Chapitre 34

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C'est une journée de cours de plus qui vient de s'achever, et durant cette journée, il n'y a eu aucun signe d'Asher. Ni de son acolyte blond. J'ai arrêté de me soucier de sa présence suite aux recommandations de Lou. Sur le chemin du retour, j'envisage la douche brûlante qui m'attend dès que j'aurais franchis le pas de la porte.

Je ne fais pas de détours par la salle de sport aujourd'hui. Je n'en ai pas le courage, le sport, c'est mon défouloir et avant tout un plaisir lorsque je m'y rends. Je n'ai aucune envie que ça devienne une routine. Nick le comprend totalement, tout comme Karl.

Le nez dans mon manteau, j'expire en formant un nuage blanc avec le froid. Au loin, j'aperçois une silhouette qui jonche les premières marches de devant chez moi. Je presse le pas pour arriver à sa hauteur, vigilante.

Je reconnais sans aucun doute la carrure assise, mains croisées sur les genoux, tête baissée vers le sol et capuche rabattue sur le crâne.

- Asher ?

Il ne répond rien, ni ne relève son visage pour me faire face.

- Ash ?

Je m'accroupis, soucieuse. Je constate qu'il n'est pas uniquement recroquevillé sur lui-même, mais également crispé.

- Tu me fais quoi là ?

Il daigne relever son visage progressivement. Je ne retiens pas le hoquet de surprise qui s'échappe de mes lèvres lorsque je rencontre ses yeux bleus.

Prudente, j'amène délicatement mes doigts sur son visage tuméfié, mais il m'en empêche en interceptant mon geste.

- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé, bon sang ?

Complètement assommé, il répond vaguement :

- Rien qui ne te regarde.

Son ton reste tout de même sec.

Il est évident qu'il s'est confronté à plus fort que lui à en juger l'ampleur de ses plaies.

- Tu te trouves sur les marches devant mon entrée. Alors, oui ça me concerne.

Il reste silencieux, même totalement fermé à la discussion. Toutefois, je ne peux pas le laisser dans un état pareil, avec cette température qui frôle le négatif.

Je le contourne pour pouvoir déverrouiller ma porte, avant de revenir vers lui et l'aider comme je peux, à se relever.

Je l'amène jusqu'au sofa où je le laisse retomber le plus légèrement possible en le laissant seul un court instant pour attraper la trousse de secours que je n'avais pas déballée depuis un bon moment.

Je prépare tout ce dont j'ai besoin sur la table basse. Compresses, désinfectant, coton, sparadrap, bandage, pansements, tout y est. Lorsque Asher remarque tout cet arsenal, il affiche un petit rictus, bien qu'il soit discret.

- Ça ne me fait pas rire Asher.

Aussitôt, ses yeux se voilent et son semblant de sourire s'efface. Je commence à imbiber un coton du spray désinfectant. Il est indéniable qu'Asher a un sérieux problème avec son impulsivité. Ce n'est pas la première fois que son visage est abîmé de la sorte. Que ce soit lors de ce combat surveillé lors d'une de mes séances à la salle, ou bien contre ce type insistant en soirée, les altercations, c'est son truc.

- Je crois que le coton est assez imprégné.

Sa remarque me sort de mes pensées. Sans le prévenir au préalable, j'applique le morceau de compresse contre sa lèvre lésée.

- Putain.

Son juron m'arrache un sourire en coin. Stupéfait, il me fusille du regard, immédiatement, je perds mon air satisfait pour afficher la même expression menaçante.

- Ne me regarde pas comme ça.

Sa mâchoire se contracte avant de tressauter nerveusement.

Je passe désormais à la contusion qui abîme son arcade sourcilière.

Mon indélicatesse me pousse à en savoir davantage.

- Tu ne t'es pas fait ça tout seul, pas vrai ?

Pour toute réponse, il plante ses iris dans les miennes, m'affirmant que j'ai raison.

- Et tu ne m'en diras pas davantage, pas vrai ?

Stoïque, il répond sèchement :

- Il me semble t'avoir dit que non.

J'interromps mes gestes, avant d'afficher un air probant.

- Je ne suis pas l'une des nanas chez qui tu peux te pointer suite à tes excès impulsifs.

Il me fixe, muet.

- Tu réserves ce genre de manigance à d'autres.

Je continue de désinfecter le reste de ses plaies, un peu plus crûment.

- Je le fais seul d'habitude.

Surprise par son aveu, je l'interroge.

- Pourquoi pas cette fois ?

Il hausse les épaules, je sais que je n'aurais aucune autre précision. Je me concentre sur les dernières plaies à soigner, tandis que son regard azur alterne entre mes iris et mes lèvres.

Attire-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant