il y a un bon moment que nous n'avons pas partagé un repas toutes les deux. Son travail lui demande énormément de temps, et ce, pour parvenir à nos besoins, alors nous sommes contraintes de faire quelques concessions. Notre relation est loin d'être chaotique, toutefois, il est rare que nous ayons de grandes discutions ou confessions. Pourtant, notre relation mère-fille compte énormément pour moi, et son instinct maternel ne se trompe que très rarement, elle sait quand quelque chose me rend nerveuse ou bien furieuse.

- Je pars me doucher.

Je lui fais un signe de tête, avant de préciser :

- Ce sera prêt quand tu reviendras.

Elle sourit.

- Je fais vite.

Elle file vers la salle de bain, tandis que je veille aux casseroles sur le feu. Pongé dans mes pensées, elle revient sans tarder.

Elle attrape ce qu'il faut pour mettre le couvert, je l'aide quand elle me demande :

- Les cours se passent bien ?

J'opine.

- Oui, plutôt bien. Quelques spécialités sont compliquées, mais je me débrouille.

Maman n'est pas exigeante en matière d'études. Elle a, elle-même fait de longues études cependant elle ne m'étouffe pas, ni ne me rend nerveuse. J'ai certaines limites à ne pas dépasser que je m'impose personnellement, pour ne pas risquer un décrochage, et elle y veille quand même avec altruisme.

- Et toi, le travail ?

Elle pouffe.

- Oh, plus je bosse, et plus j'assiste à certains cas invraisemblabl qui finissent aux urgences.

Elle m'énumère certains patients dont leur admission au service des urgences sont sérieusement étonnants.

Je serre une portion pour chacune de nous deux, puis nous nous asseyons à table, avant qu'elle ne lance un autre sujet, qu'elle a l'air d'aborder avec une certaine délicatesse.

- Ça ne va toujours pas mieux avec tes amis ?

Elle a tenté auparavant d'aborder cette discussion, mais jamais je n'ai pu expliquer la raison de mon isolement.

- Eh bien...

Je finis la bouchée que je viens d'enfourner.

- Je commence à les revoir de temps en temps.

Surprise, elle relève le regard de son assiette.

- Ah oui ?

J'acquiesce.

- Oui.

J'admets péniblement :

- C'est la première fois que je me sens plutôt bien, depuis son décès.

Elle sait aussitôt de qui je parle quand son visage s'adoucit un peu plus.

- Je suis contente pour toi, ma puce.

On s'échange un franc sourire, avant que je prenne une nouvelle bouchée.

Ma mère poursuit de nouveau :

- Je sais que je ne suis pas une mère très présente pour toi, Hailey, mais dès que j'en ai le pouvoir, je te garantis que je fais mon possible pour passer un moment comme celui-ci avec toi.

Elle se retient de pleurer. Je sais qu'elle s'en veut pour l'enterrement de Mya, auquel elle n'a pas pu assister.

- Je sais que tu m'as déjà affirmé ne pas m'en sommer, mais c'est moi qui m'en veux de ne pas avoir été là le jour où tu en as eu le plus besoin. Depuis petites, je sais que vous étiez essentielle l'une à l'autre, j'aurais voulu pouvoir te rassurer et te soutenir, je m'en veux...

Jamais elle ne s'est véritablement révélée de cette manière, à cœur ouvert.

Finalement, c'est sur mes joues que les larmes tracent leurs sillons.

- Je sais maman, je ne t'en veux pas.

Elle sort de table pour venir m'enlacer dans ses bras maternels et consolant.

Attire-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant