Chapitre 1

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Assise au fond de l'amphithéâtre, j'observe le monde extérieur par la vitre. Instinctivement, cette place est devenue la mienne. D'ici, je peux interpréter et deviner ce que font les étudiants dehors, je suis devenue plutôt douée pour ce genre de choses.

Comme chaque lundi, mon professeur de Maths commence à s'installer et à ouvrir ses diaporamas, il me laisse entrer.

Je suis souvent en avance le lundi matin. Réussir à dormir ces derniers temps m'est devenu presque impossible.

En plein hiver, je reconnais qu'arriver en cours en avance est plutôt positif. La salle étant chauffée, je ne risque pas de geler sur place.

La sonnerie retentit et rapidement une masse d'étudiants remplie la salle. Je n'y prête pas forcément attention. Les places sont toutes très vite occupées, excepté quelques-unes, en comptant celle à mes côtés.

Le prof prend soin de fermer la porte lorsque plus aucun étudiant n'entre. À peine refermée qu'elle s'ouvre à la volée, faisant sursauter une poignée de jeunes. Cette fois, intriguée par le fracas, je tourne mon attention vers deux types. L'un est blond, casquette rouge négligemment posée sur la tête. L'autre en revanche, est son opposé : ses cheveux brun foncé sont en partie domptés par un bandana noir, quelques mèches rebelles persistent à ne pas suivre le mouvement. Leur seul point commun est leur carrure suffisamment imposante, ainsi que leur expression d'hilarité placardée sur le visage.

Il ne se préoccupe pas une seconde du professeur et scrute simplement l'amphithéâtre, sourire aux lèvres, faisant sûrement grimper l'agacement de M. Smith, au vu de son pied tapant frénétiquement le sol.

Les deux retardataires daignent enfin lui accorder un peu de leur attention, il ne tarde pas à leur faire remarquer sa contrariété :

- Ravi de vous revoir.

Il semble par ailleurs les connaître, étant donné l'ironie fortement présente dans le ton qu'il vient d'employer. En revanche, observatrice que je suis, je ne me souviens pas les avoir déjà croisés. Après tout, l'université profite d'une grande superficie.

Les deux idiots répondent presque à l'unisson :

- Plaisir partagé.

Décidément, j'ai bien l'impression qu'ils entrent tous les trois dans une confrontation débordante de sarcasme.

Le professeur abandonne en soupirant d'exaspération puis leur désigne la salle d'un geste lent, pour leur intimer de débarrasser le sol. Le type blond laisse porter son choix sur la place un peu plus bas devant moi. Le brun aux allures un peu plus rustre, lui, affiche un rictus avant de s'asseoir à mes côtés sans m'accorder un regard.

Ma curiosité me force à observer le moindre de ses faits et gestes, intrigué par son attitude. Dans un geste soudain, il pose vigoureusement son sac, manquant de me faire sursauter. Le professeur ne manque pas sa tentative pour se faire remarquer.

- Auriez-vous l'amabilité de calmer votre brutalité, monsieur Downs ?

Apparemment, cela semble plutôt l'amuser, puisqu'il réplique presque instantanément :

- J'aime être bestial.

Naturellement, ses paroles arrachent quelques gloussements d'étudiantes. M. Smith ignorant de nouveau son insolence.

Je continue de l'évaluer, pendant qu'il semble sortir un stylo et un ensemble de feuilles de son sac.

- Tu comptes me dévorer du regard encore longtemps ?

J'ouvre la bouche prête à répondre, mais je me ravise, en pensant qu'il n'en vaut pas le coup. Je détourne naturellement mon regard, avant qu'il ne rajoute :

- Gourmande...

Spontanément, mon regard pivote de nouveau vers ses iris azur. Remarquant que je ne rétorque rien et que mon observation s'attarde, il fronce ses sourcils épais.

Absorbés par ses prunelles océan, je suis persuadée qu'à tout moment, je peux retrouver les restes de l'épave du Titanic.




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