Il m'interpelle :
- Hailey ?
Je l'observe en épongeant mes sanglots.
- Je ne peux pas.
Je désigne l'espace entre lui et moi.
- Je ne peux pas après...
Il comprend que je fais référence à cette course, mais pas seulement. Il assimile que je traite de cette fille avec qui il a presque couché.
Il expose :
- On en a déjà parlé.
Je secoue la tête.
- Mais je ne le néglige pas.
Je ne lui accorde aucun autre regard, prête à ficher le camp.
- Alors c'est ça que tu fais à chaque fois, prendre la fuite dès que quelque chose te contrarie ?
Je m'immobilise, avant de m'avancer vers lui, plantant mon regard vert dans le sien.
- Et si je ne revenais pas ?
Encore sous les émotions, je n'ai aucune idée de s'il peut me prendre au sérieux. Me concernant, je ne peux pas être plus honnête qu'à présent.
Il énonce :
- Le jeu n'accepte pas l'abandon.
Sans dire un mot de plus, je disparais sous son regard. Sur mon chemin, je croise Camden. En constatant que mes yeux sont certainement gonflés et rougis, il me consulte :
- Hailey ?
Je ne lui réponds pas, il tente de relater en faveur d'Asher :
- Il se comporte comme un enfoiré parfois, mais...
Avant qu'il continue, je l'interromps :
- Il m'a révélé qui il était réellement. Je n'ai plus besoin d'en connaître davantage.
Il ne trouve rien à redire. Il me questionne :
- Tu comptes rentrer comment ?
Je désigne un arrêt à quelques pas.
- Je vais prendre le bus.
Il hoche la tête.
Le dernier bus de la soirée s'arrête au moment où j'arrive, essoufflée, à l'arrêt de bus. Je grimpe à l'intérieur.
Assise, je regarde le paysage défiler à la vitesse du car.
J'étais loin de me douter qu'entamer quelque chose avec Asher inclurait autant de choses.
Coucher - peut-être pas dans le sens propre du terme, mais presque - avec cette étudiante a suffit à remettre tout en question, sur ce que je ressentais, sur notre jeu, nos rapprochements. Tout.
Bien que je ne me sois pas offerte à lui ce soir-là, j'aurais pu, et ça, nous l'avion tous les deux entendus.
Peu importe ce qu'il se serait passé dans cette chambre, aucun de nous n'aurait été vaincu, une de nos règles le précise. Lui-même a déclaré que le jeu progressait bien trop lentement à son gout.
À tout ça s'ajoute cette intrépidité. Cette prise de risque qu'il entreprend tous ces soirs où il saisit le volant, pourrait conduire à sa perte.
Le bus s'arrête à l'arrêt le plus proche de chez moi. Je descends et marche dans ma rue, seulement éclairée par les lampadaires. Je déambule, mon esprit complètement embrumé.
Juste devant chez moi est garée une voiture. La pénombre de ne m'aide pas franchement, toutefois je sais assurément qu'il s'agit du véhicule d'Asher.
Je dépasse sa voiture, pour gravir les quelques marches extérieures. Les mains tremblantes, j'essaie d'insérer la clé dans la serrure.
Sa portière claque dans mon dos.
- Hailey...
Je suis bien trop nerveuse pour viser correctement cette fichue serrure.
Je devine qu'Asher est tout proche. Dans mon dos, il ne dit, ni ne fait rien.
Sur les nerfs, je perds progressivement patience. Sa main brûlante enveloppe la mienne.
Une fine pluie commence à tomber. Je reprends une courte respiration.
- Laisse-moi faire.
Je refuse, en le regardant hargneusement.
- Rentre chez toi, Asher.
Son regard alterne entre mes iris et mes lèvres. Brusquement, il écrase sa bouche contre la mienne, je le repousse immédiatement.
- Fous le camp.
J'essuie une larme solitaire en murmurant :
- Foutues larmes.
C'est un trop plein ce soir, je suis furieuse, apeuré, confuse et accablée.
Terne, il m'ordonne :
- Alors arrête de chialer.
Consternée, je l'observe :
- Tu crois que je le contrôle ? Tu imagines que je peux arrêter sur commende ?
Sur le même ton, il affirme :
- C'est uniquement une faiblesse.
Agacée, je rétorque :
- C'est quoi ton problème, tu viens jusqu'ici pour en rajouter ?
Il fronce les sourcils, presque acerbe.
- Tu veux que j'en rajoute réellement ?
Amère, je le laisse poursuivre :
- Cette nana avec qui tu m'as surpris hier soir...
Je reste stoïque, il surenchérit, malsain :
- Je me suis aventuré bien plus loin que je te l'ai assuré ce matin. Je l'ai baisé, c'était bien plus fiévreux, plus intense qu'avec toi, Hailey...
Je pète un plomb. Entre sanglot et colère, je le repousse comme si sa proximité me consumait dangereusement. Je l'observe, dégoutée de ce qu'il est présentement. Avant de le laisser sur le seuil de chez moi, une amertume violente s'empare de mon être, ma main s'abat sur sa joue. Son visage pivote sous la puissance de mon geste.
Il glisse progressivement ses yeux de nouveau vers les miens. Sans supporter plus longtemps son regard méprisable, je déverrouille ma porte sans encombre cette fois, avant de la lui calquer au nez.
Je monte l'escalier en vitesse, avant de m'effondrer sur mon matelas et étouffer un cri de frustration que je ne peux plus me retenir d'expulser. S'ensuivent des larmes.
Pardonne-moi Mya, je n'ai pas respecté notre devise, j'ai bien plus pleuré pour lui que tu ne me l'aurais permis si tu étais encore là. Pardonne-moi.
Parce que ce soir j'ai pris conscience que je me suis enchaîné au plus impulsif et robuste des joueurs. Parce que ce soir je constate une nouvelle fois que le cours d'une vie peut être périlleuse, douloureuse et imprévue, je pleure. Je répands tous ces sanglots que j'ai retenus jusqu'ici.
![](https://img.wattpad.com/cover/193247551-288-k326362.jpg)
VOUS LISEZ
Attire-moi
RomanceTOME 1 Et si le désir n'était en fait rythmé que par de simples règles d'un jeu dangereux... Il n'y a qu'une seule règle essentielle. Le premier attiré vers l'autre a perdu. Mais qu'en est-il lorsque deux individus pourvus d'un fort caractère sont...