Attire-moi

Chapitre 69

Petites foulées par petites foulées, j'arrive rapidement devant l'habituelle porte métallique. Nick me repère immédiatement, il s'avance dans ma direction.

- Eh bien, ça faisait un moment qu'on ne t'avait pas vu ici !

Je lui offre un petit sourire. C'est vrai que suite à son aveu sur les précédents événements, je ne suis plus venue m'entraîner. En revanche, je ne compte pas lui révéler que j'y suis retournée, il m'en voudrait sans aucun doute.

Il me jette un coup d'œil avant de déclarer :

- Ton pote est arrivé quelques minutes avant toi !

Je fronce les sourcils. Il me désigne Asher du menton, qui se déchaîne sur un sac de frappe. Nick m'interroge :

- Ça ne s'est toujours pas arrangé entre vous ?

S'il parle de ma découverte des courses et combats, si. Jusqu'ici, ça l'était. Néanmoins, ça ne semble plus être à l'ordre du jour.

- Non, pas vraiment...

Il précise :

- Quoi qu'il en soit, tu devrais aller lui dire quelques mots, le punchingball à l'air d'en subir sévèrement.

J'évalue Asher d'une œillade en coin. Je laisse Nick poursuivre sa séance de sport, pour me planter à côté d'Asher. Il m'adresse quelques regards en biais, qu'il pense certainement discrets.

- Tu vas continuer de m'ignorer encore longtemps, Ash ?

Aucune réponse, il fait le muet.

- Asher ?

Il stabilise soudainement le sac rempli de sable, avant d'ancrer sévèrement ses iris azur dans les miens.

- Fous le camp, Hailey.

Je ne comprends pas ce soudain changement de comportement entre celui d'hier soir et celui d'aujourd'hui.

- Tu joues de nouveau à repousse moi ?

Impassible, il déclare :

- Je ne joue plus à aucun jeu. J'ai déjà gagné.

De quoi parle-t-il ?

L'incompréhension doit se lire sur les traits de mon visage puisqu'il m'explique, son regard sombre à présent, fuyant le mien pour défaire le bandage autour de ses doigts :

- Je t'ai baisé, tu as aimé, j'ai gagné.

Ces mots acerbes sont comme des coups de poignard dans la poitrine. Ma respiration se coupe.

- Tout ce que tu as dit hier soir, tu n'en pensais pas un mot ?

Il hausse un sourcil, en affirmant :

- Tu n'as même pas besoin de me le demander, tu l'as compris sans même me poser la question.

Je refuse de le croire. Je m'approche de lui, incertaine.

- Si c'est encore l'un de tes principes pour me tenir à l'écart Asher...

Il me coupe brusquement pour m'exposer sa vision :

- C'est la vérité Hailey. Tu t'es abandonné ce soir-là. Même si l'une de nos règles est de prouver que l'un de nous a perdu, inutile de te voiler la face. J'ai gagné lorsque tu t'es offerte tout entière.

Il marque une pause avant de continuer :

- Regarde-toi, c'est pathétique.

Qu'est-ce qu'il lui prend, bon sang ?

Sa voix remplie d'atrocité, ses yeux ternes ne me renvoient rien de bon, son ton grave et sans remords me rabaisse. Ce n'est pas lui... Ce n'est pas Asher.

Il s'incline pour atteindre le creux de mon oreille, dans l'intention de me murmurer quelque chose. Seulement, je l'intercepte en posant ma paume de main contre son torse. Il se redresse, me surplombant de sa taille bien plus imposante que la mienne. Je sens les battements de son palpitant battre à une allure effrénée contre mes doigts.

J'aurais dû être plus attentive, prendre davantage de précaution dès lors que ce jeu a débuté.

- Ne te mets pas à chialer...

Une dernière fois, je plante mes prunelles dans les siennes, dans l'espoir de retrouver le Asher que j'ai pu découvrir hier soir, en vain.

- C'est lamentable.

Sa voix auparavant ensorcelante, m'avertit :

- Tu devrais aller rejoindre Nick, il a l'air de s'inquiéter.

J'adresse un bref signe à Nick qui s'apprête à nous rejoindre en apercevant que ça n'a pas l'air d'être la grande forme.

Asher en rajoute :

- Tu es plus forte que je ne le pensais, Ley...

Je frémis en entendant désormais ce surnom entre ses lèvres, il le remarque et corrige :

- Excuse-moi. Plus besoin de me servir de ce surnom. Le jeu est désormais terminé. C'est un honneur d'avoir été ton rival, Hailey.

Dans un bruit fracassant, la porte de la salle de sport s'ouvre sur Camden. Lorsqu'il arrive à notre hauteur, il comprend immédiatement ce qu'il se passe, il n'attend pas une seconde de plus avant de m'attirer contre lui dans une étreinte apaisante.

Camden m'écarte de son torse.

- Nick t'attends, tu devrais aller le rassurer.

J'affirme d'un signe de tête, sans un regard en arrière.

Comment pouvoir rassurer Nick, si moi-même je n'y arrive même pas ?

C'est donc comme ça que notre jeu s'achève ?