23 mars 2023,
Point de vue Jenifer
Aliénor quitte la chambre et je me retrouve seule. Cependant, mon sourire reste collé à mes lèvres pendant encore quelques minutes. Elle est si gentille avec moi. Je finis par me la sortir de l'esprit et me concentrer sur mon portable. Ali me l'a donné avant de partir. J'espère qu'elle arrivera à dormir, moi, je sens que je ne vais pas tarder à retomber de fatigue. L'effet hôpital ça. Je lève un peu mon bras, j'ai l'impression qu'il pèse une tonne, pour regarder sur l'écran ce qu'il se passe sur la planète. En tendance France, ma chute, mon évanouissement, leur frayeur comme ils disent. Par curiosité, je lance la vidéo et ça me fait peur. Je sentais que je n'allais pas bien, que le concert devait se terminer. Mais je n'avais plus la force de chanter, je voulais prendre quelques instants pour moi, pour aller mieux. Et ça a été plus fort que moi, je n'ai rien vu venir, je n'ai pas eu le temps de m'asseoir, rien. Et ma tête heurte assez violemment le sol d'ailleurs. Je porte ma main à ma tête, instinctivement et bizarrement, aucune bosse, rien. Pourtant le choc semble violent. On dit que le corps humain hiérarchise ses problèmes, ses coups, j'ai peut-être vécu quelque chose qui fait que le choc de ma tête contre le sol est minime. Perdue dans mes pensées, ce n'est que lorsque mon portable se met à vibrer pour me prévenir d'un appel, que je reviens à la réalité de la situation. Je regarde l'écran, mon père m'appelle. Non sans difficulté, je porte mon téléphone à mon oreille. Ce n'est qu'à ce moment-là que je pense au fait que j'aurais pu mettre le haut parleur.
— Papa ?
— Jenifer, comment tu vas ma chérie ?
— Ça va papa.
— Tu es sûre ? J'ai vu. Tu es sûre que tu vas bien ?
— Oui. Ne t'inquiète pas.
— Mon bébé qui s'écroule comme ça, désolé de m'inquiéter ! Tu es à l'hôpital ?
— Oui.
— D'accord, ils vont faire attention à toi. Tu veux que je monte te voir ? Je peux être là dans quelques heures. Tu es à Clermont-Ferrand, c'est ça ?
— Papa, ne viens pas. Je n'ai plus douze ans. Ça va. Je vais bien, je vais me reposer un peu et ça ira mieux.
— Ils t'ont dit ce qu'il t'était arrivé ?
— Manque de sucre. Je t'ai dis, ce n'est rien de grave.
— Fais attention à toi quand même. Vivement que tu finisses cette tournée et que tu rentres te reposer un peu.
— Je sais.
Alors que je veux lui proposer de raccrocher, ma mère me vient à l'esprit. Si lui a vu, elle a du voir aussi.
— Et maman ? Soufflais-je.
— Elle sait, c'est elle qui m'a réveillé pour me dire. Mais elle ne t'appellera pas, je suis désolé ma chérie.
Mon cœur se serre. Je le savais, je le sentais, pourtant, dis par mon père, ça me brise. Je ne parviens pas à me retenir de pleurer.
— Jeni ? Ca va ?
— Oui, ça va. Ce n'est pas grave. Je suis crevée papa, je vais dormir.
— D'accord, fais attention à toi chérie. Si tu as un problème, n'hésite pas.
— Merci.
Notre conversation se termine sur un je t'aime de sa part et je raccroche. Ma vision est floue à cause de mes larmes. Je n'arrive pas à croire que ça lui fasse ni chaud ni froid. Il y a une époque, elle aurait pris sa voiture de suite et roulant à une vitesse déconseillée, elle serait arrivée à l'hôpital en peu de temps. Elle m'aurait pris dans les bras, m'aurait rassuré. Elle me manque. Je sais que j'ai choisis mon camp, celui d'Ali, mais je sais qu'à présent, il me manquera toujours quelque chose, il y aura toujours ce vide que combler ma mère. On avait des désaccords, on était moins fusionnelles parce qu'elle était sûrement jalouse de moi, enfin je pense, mais si je l'appelais, elle répondait toujours présente, comme une mère doit l'être pour ses enfants. Moi, un de mes fils appelle, je suis là dans la seconde, les prenant contre moi pour les protéger. Elle m'a si bien élevé, je n'imaginais pas que ça puisse finir comme ça. C'est vrai, on n'avait jamais parlé de l'homosexualité elle et moi. J'étais toujours sorti avec des hommes, mes aventures d'un soir, elle n'était pas au courant puisqu'elle n'avait pas à l'être. Ça me fatigue de ressasser ma relation avec ma mère, je m'allonge sur le côté, faisant attention à ma perfusion. Je ferme les yeux et tente de me rendormir. Cependant, des images plein la tête, le film d'hier soir, la sensation d'être à nouveau fatiguée comme je l'ai été au concert, tout cela m'empêche de dormir. Une nouvelle fois, mon téléphone vibre, j'ouvre les yeux et constate un message d'Ali.
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Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]
RomantizmNouvel album pour célébrer ses vingt ans de carrière, Jenifer part pour une nouvelle tournée. Comme pour « Nouvelle Page », elle choisit de s'entourer uniquement de musiciennes, des femmes fortes avec qui Jenifer passera de bons moments, elle en est...