Par la fenêtre de sa cellule, située bien au dessus du niveau de son regard, la jeune femme pouvait apercevoir les premiers rayons du jour et avec eux, le chant de ce qu'elle pensait être des oiseaux. Damian lui avait dit que c'était des oiseaux et lui avait expliqué à quoi ils ressemblaient, mais, comme elle n'avait jamais eu le loisir d'en apercevoir, elle ne pouvait qu'imaginer que ces étranges créatures dotées de plumes étaient celles qui berçaient ses matinées de douce musique. Au fil des minutes, elle voyait s'éclaircir la pierre de granit constituant sa geôle, s'émerveillant chaque jour des motifs plus sombres qui la parcouraient, parfois de simples points gris pâles, sur le fond blanc presque immaculé, parfois de véritables arabesques d'un noir profond. Elle se disait qu'elle n'aurait pas assez de toute son existence pour les apprendre par cœur. Enfin... de toute façon, elle le saurait bien tôt ou tard...
Resserrant son étole de laine dure autours de ses frêles épaules, elle se mordit la lèvre et s'assit à même le sol, se forçant à ranger ses idées noires au fond de son esprit et raviva le maigre feu qui lui permettait de survivre à la rigueur de ce début d'hiver. Puis elle les entendit. Les voix. D'autres personnes, des humains, des gens, comme elle, qui vivaient leur vie et vaquaient à quelques occupations dont elle ignorait totalement la teneur. Se redressant soudain, elle colla son visage contre la pierre gelée et, comme tous les matins, ferma les yeux et essaya d'imaginer. Qui ils étaient. A quoi ils ressemblaient. Ce qu'ils faisaient. A quoi pouvaient bien ressembler ces pommes de terres dont ils parlaient, ou ces bûches, ou ces brasiers...
Elle ignorait qu'elle avait près d'elle un brasier et une réserve de bûches que Damian lui avait portées la veille au soir, après que le soleil se soit couché. Elle savait simplement que ces gens, au dehors, n'utilisaient ces mots qu'en saison froide, que Damian appelait « hiver ». Par contre, elle savait ce qu'était un manteau, une robe, un jupon, un corset, une capeline, une ombrelle... Damian lui avait apporté un recueil de dessins avec ces objets que portaient les femmes du pays. Il lui avait apporté d'autres livres, car c'était bien des livres, et elle avait pu apprendre à lire ainsi. Mais les livres avec des images étaient assez rares et bien qu'elle connaisse à présent les mots, elle ne savait toujours pas à quoi les objets en question ressemblaient.
Elle reporta son attention sur l'activité au dehors, écoutant les voix graves et rocailleuses des paysans qui détaillaient le contenu des pièges posés plus tôt dans la semaine. Elle aurait aimé pouvoir déambuler parmi eux et voir de ses propres yeux à quoi ressemblaient les lapins et lièvres qu'ils avaient pris, pouvoir glisser ses doigts dans leur fourrure, car elle avait retenu que ces animaux avaient de la fourrure douce, plus douce que le fin duvet qui couvrait ses avant bras et de loin bien plus que la crinière indomptable qui poussait sur sa tête jusque dans le bas de son dos. Elle aurait aimé voir de ses yeux les fameuses plumes qui paraient les perdrix et faisans, car elle avait retenu qu'il s'agissait d'oiseaux, tout comme les... quoi déjà... moineaux ? Oui, tout comme les moineaux qu'elle entendait parfois à travers la lucarne qui lui servait de fenêtre mais qu'elle n'avait jamais aperçus. Elle aurait aimé voir comment ces étranges créatures pouvaient voler, fait ô combien incroyable pour la jeune femme clouée au sol dans sa cellule exiguë, elle aurait adoré les voir s'élancer dans les airs et entonner leur chant, autre mystère pour elle, d'entendre un être vivant entonner une mélodie parfois si vive, parfois si triste, mais toujours envoûtante.
Elle aurait aimé tout ça. Malheureusement, le seul autre être vivant qu'elle voyait était Damian, serviteur au palais... ainsi que les araignées, cafards et autres insectes qui avaient parfois la générosité de venir lui tenir compagnie. Bien qu'elle adorait Damian pour la patience, la douceur et la bienveillance dont il faisait preuve à son égard, elle chérissait ces apparitions. Ces petites créatures la fascinaient, surtout les petits papillons - Damian lui avait dit leur nom - qui se frayaient parfois un chemin jusqu'à elle par sa fenêtre, virevoltant, agitant leurs ailes colorée et poudreuses dans les airs pour se déplacer, se posant quelques secondes pour repartir aussi vite et disparaître. Elle avait eu le temps d'admirer les motifs délicats qui ornaient ces magnifiques bêtes, de détailler la finesse de leurs pattes et de leurs antennes, l'éclat de leurs yeux...
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⸙ Faeria ؞ Fille de la Forêt ⸙
FantasyMayna a passé toute sa vie entre les murs froids d'une cellule de pierre, avec Damian, un des serviteurs de l'empereur, pour seul contact avec le monde extérieur. Mais la requête de l'empereur la fera s'enfuir à toutes jambes, suivant son instinct q...