Chapitre 18

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Musique : One Last Breathe - Creed

Aucun bruit, silence complet dans la voiture. Il y a uniquement le bruit réduit de la radio en fond.

Léo, tente alors de lancer une conversation pour briser le silence assourdissant.

— Alors, tu as décidé de passer une soirée avec nous ?

Puisqu'il est devant, il est obligé de se tourner dans ma direction, son sourire n'a pas changé, c'est clair. Pour toute réponse, je hoche la tête, pas très à l'aise.

Puis, c'est un nouveau silence qui s'installe. À côté de moi, Lou s'agite légèrement et sort son cellulaire de son petit sac à main. Elle le déverrouille, je reste fixé sur son écran qui affiche la même photo qu'elle avait mise quelque mois auparavant. Nous sommes tous les quatre photographiés à la différence que Mya est, elle aussi, dessus.

Mon téléphone était rempli de ce genre de clichés. Ce n'est plus le cas, je les ai soit supprimés, soit stocker. Les voir au quotidien m'abîmait un peu plus à chaque fois.

La voiture se stationne sur le trottoir qui borde la seule maison du quartier, illuminée. La demeure est étonnamment grande, le jardin qui l'entoure l'est tout autant. Nous franchissons tous les quatre le petit portail forgé avant de traverser le jardin jonché de déchet en tout genre, mais également de personnes quelque peu alcoolisées. Ce genre d'ambiance ne m'avait pas franchement manqué.

Quelques étudiants croisent mon regard, dont quelques-unes de mes connaissance s'arrêtent quelques secondes, comme pour se rendre véritablement compte que, oui, Hailey Reeves se rend à une soirée étudiante, suite à cinq mois d'absence.

Les regard se font presque insistants. Je suis emprunt à faire demi-tour, cependant, la main de Bryan se place habilement dans le creux de mes reins comme pour me redonner un peu d'assurance pour les affrontés.

* * *

Le temps passe, et j'ai l'impression de compter les minutes depuis que je suis assise sur cette banquette, observant Lou danser et Bryan et Léo en train de discuter avec un groupe d'étudiants. J'ai poliment refusé chaque invitation sur la piste de danse ou à une quelconque intégration à un groupe. Je préfère pour le moment me familiariser de nouveau à cette ambiance, quitte à y passer un peu de temps.

La majorité des étudiants se trouvent sur la piste, en train de se déhancher au rythme des basses qui emplissent progressivement la maison. Les autres sont soit dans un coin de la maison en train de jouer à toutes sortes de jeux d'alcools, ou dans la pelouse en train de vomir leurs entrailles. Divin...

Divers slows débutent, réjouissant certains couples qui savourent intégralement cet instant.

Alors que mon regard navigue entre tous ces corps, mon regard s'arrête sur une chevelure qui passe l'encadrement de la porte.

Prévisible...

Asher vient de franchir le pas de la porte, il scrute promptement l'endroit, son regard croise succinctement le mien.

Il remet ses cheveux en place, toujours retenu par son fidèle bandana. Je ne suis pas surprise lorsque ses pas le conduisent dans ma direction.

Il prend place à côté de moi, tandis que Bryan me jette un œil bienveillant. Quand il remarque qu'Asher n'entreprend rien d'inconvenant, il me fait un clin d'œil.

Une musique vibre lentement, c'est une musique que j'ai tendance à écouter seule, mais que j'aime tout particulièrement. Je souris légèrement lorsque je remarque un couple qui se balance d'un côté à l'autre sur le rythme doucereux de la chanson.

Asher s'agite soudainement et se lève pour me présenter sa main.

Vraiment ?

Je hausse un sourcil dans sa direction, avant qu'il m'imite.

En soupirant, je saisis sa paume. Il me guide au centre de tous ces étudiants. Rien ne peut se retourner contre moi, je m'accorde un simple slow en compagnie de celui avec qui j'ai convenu un jeu risqué.

Tourné de cette manière, j'admets que ça paraît complètement hasardeux.

Je compte pour autant, ne pas exposer mon ressort de piètre danseuse. Alors lorsqu'il entame les premiers pas, —contre toute attente, plutôt bien maitrisés— il ne tarde pas à deviner mon incompétence à virevolter comme une princesses Disney.

— T'es plutôt nulle.

Je plisse les yeux et ancre mes iris offensifs dans les siens.

— T'aurais pu éviter de me le faire remarquer.

Il rajoute :

— Mais je peux t'apprendre.

Je fronce moqueusement les sourcils, il m'indique :

— Laisse-toi guider.

Il descend ses mains le long de mon dos pour exercer ensuite une délicate pression, comme pour me rapprocher un peu plus de son corps. Un frisson me parcourt intégralement.

Il me dévisage en arborant son perpétuel sourire en coin.

— Détends-toi, Gourmande.

Nos deux visages sont proches, son souffle s'écrase sur mes pommettes. Mon esprit vagabonde totalement, j'ai l'impression de ne plus être maîtresse de moi-même. Je reprends cependant une courte inspiration et glisse mes doigts entre quelques-unes de ses mèches brunes pour les tirer rigoureusement. Ses sourcils se froncent, tandis qu'il s'éloigne instinctivement pour m'observer plus nettement.

— Je t'ai demandé d'arrêter avec ce stupide surnom.

Son rictus s'accentue.

— Je trouve ça sexy...

Une tierce musique débute, puis plusieurs autres ensuite, sans que l'on quitte la piste. Avec le temps, je me suis adapté à chacun de ses pas, et je ne fais maintenant plus attention aux détails. Je me laisse aisément porter par la tonalité et ses mouvements. Mes paupières se sont closes depuis un moment, lorsque je les rouvre, je constate que son regard azur m'examine.

Depuis combien de temps m'observe-t-il comme ça ?

Je m'approche de son oreille, pour y murmurer :

— Tu devrais être prudent, je pourrais user de mon charme... Gourmand.

Je suis secoué par son torse lorsqu'il rit.

— Petit un, il n'y a que moi qui ai l'utilité de ce surnom.

Ses mains exercent une exquise pression, un peu plus ferme.

— Petit deux, je ne serais pas vaincu, mais vainqueur.

Je le questionne lorsque je vois qu'il marque une pause :

— Petit trois ?

Il sourit.

— Il n'y en a pas encore. Ça ne saurait tarder.

Attire-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant