Je conduis Camden jusque chez lui. Avec toutes les familles chez qui il a créché, c'est devenu compliqué de retenir chacune des routes.
- C'est là.
Son ton est légèrement froid depuis qu'il a grimpé dans ma bagnole. Je sais ce qu'il attend de moi désormais. Seulement, comment je peux m'excuser envers elle, après lui avoir dit toutes ces choses ?
- Elle m'en veut...
Camden me fusille du regard.
- C'est une question ou une affirmation ?
Sans véritablement attendre une réponse de ma part, Cam poursuit :
- Si c'est une question, tu n'as même pas le droit de te la poser, c'est évident, elle t'en veut.
J'avale difficilement ma salive, le regard rivé sur le par brise.
- Si c'est une affirmation, alors c'est bien, tu l'as compris, elle t'en veut.
Peu importe, la finalité est la même.
- Écoute Cam, je suis désolé.
Il est pris d'un rire nerveux.
- Ce n'est pas à moi que tu dois présenter tes excuses. Même si putain, ça me fait chier que tu es tout foutu en l'air, alors qu'elle commençait à devenir une amie. Il a fallu que tu viennes foutre ta merde envers une fille que tu ne mérites même pas.
Je conteste :
- T'es dur.
Ses poings se serrent sur ses genoux.
- Non, je suis franc.
Je ne supporte pas plus longtemps de garder en moi ce que je ressens.
- Tu crois que ça me plait de savoir que demain, ce sera devenue comme une inconnue ? De savoir qu'elle est mal, tu crois que ça me plaît ?
Il s'énerve :
- Je me pose réellement la question ouais. Faut être un sacré enfoiré pour savoir qu'elle va mal et ne rien faire.
- Bordel, j'ai cru que tu avais fini par comprendre, que je n'ai pas eu le choix de mettre un terme à tout ça.
Il gronde :
- Fallait peut-être réfléchir avant de la baiser à la belle étoile !
En une phrase, je sais qu'il cherche à me faire entendre que j'ai merdé. Pas besoin de me le ressasser, j'ai pigé.
La main sur la poignée de la portière, il déclare :
- Je me casse.
Il s'extirpe de la voiture, avant de franchir le pas de sa porte d'entrée. Je me retiens d'expulser ma rage sur le volant pour la deuxième fois de la journée.
Durant le trajet jusque chez moi, je tente de me calmer, en vain. Rien à faire, son visage, ses lèvres, ses courbes, son sourire, tout d'elle irradie mon esprit. Je me stationne devant la pelouse qui n'est toujours pas tondue. Les rosiers à ma mère s'étendent sur le grillage, et ne sont pas taillés depuis qu'elle n'est plus là pour le faire.
Je franchis le portillon grinçant. C'est comme le petit vélo rose de Lizzy que je n'ai pas pu me résoudre à donner.
J'ouvre la porte d'entrée. Mon père est avachi sur une chaise autour de la table, où repose un verre de whisky à moitié vide.
- Salut fils.
Je lui accorde un regard, mais ne prend pas la peine de la saluer, de toute manière, il est saoul et n'y prêtera aucune attention.
Je monte à l'étage en me laissant tomber sur le matelas pour fixer le plafond.
Hailey...
Rien que son prénom est devenu une putain de torture à présent.
L'esprit complètement embrumé par son visage qui se floute petit à petit, je m'endors sans plus attendre, un bordel complet dans ma tête.

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Attire-moi
RomansaTOME 1 Et si le désir n'était en fait rythmé que par de simples règles d'un jeu dangereux... Il n'y a qu'une seule règle essentielle. Le premier attiré vers l'autre a perdu. Mais qu'en est-il lorsque deux individus pourvus d'un fort caractère sont...