Chapitre 8

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La journée se termine rapidement, mes pensées bien trop occupées pour prêter attention à un seul cours. Sur le chemin du retour, la neige crépite sous mes converses. Musique dans les oreilles, j'observe les étudiants qui tentent de se frayer un chemin jusqu'à la sortie. Ils sont tous agglutinés, se poussant les uns les autres pour pouvoir espérer sortir plus rapidement.

Malencontreusement, je me retrouve au centre d'une assemblée de type qui m'entraîne vers cet attroupement, je me vois à mon tour forcée de me frayer un passage. Qui dit neige, dit moins de transports, donc foule massive.

Je me concentre sur les notes de la musique et soupire d'exaspération lorsque je me fais bousculer à maintes reprises. Je décide de ne pas me laisser faire et passe pour une brute quand j'essaie à mon tour de dégager tous ces corps bien trop à proximité. Soudainement, je me fais bousculer si brutalement, que je heurte un corps bien plus imposant que moi. Je me retourne pour présenter mes excuses, mais ma voix se bloque au moment où je remarque son visage familier.

Bryan...

Ma vue s'embrume immédiatement, pleine de remords. Je me surprends à analyser chacun de ses traits. Ses yeux noisette n'ont pas changé, bien qu'ils n'expriment plus la joie qu'ils renvoyaient avant.

Il entreprend un contact, mais je recule avant qu'il ne puisse le faire. Je crains qu'il me reproche mon absence, qu'il m'en veuille.

Je bouscule à mon tour sans forcément y prêter attention. Je parviens à m'esquiver et à respirer convenablement après m'être débattu un moment. Mes sanglots redoublent d'intensité, je déteste être dans cet état de vulnérabilité.

Je fais l'erreur de m'arrêter quelques secondes, attirant les regards des plus curieux. Je reprends ma marche et reconnais parfaitement ses iris bleus un peu plus loin. Je rabats ma capuche, en espérant qu'il ne m'est pas vue. Seulement lorsqu'il s'approche de moi, je comprends que c'est trop tard.

Je marche plus rapidement, toutefois, il me rattrape sans difficulté. Je m'arrête alors, sachant que je ne peux plus le distancer. Je ne relève pas mon regard dans sa direction pour autant, sollicitant n'importe quel autre divertissement du regard.

Ses yeux sont bien trop tentants, je dévie malgré moi vers ses prunelles azur.

Cette fois, il ne me taquine pas, ni ne tente un rapprochement, il m'analyse simplement, sourcils froncés. Peut-être intrigué. Il attrape mon poignet, certainement dans l'intention de dire ou faire quelque chose, je le devance :

- Pas maintenant, Asher.

J'essuie encore une larme de ma main libre, il finit par me lâcher l'autre, en hochant la tête.

Il semble chercher à comprendre ce qui me met dans cet état.

Je saisis l'occasion de ne plus être retenue pour m'enfuir d'ici.

Lorsque je referme la porte de chez moi, je m'adosse contre celle-ci, en soufflant presque de soulagement. Mes larmes se sont taries, pour laisser place à présent à un remords encore plus vif.

Je me surprends à me demander ce qu'aurait dit Bryan s'il avait trouvé l'occasion de pouvoir me parler.

Le voir heureux de loin me suffisait amplement, je me sentais coupable, mais je me persuadais que peu importe ce que je ressentais, l'apercevoir radiant me convenait.

Pourtant, ce moment où je l'ai vu face à moi si soudainement, renforce ma culpabilité. J'ai aperçu ses yeux qui renvoyaient autant de douleur que de compassion.

Que pensait-il lorsque ses iris ont constaté les miennes ?

Est-ce que lui aussi ressent cet affreux sentiment d'abandon, ce tourment oppressant et cette solitude quotidienne qu'a laissé Mya derrière elle ?

Abandon, oui sûrement. Autant laissé par l'amie que j'étais pour lui que Mya étant son premier amour.

Tourment, sans l'ombre d'un doute, oui.

Mais, solitude non. Il a su garder les amis qu'il lui restait très précieusement, comme je n'ai pas été capable de le faire.

Si seulement la capacité de remonter le temps pouvait exister, tout le monde pourrait être un peu plus heureux aujourd'hui. Bouleverser ses choix, perturber le danger, détourner l'avenir peut-être déjà tout tracé.

Si seulement...




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