Chapitre 35

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Je reste immobile face à son regard perçant, mes gestes se sont stoppés, ne soignant plus aucune de ses plaies.

J'essaie de lancer un sujet avant que ça ne dévie véritablement :

- Pourquoi tu n'étais pas en cours ?

Il évite mon regard interrogateur.

- Question futile.

Je fais le lien entre ses blessures et son absence aujourd'hui.

- C'est pour ça...

Je désigne son visage du menton.

Son regard bondit vers moi, comme s'il s'apprêtait à me répondre. Pour autant il ne me le confirme pas de vive voix.

- Je prends ça pour un oui.

Je reprends mes esprits en continuant de désinfecter ses égratignures.

Je referme la boite avec tout son contenu lorsque j'en ai terminé avec lui.

Asher tente de se relever avec difficulté, je l'observe, inquiète de son état. Il vacille un peu, alors je prends garde à ce qu'il ne chute pas.

Néanmoins, quand je descends mon regard sur son abdomen pour l'évaluer, je constate une tache brune qui s'étend sur son t-shirt noir.

Asher remarque mon regard affolé, tandis que je le fais asseoir.

- Tu ne pouvais pas me le dire ?

Il ne semble même pas s'en rendre compte lui-même. Je retrousse le bas de son t-shirt.

- Tu ne sens rien ?

Il hausse les épaules, en affichant un rictus fatigué.

- Enlève-moi ce putain de sourire Asher, ça ne m'amuse pas.

Malgré la douleur qui ne semble pas le déranger tant que ça, il rétorque :

- Tu es en train de me déshabiller...

Je lève les yeux au ciel, en passant outre son sarcasme.

J'évalue l'ampleur de sa lésion. Elle est suffisamment grande pour recouvrir une moitié de son bas-ventre. Ça ne semble pas bien profond, mais l'entaille risque de s'infecter s'il ne met rien dessus.

Dans cette posture, accéder à son abdomen semble complexe. Je lui indique en rouvrant de nouveau la trousse de secours :

- Il faudrait que tu t'allonges.

Il affiche un air mesquin.

- À vos ordres...

J'aimerais comprendre ce qu'il lui est arrivé, bien que je sois désormais certaine qu'il ne s'est pas fait ça tout seul.

Il s'étend sur le sofa de manière à ce que j'atteigne plus facilement la zone à soigner.

J'imbibe une nouvelle compresse, puis soulève grossièrement son haut. Immédiatement, mes yeux détaillent ses abdominaux parfaitement sculptés.

- Arrête de saliver...

Je le fusille du regard.

- La ferme.

J'applique habilement la compresse contre sa plaie, lui arrachant une faible grimace.

Je hausse un sourcil, moqueuse.

Il le remarque, en me lançant entre deux injures :

- J'aimerais bien t'y voir.

Quand j'ai terminé, il rabaisse son t-shirt.

- Merci.

J'ancre mes iris aux siens, avant de sourire en coin.

Je rejoins la salle de bain pour ranger la trousse de secours puis retourne dans le salon. Il s'est relevé.

- Je vais y aller.

Il désigne la porte d'entrée.

Les mains dans les poches arrière de mon jean, j'affirme d'un signe de tête.

- Tu es venu en voiture ?

Il se gratte la nuque.

- Je l'ai laissé à quelques pas. Je suis venu à pied, j'étais incapable de prendre le volant.

Je plisse les yeux.

- Parce que tu l'es maintenant ?

Je glisse mon regard jusqu'à son abdomen et son arcade bien amochée.

Il affiche un air douteux.

Je souffle :

- C'est pas vrai...

Perplexe, il fronce les sourcils. Je précise :

- Tu peux dormir ici...

Il est évident qu'il ne peut pas prendre le volant et encore moins marcher jusqu'à sa voiture. Je ne peux pas le laisser seul dehors par un tel froid.

Comme s'il était soudainement contrarié par mon ton lasse, il se braque aussitôt.

- Pas la peine.

Je fronce les sourcils, en comprenant qu'il est offensé.

En quelques enjambées, il rejoint le pas de la porte.

- Tu comptes aller où ?

Il semble pianoter sur son téléphone, avant de le ranger dans sa poche.

- J'ai dit à Camden de passer. J'ai l'air de faire chier.

Camden ?

- Je n'ai pas dit ça.

Furieusement, il plante ses yeux bleus dans les miens.

- C'est tout comme.

Je m'apprête à contester quand il me devance :

- Rentre chez toi et fous-moi la paix.

J'expulse ma frustration dans un soupir. C'est une réaction disproportionnée.

- Ash, tu pars au quart de tour pour un rien...

Sa mâchoire tressaute, et dans un calme déconcertant, il achève :

- Pour toi, c'est Asher.

Je me mords coupablement la lèvre, avant que ce renommé Camden arrive avec son cabriolet rouge.

Il se stationne avant d'ouvrir la fenêtre côté passager. Je le reconnais sur-le-champ. C'est le blond qui est sans arrêt avec Asher. C'est rare de ne pas les voir ensemble sur le campus.

Il s'adresse à moi :

- Tu es ?

Sa voix est rauque, presque comparable à celle d'Asher.

Avant que je puisse lui répondre, Asher anticipe en montant à bord du véhicule :

- Démarre.

Septique, Camden le remet à sa place :

- Elle allait me dire son prénom.

Asher regarde fixement devant lui. Je m'adresse à Camden :

- Hailey.

Il hoche la tête avant de dévier son regard vers Ash, qui m'adresse un bref regard en biais.

Camden me salue brièvement, avant de repartir et de disparaître de mon champ de vision.

Attire-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant