𝐑𝐞𝐧𝐞𝐠𝐚𝐝𝐞 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́]

Chapitre 41

La jeune Kline avait travaillé toute la nuit et ce, sans même prendre la peine de manger ou même de ne serait-ce que fermer les yeux le temps de quelques secondes. Elle aurait même pu faire sonner les alarmes de son propre bâtiment si elle avait quitté son atelier tant il était une heure bien avancée dans la nuit lorsqu'elle avait pensé regarder le cadran de sa montre pour la première fois.

'Aimée va me tuer si elle sait que je suis restée travailler toute la nuit.' avait pensé la noiraude en troquant ses vêtements du jour d'avant pour de nouveaux qu'elle avait confectionné elle-même plusieurs semaines plus tôt. Ce serait sans doute un comble pour Camilla si une créatrice de mode de son envergure n'avait pas une magnifique tenue sous la main lorsqu'elle en avait besoin.

Le matin venu, ce fut ensuite telle une voleuse dans sa propre entreprise qu'elle quitta son atelier pour prendre la direction de son bureau, essayant de faire de tout petits pour ne pas que le bruit des talons de ses cuissardes contre le sol ne se fasse trop entendre. Camilla tenait à se faire discrète puisqu'il n'était pas courant de voir la patronne arriver sur son lieu de travail avant la grande majorité des employés, elle ne souhaitait donc pour rien au monde que ceux qui avaient fait l'ouverture du bâtiment remarquent sa présence.

À vrai dire, la jeune femme ne désirait pas se faire remarquer car Aimée était si proche des salariés qu'ils lui auraient sans doute parler de l'arrivée très matinale de l'autre directrice de la 'Prime Corporation'. La jeune Williams avait certes une personnalité très positive, elle était joviale et bienveillante, cependant, elle ne pouvait accepter que sa meilleure se tue à la tâche, sachant très bien que c'était ce que cette dernière faisait lorsqu'elle se trouvait dans une mauvaise passe.

Camilla n'était plus qu'à quelques mètres de l'ascenseur qui la menait tous les jours à son bureau, lui permettant de se sentir de plus en plus soulagée puisque personne ne l'avait encore remarqué, quand tout à coup, elle entendit des pas se presser derrière elle.

- Camilla ! Camilla ! s'écria une voix qui était familière à la nommée, la poussant alors cette dernière à se retourner.

- Su-Sua... Ça va ? demanda la jeune Kline en faisant mine d'être parfaitement détendue.

- Eh bien ! Tout va très bien pour moi et toi ? interrogea l'assistante personnelle de la noiraude en esquissant un sourire.

- Je vais très bien ! s'exclama la créatrice de mode en hochant maladroitement la tête de haut en bas.

- Tu es arrivée très tôt aujour-...

- Tu sais quoi ? Je vais t'augmenter ! déclara Camilla avant de taper amicalement sur l'épaule de son employée. Tu fais du super boulot !

- Oh... Euh... Merci beaucoup, dit la jeune étudiante à la fois confuse et heureuse.

- Il n'y a pas de quoi ! lança la jeune Kline avant d'enfin entrer dans l'ascenseur. Je dois y aller maintenant.

- Mais Camilla, il y a quelqu'un dans-...

La jeune femme de vingt ans n'eut même pas le temps de finir sa phrase que sa patronne s'était déjà éclipsée. Camilla était restée quelques courtes secondes dans le spacieux ascenseur avant d'arriver à l'étage où se trouvait son bureau et celui de sa meilleure amie, s'empressant de rejoindre l'espace qui était aménagé selon ses goûts personnels.

- Oh putain... souffla-t-elle en collant son dos contre la porte de son bureau afin de la fermer derrière elle. Aimée va me démolir, je le sens...

La noiraude poussa un soupir en retirant son manteau tout en allant vers sa table de bureau. Elle avait fière allure, la petite robe aux tons violacées qu'elle portait mettant parfaitement ses jolies courbes en valeur, tandis que ses cuissardes noires et vernies donnait l'impression que ses jambes étaient infinies malgré sa taille très moyenne.

Elle était devenue une femme dans tous les sens du termes et pourtant, ce fut toujours avec ses mêmes manières d'autrefois qu'elle se laissa tomber lourdement sur son siège, avant de croiser ses jambes de façon distinguée. Ses beaux yeux sombres se posèrent alors immédiatement sur le large écran de son ordinateur, tandis qu'elle s'était mise à mâchouiller faiblement le bout de son crayon, prête à débuter sa journée de travail.

Après plusieurs minutes, Camilla commença à se faire un peu somnolente, ses paupières se fermant d'elles-mêmes alors qu'elle massait sa nuque dégagée grâce à la queue haute qu'elle s'était faite en guise de coiffure. La noiraude était décidée à ne pas s'endormir alors ce fut d'un bon qu'elle se leva, s'apprêtant à se faire un café avec la jolie machine rouge qui se trouvait sur l'un des meubles, quand tout à coup, elle vit ces yeux qu'elle ne connaissait que trop bien posés sur elle. Un torrent de souvenirs s'était violemment abattu sur elle sans même qu'elle ne s'y attende.

- Toi ? Qu'est-ce que tu fais là ? demanda la jeune femme en s'appuyant fébrilement contre son bureau.

Le cœur de Camilla battait la chamade dans sa poitrine, résonnant même dans sa tête pendant qu'elle ne pouvait s'empêcher de fixer celui qui se tenait face à elle. D'ailleurs, plus elle le regardait et plus elle se disait qu'il n'avait du tout pas changé, en tout cas physiquement.

- Hier tu n'as pas voulu me recevoir, alors je suis revenu aujourd'hui pour faire affaire avec toi, répondit le jeune homme en déboutonnant l'unique bouton de sa veste dans le but de glisser ses mains dans les poches de son pantalon. Il paraît que 'Prime Corporation' est le numéro un de son secteur d'activité et comme tu le sais, je ne travaille qu'avec les meilleurs.

- Peut-être, mais moi je ne travaille qu'avec des gens dignes de confiance, répliqua immédiatement la noiraude en s'asseyant sur son bureau avant de croiser à nouveau ses jambes. Observe mes chaussures. Elles sont magnifiques, pas vrai ? Personnellement, je sais que ce sont des bombes parce que je suis celle qui les ait dessiné, cependant, ce n'est pas le même genre de bombes que celles que ton entreprise fabrique, Jeon.

- Je suis polyvalent, déclara le noiraud en arquant un sourcil. J'étends les domaines d'action de ma société.

- Bien sûr que tu es polyvalent... Je veux dire... Il faut être polyvalent pour jouer sur deux tableaux à la fois, rétorqua la jeune Kline en enroulant l'une de ses douces mèches de cheveux autour de son index avec une once de provocation. Bref... Essaie de me convaincre. Qu'est-ce que j'ai à gagner si je m'associe à toi ?

- Des milliards, répondit le jeune Jeon avec un sourire satisfait. C'est une chance pour que 'Prime' ait des fonds de caisses encore plus solides.

- Tu sais quoi... Jungkook... Je passe mon tour, lâcha-t-elle avant de descendre de son bureau pour aller près de la machine à café. T'en veux un ?

- Avec plaisir, dit-il en prenant place sur l'un des petits fauteuils qui se trouvaient devant la table de bureau. Par trop corsé... Comme d'habitude.

- En fait, tu ferais mieux d'aller le prendre dehors ton café, rectifia Camilla en se retournant afin de poser ses yeux sur le beau milliardaire. Je ne suis plus ton assistante, tu t'en souviens ? Je n'ai plus à te faire du café.

La jeune Kline esquissa un sourire narquois et puis, elle se mit à siroter sa boisson chaude alors qu'il la regardait en détail. Ils se revoyaient pour la toute première fois après quatre longues années et ils étaient forcés de se rendre compte qu'ils n'étaient plus les mêmes, le temps ayant changé bon nombre de leurs traits de caractère.

Les yeux du célèbre Jeon Jungkook étaient rivés sur la jeune femme qui se trouvait debout à quelques mètres de lui, contemplant avec envie la silhouette de celle-ci qui était toujours aussi à son goût qu'elle l'avait été. Camilla savait pertinemment que le noiraud la reluquait et malgré le fait qu'elle ne l'aurait jamais avoué, elle en jouait, optant pour la démarche qu'elle n'utilisait que lorsqu'elle était entourée de photographes, rien que pour rejoindre le siège qui se situait derrière de son bureau.

- Qu'est-ce tu fais encore là ? lança la jeune Kline en liant ses doigts entre eux contre la table. Tu n'es pas le bienvenu ici.

- Je ne partirai pas tant que je n'aurais pas eu ce que je suis venu chercher.

Ce fut de cette façon là qu'ils se retrouvèrent. Le jeune Jeon était venu à elle pour ne parler que de pertes et de bénéfices, et pourtant, nos anciens amants qui autrefois étaient liés par l'amour et la passion étaient bien loin de se douter de ce que l'avenir leur réservait déjà à leur insu.