Attire-moi

Chapitre 52

La nuit devient horriblement longue, impossible de fermer l'œil sans que je fasse une superposition de cet accident avec celui de Mya.

Mes pleurs ont cessé, j'ai pris sur moi. J'ai réussi à les dompter.

Je décide de descendre dans le séjour, et m'installer sur le sofa. Une douleur comprime ma poitrine, quand rien que cela m'évoque un souvenir. Le jour où Asher s'est assis juste là, pour me solliciter des soins, ou bien aussi cette nuit où nous avons dormi l'un près de l'autre sur ce canapé.

Les larmes aux yeux, je m'interdis qu'un simple souvenir réduise mes efforts à néant.

Ce n'est qu'un jeu, comment en suis-je arrivé là ?

La porte d'entrée émet un bruit lorsqu'une clé sincère dans la serrure. J'aurais dû deviner que ma mère allait renter d'un moment à un autre.

En remarquant que je suis assise, elle fronce les sourcils après avoir manqué de sursauter.

- Hailey, tu n'es pas encore couchée ?

Elle s'approche prudemment de moi. Elle constate très vite que quelque chose cloche quand je renifle comme une enfant en peine.

Après tout, je peux me laisser aller avec à ma mère, et c'est à cet instant que je craque, encore.

- Ma puce, que t'arrive-t-il ?

C'est vrai Hailey, que t'arrive-t-il ?

J'essaie encore une fois de m'exprimer, en vain. Immédiatement, elle discerne mon désarroi en m'entourant de ses bras maternels, réconfortants.

Je veux seulement que tout s'arrête, que l'on me tire vers le haut pour que je puisse échapper à cette sensation déchirante. Alors, je m'effondre sur l'épaule de ma mère.

- Tu veux en parler ?

Je secoue la tête. Je n'y arriverais pas, même si je le souhaiterais. Elle dégage les cheveux de mon visage en me révélant :

- Je t'ai vu bien plus forte que ça ma puce, que se passe-t-il ?

Elle essaie de deviner par elle-même :

- Est-ce que c'est à cause de tes amis ?

Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle poursuit :

- Parce que s'il s'agit de ça, je suis certaine que ça va s'arranger.

Je secoue une nouvelle fois la tête, elle en déduit directement :

- C'est à cause d'un garçon ?

Surprise, je m'écarte doucement de son étreinte. Elle m'explique sagement :

- Avant d'être une mère, j'ai été une jeune femme, Hailey.

Je la considère, avant qu'elle poursuive :

- Si ce garçon te fait mal, d'une manière ou d'une autre, c'est qu'il ne te mérite pas. Il doit avant tout te rendre épanouie et combler ce qu'il se trouve juste là.

Elle pose son index contre la paroi qui protège mon cœur.

Si seulement il ne s'agissait que de ça. Si seulement il ne s'agissait que d'une histoire de sentiments. Maman passe ses pouces sur mes joues pour effacer mes tourments.

- Impressionne-le, montre-lui que tu es apte à franchir ce chemin de guérison, seule. Que tu vaux mieux que lui.

J'arrive à articuler.

- Ce n'est pas si simple, maman.

Ses yeux tendres me sondent. Je relance :

- J'ai la sensation que je m'attache pour finir détruite l'instant d'après.

De sa voix réconfortante, ma mère m'explique.

- C'est le cours de toute une vie, Hailey. Les personnes restent, ou elles empruntent un tout autre chemin.

Elle marque une pause puis reprend :

- Celles qui restent à tes côtés sont celles pour qui tu es toute aussi importante.

Elle argumente :

- Mya n'est plus là aujourd'hui. Toutefois, je suis convaincue que Lou fait son possible pour que tu te sentes en confiance avec elle, tout comme tu l'étais avec Mya.

Ses iris ancrés dans les miens, elle conclut :

- Il faut juste que tu lui donnes l'occasion de te le montrer.

Elle me prend dans ses bras de longues minutes avant d'aller rejoindre sa chambre, pour la nuit. Je reste un moment seule et silencieuse, avant de saisir mon téléphone et essayer d'appeler Lou. Il est encore possible qu'elle soit debout malgré l'heure tardive. Elle décroche après la deuxième sonnerie.

J'ai besoin de lui expliquer, de me confier, de dépeindre ce qui me comprime la poitrine. Je lui retrace ce que j'ai appris ce soir, même si Nick me l'a défendu. Parce que j'ai la nette impression, que je peux lui accorder une confiance aveugle.