𝐑𝐞𝐧𝐞𝐠𝐚𝐝𝐞 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́]

Chapitre 19

À 'La Belle Heure', la lourdeur de l'air reflétait parfaitement l'atmosphère critique dans laquelle était plongé ce lieu où les mœurs étaient si différentes de celles du reste de Nova. En cet endroit là, Yaelin Moore était en plein dilemme, tout comme la jeune Camilla Kline qui se trouvait plusieurs kilomètres plus loin.

Ce matin là, alors qu'elle venait tout juste de passer sa seconde nuit à l'hôpital, la noiraude avait pris le chemin de chez sa tante. Ses pas contre le sol de Galys manquaient de plus en plus de conviction tant tout se mélangeait dans sa tête. 'Pourquoi a-t-elle dû me trahir de la sorte ? Pourquoi amener cette femme avec elle à l'hôpital ?' se demanda Cami avant que ses grands yeux en amende ne vienne se poser sur la devanture de la demeure des Helmet.

- Cam ? Cam ! Tu es revenue ! s'écria Meryl qui jouait sous le porche tandis que la nommée s'approchait de plus en plus d'elle. Tonton Tristan va mieux ?

- Beaucoup mieux. Ne t'en fais pas trop pour ça, répondit la noiraude en prenant la plus jeune dans ses bras. Je vais prendre un bain.

La jeune femme avait rapidement laissé un baiser sur le haut de la tête de sa cousine et puis elle s'était introduite dans la charmante maison, prenant les escaliers afin d'atteindre l'étage. Camilla rejoignit immédiatement sa chambre avant de claquer, par réflexe, la porte derrière elle pour finalement s'allonger contre l'épais matelas de son lit encore parfaitement rangé.

- Deux jours que je ne me suis pas allongée comme ça, murmura-t-elle contre l'un de ses oreillers alors qu'elle tenait fermement son téléphone dans sa paume.

Elle songeait à l'appeler. Oui, lui, cet homme qu'elle ne faisait qu'aimer de plus en plus. Elle voulait entendre sa voix et fut surprise lorsqu'elle sentit les vibrations de son cellulaire pour laisser apparaître sur l'écran une inscription qui la fit instantanément sourire. 'JJk' avait-elle lu avant de subitement se mettre assise. Camilla eut un court moment d'hésitation et puis, dans un soupir qui se voulait encourageant, elle décrocha.

La jeune Kline resta silencieuse, écoutant la respiration de son patron à l'autre bout du fil, tout comme il écoutait la sienne avec la plus grande attention. Le noiraud s'était alors mis à sourire en silence tandis qu'un certain stress s'emparait un à un des muscles de son assistante.

- Tu comptes te taire indéfiniment ? demanda-t-il tandis que ses mains se trouvait sur le volant de sa voiture qui était à l'arrêt.

- Tu es celui qui a appelé, répondit la jeune femme pendant que ces fameux papillons peuplaient son abdomen.

- Je... Tu as vraiment toujours réponse à tout, hein, lança le garçon en riant avant de reprendre peu à peu son calme. Je voulais... Je voulais te présenter mes excuses pour ce que je t'ai dit hier matin. Je n'en pensais pas un mot.

- Il t'arrive ne serait-ce que de penser ? questionna Camilla en se mettant à rire à son tour avant de s'arrêter brusquement. Excuse-moi... Pour ce que je viens de dire et... Et pour ce que j'ai dit hier aussi. J'avais tort de-

- Tu avais raison, avoua le jeune homme en grattant spontanément sa nuque.

- Vraiment ? interrogea la noiraude, étonnée par les mots de son employeur.

- Oui, affirma le jeune Jeon avant de déglutir avec une peu de difficulté. Tu... Tu peux devenir au bureau aujourd'hui ? Enfin, je veux dire qu'au vu de l'état de ton père, tu n'y es pas obligée. Milla, je-...

- Je viens travailler, ne t'en fais pas, annonça-t-elle en enroulant une de ses longues mèches de cheveux autour de ses doigts. Mon père va mieux grâce à toi et à ton ami chirurgien, alors il m'a demandé de ne plus rester dans ses pattes.

- Très bien... C'est super... Je... Je suis en route, on se retrouve au boulot alors, bégaya le noiraud avant de pousser sourdement un soupir de soulagement. J'ai quelque chose d'important à te dire.

- Dis-le moi main-...

Camilla n'eut même pas le temps de finir sa phrase que l'appel était déjà arrivé à son terme. Jungkook y avait mis fini à contrecœur, à vrai dire, il aurait adoré continuer à converser avec son assistante, cependant, il ne voulait pas prendre le risque de lui annoncer par mégarde cette heureuse nouvelle au cours d'un vulgaire coup de fil. Il voulait voir le sourire de la noiraude éclairer son visage lorsqu'il lui dirait.

La jeune Kline regarda longuement l'écran noir de son cellulaire et puis elle se mit à sourire tant le fait d'avoir entendu la voix du jeune homme lui avait fait du bien. Tout semblait enfin revenir à la normale dans sa vie alors elle ne pouvait que se réjouir et ce fut donc avec un doux sourire qu'elle s'était précipitée dans la salle de bain afin de se préparer le plus rapidement possible.

Elle comptait se rendre sans le moindre obstacle sur son lieu de travail et pourtant, elle sût que cela ne serait pas possible lorsqu'elle se retrouva nez à nez avec sa tante alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre la cuisine.

- Cami... murmura l'aînée tandis que la nommée s'arrêta poliment devant elle. Excuse-moi mon bébé... Je n'aurais pas dû faire ce que j'ai fait.

- Je n'ai aucune rancœur cependant j'aimerais comprendre pourquoi, dit la jeune Kline en croisant ses bras contre son ventre. Pourquoi est-elle venue ? Je t'écoute.

- Je n'en sais rien, répondit Luna en jouant nerveusement avec ses doigts. En fait, elle a appelé le matin même en me disant qu'elle avait eu vent de l'accident de ton père dans le journal télé. Elle m'a demandé si tu étais auprès de ton père et je lui ai dit que tu y étais avec ton patron.

- Tu lui as dit que j'étais avec Jeon Jungkook ? interrogea Camilla en penchant faiblement la tête sur la droite.

- C'est ça, confirma la belle brune en hochant machinalement la tête. Et puis elle m'a dit qu'elle me rejoindrait à l'hôpital. Elle voulait te voir.

- Ne sois pas bête Luna, lâcha la noiraude en levant les yeux au ciel. C'est lui qu'elle voulait rencontrer. Jungkook, pas moi.

Camilla regarda sa tante un court moment et poussa un long soupir avant de se retourner afin de saisir son sac et sortir de cette humble demeure dans laquelle vivait. Comme chaque matin, elle se mit à marcher sur le trottoir dans le but d'arriver à son arrêt de bus. Elle croyait qu'elle avait laissé ses soucis chez sa tante et elle n'avait pas tort, cependant, elle n'avait pas prévu ce qu'il allait lui tomber dessus dans un futur beaucoup trop proche.