Chapitre 61

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- Monte dans la voiture.

Je l'observe, sourcils froncés.

- Ta seule requête après ce que je viens d'avouer, c'est de me faire monter dans ta bagnole ? Tu te fous de moi ?

Sa mâchoire tressaute.

- Pour une fois, fais ce qu'on te demande, Hailey.

Je maintiens son regard. Plus autoritaire, il me réclame de nouveau :

- Monte.

Ses iris bleus me font obtempérer, ma curiosité l'emportant.

Hésitante, je m'avance côté conducteur. Seulement, reprendre le volant me terrorise.

- Je prends le volant.

Surprise, je me tourne vers Asher, prête à contester. Seulement, il me devance :

- Je gère.

Soucieuse, je n'insiste pas pour autant. De toute façon, ce sera bien plus prudent s'il s'en charge.

Je grimpe dans la voiture. De son côté, il s'installe en grimaçant de douleur. Finalement, il parvient à démarrer et à rouler tranquillement. Il reste calme, sans dire un mot. Il a simplement allumé la radio qui laisse échapper une musique de fond.

Je regarde le paysage défiler par la vitre, entraînée dans mes pensées et souvenirs douloureux.

Rapidement, Asher se stationne sur le bas-côté de la route, des barrières en bois bordant l'herbe.

Il fait sombre par cette nuit déjà bien entamée. Pourtant, le clair de lune me laisse apercevoir l'océan un peu plus loin, lorsque je sors de l'habitacle. Étonnée, je me laisse guider dans ses pas qui s'avancent dans le sable.

- Asher, qu'est-ce qu'on fait ici ?

Je ne suis pas vraiment d'humeur à passer un moment seule avec lui.

Il lance stupidement :

- J'ai envie de me baigner.

Je fronce les sourcils, en précisant :

- L'eau est glacée.

Il hausse les épaules tandis que nous nous engageons entièrement dans le sable cette fois. Je m'arrête pour retirer mes converses. Il s'arrête à son tour, à quelques mètres de l'eau. Il retrousse son teeshirt et l'ôte péniblement en prenant conscience que les coups qu'il a prit ne sont pas encore guérit.

D'une démarche assurée, il s'avance en direction des écumes. Seul le bruit des vagues s'écrasant sur le sable brise le paisible silence. Il ôte aussi son pantalon qu'il laisse sur son passage, en prenant soin de dénouer son bandana afin de le glisser dans une des poches de son jean échoué sur le sol.

- Qu'est-ce que je fais ici exactement, Ash ?

Il se retourne à moitié vers moi, impassible.

- Tu fais ce que tu veux.

Je jette un coup d'œil autour de nous. Personne ne s'y trouve. Ce n'est pas étonnant, si l'on considère l'heure qu'il est.

Asher immerge ses chevilles dans l'eau salée qui gagne petit à petit la plage. L'éclairage lunaire laisse apparaitre chacun des muscles de son dos. L'ombre et la lumière se juxtaposant parfaitement. Il avance encore, progressivement, quelques vagues l'éclaboussent. C'est une contradiction à lui-même : extrêmement emmerdant, mais terriblement fascinant.

Un élan d'audace m'oblige à baisser mon jean à mon tour, ainsi que mon pull en laine. Un courant d'air effleure ma peau, je frissonne. Je me trouve rapidement en sous-vêtement, face à cet océan vaste.

Mes orteils entrent en contact à même l'eau gelée. Je réprime un gémissement. Asher a déjà la moitié de son corps sous l'eau, il se retourne lentement. Son regard balaie ma silhouette dans son entièreté. Il revient sur ses pas.

La pulpe de son pouce effleure ma pommette, ses yeux relatant un désir que je suis incapable de décrire. Ses doigts se saisissent de mes cheveux pour tous les rabattre sur mon épaule droite. Adroitement, il glisse sa main sur la naissance de mon épaule, puis sur mon bras avant de fondre ses doigts entre les miens.

Il m'achemine progressivement parmi les petites vagues. L'eau m'immerge presque entièrement, laissant apparaître uniquement la naissance de ma poitrine. Asher lâche ma main, plongeant intégralement sous l'eau. Je fais de même, c'est un calme assourdissant qui m'engloutis instantanément.

Je remonte à la surface pour reprendre mon souffle. Lorsque mes paupières s'ouvrent de nouveau, je constate qu'Asher m'observe fixement. Il replace ses mèches brunes, indomptables en arrière, dégageant son visage, le rendant encore plus captivant.

Il s'approche lentement, néanmoins, je lui tourne le dos avant même que nos chairs entrent en contact, le regard dressé vers le ciel étoilé. J'en oublierais quasiment la fraicheur de l'eau.

Asher ne semble toutefois pas satisfait de l'espace établi entre nos deux corps. Sa chaleur corporelle me rejoint sans plus attendre, quand il place ses deux paumes sur mes hanches, et que son nez caresse mon cou. Il m'arrache un frisson, mais cette fois, ce n'est pas à cause de la température.

Son caractère contradictoire me fait perdre la tête. Complètement.

Soudainement, une étoile filante traverse le ciel, et c'est une de mes larmes qui l'accompagne dans sa brève trajectoire.

Attire-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant