Chapitre 62

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ASHER

Elle aussi a remarqué l'étoile filante. Elle est immobile, tout près de moi. Quelque chose m'assure qu'en ce moment même, elle est accablée d'un chagrin auquel je ne peux sûrement pas remédier. Muet, j'observe moi aussi le ciel étoilé, mes doigts pressant un peu plus ses hanches.

Son corps à proximité du mien, me fait sérieusement bander.

- Ash ?

Mon surnom prononcé entre ses lèvres m'affecte toujours autant que la première fois.

Comment est-elle capable de me coller un effet pareil ?

Sans que je lui réponde, elle sait que j'attends qu'elle poursuive. Elle reste secrète un instant avant de briser le silence :

- Promets-moi de ne jamais m'abandonner.

Immédiatement, je fronce les sourcils, ayant un mouvement de recul.

Elle se retourne lentement vers moi. En voyant mon air abasourdi, elle se renferme un peu.

- Pourquoi maintenant ?

Elle évite mon regard, trouvant certainement sa requête stupide maintenant qu'elle l'a dite.

- Contente-toi de me répondre.

Je refuse d'un signe de tête, un pli se forme entre ses deux sourcils.

- Je ne veux pas m'engager sur ça.

Hailey ancre ses iris dans les miennes, elle complète :

- Parce que ce n'est qu'un jeu ?

Incapable d'affronter son regard émeraude, je fixe l'eau sombre qui dissimule la moitié de nos corps.

Elle s'écarte, s'apprêtant à me tourner le dos.

- Je ne peux pas te l'assurer parce que je ne sais pas si je vais pouvoir tenir cette promesse, Hailey.

Elle m'observe. Je précise :

- Personne n'est capable de promettre une telle chose.

Son regard se voile de larme. Bordel la voir comme ça me fout vraiment la trouille.

- Jure-le-moi Asher.

C'est comme si elle en avait le besoin irrépressible.

Sur les mêmes positions, je conteste encore :

- Je ne le ferais pas, Ley.

Son visage s'incline vers ses pieds sous l'océan. Je ne suis pas con, je sais qu'elle a besoin de l'entendre. Putain ça me fout hors de moi de la voir dans cet état.

Je renonce :

- Promets-le-moi aussi.

Surprise, elle essuie rapidement l'une de ses joues baignées de larmes, avant de me fixer intensément. Elle hoche la tête, comme pour m'assurer qu'elle tiendra sa promesse.

Elle attend que j'en fasse de même, je concède :

- Je te le promets.

C'est étrange cette sensation de lui devoir quelque chose. J'ai le sentiment de m'engager à travers cette promesse. Toutefois, je suis certain d'être incapable de la tenir à la minute où je lui assure le contraire.

Contrairement à ce que j'aurai pu penser, ses pleurs redoublent d'intensité sans s'apaiser. D'un pas hésitant, je me rapproche de nouveau de son corps tremblant. Je ne résiste pas plus longtemps avant de rejoindre son contact, l'entourant de mes bras. Je n'ai aucune idée de savoir si d'une manière ou d'une autre, cela la réconforte. Néanmoins, une chose est certaine, j'ai le pouvoir de lui servir d'appuis en ce moment même.

Je lui ôte les mains qui couvrent son visage tordu de douleur interne, comme si elle supportait bien plus qu'elle ne le devrait. Instinctif, je resserre un peu plus mes bras autour d'elle. Quelques-unes de ses larmes brûlantes s'échoue sur mon torse, faisant opposition aux gouttelettes fraîches de l'océan.

Inconsciemment, j'ai l'impression de pouvoir me livrer sans retenue, sans aucun jugement. Sans réellement y songer davantage, j'admets, comme pour tenter de lui montrer qu'elle n'est pas seule :

- J'ai connu l'abandon moi aussi.

Ses iris larmoyants concentrent toute leur attention sur les traits de mon visage. Sans doute étonnée que pour la première fois, je m'exprime franchement.

- Ma mère et ma petite sœur sont décédées dans un accident de voiture.

Une larme solitaire trace un sillon sur sa joue rebondie.

Je n'ai besoin de la pitié de personne.

D'une voix enrouée, elle commente :

- La photo...

J'acquiesce avant même qu'elle ne précise :

- Ouais, celle du feu de camps, c'était elles.

Je tente de garder mon sang-froid.

Le temps d'un court instatnt, elle fronce les sourcils.

- Que représente la moitié déchirée ?

Ma mâchoire se contracte instantanément à l'évocation de la seule famille encore présente dans mon quotidien.

- Mon père.

Ma réponse courte et plutôt sèche souligne ma contrariété. Elle ne m'interroge pas plus, pourtant, je poursuis :

- Après l'accident, mon père a démissionné, nous mettant tous les deux dans la merde. On a perdu notre complicité et toute forme de relation père-fils.

Ma gorge se serre, mais putain, j'ai assez enduré pour en chialer encore.

Hailey en vient à conclure :

- Alors c'est ça, les courses, les combats...

J'affirme d'un simple et court signe de tête. Son regard planté dans le mien, je n'arrive pas à la sonder, savoir ce qu'elle pense.

En revanche, quand ses lèvres pulpeuses happent les miennes, j'ai l'impression d'être totalement en cohérence avec elle. Toutefois, je tempère avant que mon désir ne soit trop important :

- Hailey, je ne suis pas sûr de pouvoir m'arrêter...

Ses doigts dans ma nuque, sa poitrine contre mon torse me rendent fou.

Si ça va plus loin, je suis sûr de ne pas pouvoir me maitriser...

Son regard vert intense certifie ce qu'elle s'apprête à me dire :

- Je n'ai aucune envie qu'on arrête Asher.

Elle mordille sa lèvre inférieure. Il ne m'en faut pas plus pour que je fonce saisir ses lèvres de nouveau, pressant son corps contre le mien brûlant d'envie. Elle devine mon érection contre son bas-ventre.

Elle stoppe chacun de ses mouvements durant de courtes secondes avant de reprendre encore plus lascive.

Attire-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant