Chapitre 58

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ASHER


Quand je trottine vers l'endroit où je devrais être depuis cinq bonnes minutes, je constate qu'une troupe s'est déjà attroupée en cercle.

Lorsque j'arrive, les précédents adversaires essaient toujours de se départager, en donnant le dernier coup qui sera fatidique.

Mon inspection habituelle prend fin quand une main imposante frictionne mon épaule. Directement, j'informe Camden :

- Je ne le sens pas ce soir.

Les yeux rivés sur le centre du cercle, il enlève sa main de mon épaule, en m'assurant :

- Tu le remportes à chaque fois ce combat.

Je soupire :

- Je ne parle pas de ça.

Il fronce les sourcils. Je formule :

- Je te parle d'Hailey.

Il s'étonne :

- Tu crois qu'elle viendra ?

Je hausse les épaules, il tente de me remettre les idées en place :

- Concentre-toi sur le combat.

- Ouais.

Quand l'un des deux types finis par être vainqueur, je me place au centre du cercle, en lançant ma veste en cuir à Camden qui la réceptionne.

Un mec costaud me rejoint, un air hardi plaqué au visage.

Lorsque la cloche sonne le début du combat, tout s'enchaine très rapidement. Les coups se perdent un à un. Impossible de garder une entière concentration. Le visage d'Hailey s'impose constamment à mon esprit. Je me concentre uniquement sur le hurlement des parieurs, et du public. Couché à même le goudron, le type m'assène plusieurs coups de poings, sans modération.

Brusquement, j'ai l'impression d'entendre sa voix parmi celles qui ne m'intéressent plus. Je pivote ma tête sur le côté, m'arrachant une grimace de douleur. Son visage se démarque des autres, tout comme sa tenue un peu plus colorée que ces silhouettes toutes vêtues de noir.

Cette nana est dingue.

Elle a l'air complètement affolée, ce qui m'indique que l'état dans lequel je suis ne doit pas être beau à voir. Putain.

Je tente un sourire pour tenter de lui signaler que je suis encore vivant, bien que la douleur soit de plus en plus insupportable.

- Tu vas le lâcher, enfoiré ?

Je retiens un rire.

C'est confirmé, elle est tarée.

Camden la tempère. La lutte prend fin. Inutile de préciser que face à cette carrure imposante et mon esprit rôdant ailleurs depuis le début, je n'ai pas tenu plus de cinq minutes face à lui.

Bien amoché, je reste cloué à terre. Hailey et Camden approchent.

- Je crois que tu ne vas pas pouvoir prendre le volant.

Hailey rétorque ironiquement :

- Ah, tu crois ?

Je ne le contredis pas, néanmoins, il est inconcevable pour moi que je ne roule pas ce soir.

- Je dois faire cette course Cam.

Il souffle en remettant nerveusement ses cheveux blonds en arrière.

- Ouais, je sais.

Hailey affirme :

- Dans l'état dans lequel tu es, tu t'engages indiscutablement vers la mort Asher.

Le ton qu'elle emploie n'est plus le même, malgré son ton sec, sa crainte s'entend sans difficulté.

J'ancre mes iris dans ses yeux verdâtre.

- Je dois le faire.

Sans un mot de plus, Camden m'aide à me redresser. Nous arrivons rapidement jusqu'à ma caisse, soutenu par mon meilleur ami, pour que je puisse a priori, marcher correctement.

Étonné, j'observe Hailey se diriger du côté conducteur. Camden se stoppe sous ma question :

- Qu'est-ce que tu fous ?

Hailey balais mon corps du regard avant de déclarer :

- Tu ne peux pas conduire, alors je vais le faire.

Camden n'ose rien dire.

- Hors de question que tu conduises ma bagnole, Hailey.

Finalement Camden s'offusque :

- C'est du suicide.

Silence complet s'ensuit. Camden continue :

- Tu as ton permis ?

Hailey secoue négativement la tête.

Elle veut conduire ma caisse sans permis, elle est cinglée ?

- C'est mort, tu ne conduis pas, Ley.

Elle bloque sur le surnom qui m'a prestement échappé.

Cam ajoute :

- Il y a des types complètement malades sur le circuit, Hailey.

Elle énumère :

- Il veut faire sa maudite course, mais il ne peut pas prendre le volant, quelle option s'offre à nous ?

Puisqu'aucun de nous n'a de réponse concrète, elle conclut :

- Je conduis.

Camden m'évalue du regard. Il ne peut pas conduire ma caisse, puisque lui-même est enregistré sur la liste des concurrents. Les parieurs ont déjà misés sur lui.

Il termine par m'installer précipitamment sur le siège passager.

- Je vais devoir y aller.

Il nous adresse un regard perplexe.

- Hailey, fait gaffe, si un type te frôle ou te colle à l'arrière, laisse-le circuler, c'est trop risqué autrement. Compris ?

Elle hoche vivement la tête.

Il conclut rapidement :

- Et évitez de vous crêper le chignon.

Il nous adresse un signe.

- À toute.

Je réplique :

- Ouais, si on revient entier...

Hailey m'adresse un regard en biais. J'essaie de m'attacher, en vain. Hailey se précipite en m'aidant, avant de mettre le contact.

- C'est la première fois que tu conduis une caisse ?

Elle secoue la tête.

- Non.

Malgré tout, je ne discerne aucune assurance dans le ton qu'elle vient d'employer.

Attire-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant