Attire-moi

Chapitre 60

ASHER

Elle roule trop vite. Beaucoup trop vite, bordel. Je commence sérieusement à flipper. Jamais je ne suis allé aussi vite en tant que passager. En tant que conducteur, sans l'ombre d'un doute, mais dans ce cas, j'ai le pied disposé à presser le frein.

Elle est dans un état second. Ses yeux verts débordent de larmes. Si seulement je pouvais mettre un mot sur ce qu'elle ressent. Prendre le volant est pour moi une échappatoire, pourtant, c'est aussi l'un de mes plus féroces démons. Pour Hailey, ça a l'air d'être uniquement un cauchemar qu'elle ne supporte clairement pas.

Depuis quelques minutes, je lui implore de ralentir, sans issue. Bordel, si elle continue à cette allure, on arrivera morts, assurément.

Je frotte mes jointures de nouveau écorchées après avoir frappé le tableau de bord.

Elle est totalement terrorisée, putain, ça me remue le bide.

Je l'implore de nouveau, mais cette fois plus brutalement :

- Hailey, bordel, appuie sur ce putain de frein !

Elle sanglote, avant de mettre un moment à atteindre le frein. Elle stabilise brutalement la voiture sur le côté. Je reste silencieux, comme pour me laisser réaliser que nous sommes bien arrêtés.

Hailey est dévastée. Son regard fixe un point devant elle, les larmes dévalent ses joues sans retenue. Elle tente de s'échapper de ma caisse, mais elle est tellement absente moralement, qu'elle n'y arrive pas.

Je me détache péniblement suite aux coups que m'a donnés mon adversaire quelques minutes auparavant puis sors rejoindre le côté conducteur et ouvrir sa portière. Elle s'écroule quasiment contre moi.

La voir dans cet état me retourne complètement. Ça me fout les jetons.

Je la relève pour la maintenir à l'aide de mon poids beaucoup plus important que le sien. Ses yeux d'un vert intense s'ancrent aux miens.

Aussitôt, alors qu'elle sanglote encore, elle acharne ses petits poings contre mon torse. Les coups qu'elle m'inflige ne sont pas modérés, d'autant plus qu'avec le combat que j'ai mené tout à l'heure, la douleur est un peu plus vive.

Dans une plainte, elle lance :

- C'est ta faute, Ash.

Je ne rétorque rien, en la laissant évacuer tout ce dont elle a besoin d'extérioriser.

Dans ce qui ressemble à un murmure, elle souffle :

- Tu ne dis jamais rien.

Je stoppe ses coups en saisissant ses poignets, elle laisse son front retomber sur mes pectoraux.

- Je suis venue ici en pensant en découvrir plus. Finalement, je repars avec davantage de questions..

Elle relève ses iris dans ma direction. J'ai l'impression de pouvoir y lire toute la souffrance qu'elles contiennent. Putain c'est quoi son super-pouvoir ?

- J'en ai assez Ash.

Je fronce les sourcils, elle poursuit tristement :

- Assez que tu ne me dises rien.

Elle continue :

- Assez que tu t'excuses sans en penser un mot.

Elle énumère encore :

- Assez que tu estimes que je ne suis qu'une simple joueuse d'un jeu instauré entre nous.

Ma mâchoire se contracte, je serre son corps un peu plus contre moi.

Je ne la vois pas simplement comme une joueuse, putain non. Mais, ça, je ne lui dis pas.

Je passe mon pouce sur l'une de ses joues inondées de larme, avant de lui souffler :

- Monte dans la voiture.

On abandonne la course que je souhaitais remporté. Toutefois je compte bien continuer la route.