Chapitre 9

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Vendredi est le jour qui annonce le week-end, mais pas seulement. Dans le monde des étudiants, très souvent, vendredi annonce soirées arrosées, retrouvaille entre amis ou pour les plus hors la loi, défonce totale.

Pour moi, vendredi annonce simplement un week-end sous ma couette pour tenter de récupérer le sommeil que j'ai perdu durant la semaine.

Aujourd'hui, les étudiants sont donc super agités. Ils sont tous en train de parler organisation, ou encore savoir sur qui leur dévolu sera jeté pendant l'une des soirées. Moi, j'essaie de trouver quelle série va accompagner mon chocolat chaud quotidien.

Je ne tarde pas à rejoindre l'amphi dans lequel j'ai cours toute la matinée. Lorsque je balaie la grande salle du regard, je remarque immédiatement que ma place, donnant sur la fenêtre, est déjà occupée par Asher.

Je lève les yeux au ciel, puis intériorise avant de m'installer à ses côtés. Pas besoin d'être devin pour savoir que sa belle gueule sourit fièrement. Je reste silencieuse, mais il ne semble pas vouloir en faire de même.

- Salut, Gourmande.

Je l'ignore, tandis que les étudiants prennent place progressivement.

La voix d'Asher perce une nouvelle fois le vacarme.

- Tu viens ce soir ?

Je tourne toute mon attention vers lui en haussant un sourcil, il précise :

- À cette soirée dont tout le monde parle, tu viens ?

Je regarde autour de moi pour mimer mon étonnement :

- Quoi, moi ?

Je me pointe moi-même, il pouffe de rire.

- Toi.

C'est à mon tour de retenir un rire amer.

- Je ne m'y rendrais certainement pas.

Il hausse les sourcils.

- Pourquoi pas ?

Je soupire.

- D'autre questions stupides ?

Il laisse tomber, m'accordant un bref délai de répit, avant qu'il ne m'interroge encore :

- Qu'est-ce que tu avais hier ?

Comprenant immédiatement qu'il cherche à comprendre ce qu'il m'est arrivé lorsque j'ai croisé Bryan, je reste muette. Mes soucis ne le concernent pas.

Voyant que je ne lui donne aucune réponse, il conclut :

- Ça, ça veut dire : "va te faire voir".

Je me retourne activement vers lui.

- Si tu sais ce que ça veut dire, Asher, ferme là.

Son regard bleu reste rivé sur mes lèvres.

- J'avais omis que tu connaissais mon prénom.

Je fais tourner mon stylo entre mes doigts.

- Mais je ne connais toujours pas le tien.

Je lui adresse un regard en biais, lui faisant instantanément comprendre que je ne suis toujours pas déterminé à le lui dire.

Un étudiant blond fait son entrée juste avant le professeur et vient s'installer un rang devant nous. Il se retourne vers nous, un sourire en coins, puis il heurte son poing contre celui d'Asher.

Je ne sais diable pas de quoi ils parlent, puisque je suis concentrée à ne pas éclater de rire en voyant le prof rougir de colère lorsqu'il comprend qu'il n'est pas près d'entamer son cours. J'attends qu'il les sermonne, impatiente.

- Je ne dérange pas ?

Une grande partie des étudiants retiennent leur rire.

Asher me fusille du regard, je lui offre un sourire sournois.

Le grand blond à la casquette se racle la gorge avant de répondre nonchalamment :

- En fait, si.

Je hausse un sourcil et le fixe.

Le professeur aborde un air satisfait quand il réplique :

- Bien, alors dans l'intention de vous déranger davantage, madame Lorms sera ravie de vous recevoir dans sa salle pour deux heures.

Il va pour répliquer, mais se ravise en se renfonçant sur sa chaise. Quant à Asher, il écoute à peine ce qu'il se passe.

Il est vite rappelé à l'ordre :

- M. Downs, vous n'êtes pas épargné, vous l'accompagnerez.

L'intéressé se retient de jurer. Qui est donc cette prof qu'ils semblent tous les deux redouter ?

Le blond n'a pas l'air plus dérangé que ça, puisqu'il se retourne vers moi, puis adresse quelques messes basses à Asher.

Je décide de les ignorer et tourne mon attention sur ce qui semble être le plus intéressant actuellement, autrement dit ce qu'il se passe en dehors de ce cours. Mon regard vagabonde d'étudiant en étudiant, qui arpente le sentier du campus.

Soudainement, mes notes ainsi qu'un de mes stylos se retrouve éparpillé un peu partout, mes fiches à présent toutes désorganisées. Je me concentre pour ne pas laisser échapper un cri de frustration lorsque je tourne le regard vers le fautif, il affiche un fier sourire, ses yeux bleus sont rieurs.

- Tu te fous de moi ?

Il pouffe de rire et accorde un regard à son acolyte, blond.

Il feint l'innocence, en répliquant :

- De quoi tu parles ?

Je rétorque sèchement :

- Prends-moi pour une idiote...

M. Smith s'arrête une nouvelle fois dans son interminable monologue, pour me fixer. Évidemment, il a fallu que ma réplique lui parvienne.

- Votre nom mademoiselle ?

Je mords ma lèvre inférieure et réponds, peu ravie :

- Reeves...

Il semble agacé d'être interrompu maintes et maintes fois dans son cours. Il répond, mécontent :

- Mlle Reeves, je constate que votre camarade déteint sur vous, n'est-ce pas ?

Je vais pour objecter, mais voyant que je me permets de lui répondre, il lance rapidement :

- Madame Lorms sera ravie d'avoir votre compagnie également.

Il semble pianoter sur son clavier, comme il l'a fait un peu avant pour noter le nom d'Asher et le type à la casquette rouge.

Je prends rapidement conscience que lui et moi allons être dans la même salle pour une durée plus longue que la normale. Le blond devant nous lui accorde un sourire béat.

Je ferme mon ordi, puis m'accroupis ensuite pour pouvoir ramasser mes affaires. En me relevant, je retiens un gémissement de douleur lorsque je me cogne à l'arête de mon bureau. Asher reteint un rire, mais la discrétion ne semble pas faire partie de son vocabulaire.

Je sursaute quand la voix du professeur Smith s'élève, cette fois avec d'autant plus de fermeté.

- Hors de mon cours, immédiatement !

Il nous fixe tous les deux.

Je rassemble mes affaires puis passe devant Asher qui ne tarde pas à me suivre de près.




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