CHAPITRE 32

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Point de vue Jenifer

Je n'arrive pas à dormir. Je crois que je n'ai plus l'habitude de dormir avec quelqu'un dans les bras. Enfin, quelqu'un qui n'est pas mon enfant. Je crois que j'ai trop pris l'habitude d'être seule dans mon lit. Mais comme on dit, il faut mieux être seule que mal accompagné. Cependant, je me sens bien avec Aliénor. Rapidement, elle se rendort et elle se décale. Il est réellement impossible de dormir dans les bras l'un de l'autre toute une nuit. Déjà, j'ai besoin de mon espace, puis j'ai tendance à taper les autres quand je dors.

Je la regarde et je la trouve jolie. Ce n'est pas rare pour moi de trouver une fille jolie mais là il n'y a pas la jalousie de d'habitude. Habituellement, quand je trouve une fille jolie, c'est pour lâcher un « je veux son corps ». Mais là, non. Je la trouve jolie parce que des sentiments naissent pour elle.

Aliénor. C'est un beau prénom, original qui a toujours bien sonné à mon oreille. Dès notre rencontre, je suis tombée raide dingue d'elle. C'était un coup de foudre amical je crois. Quand on bossait ensemble sur The Voice, on était complice, ça se voyait à l'écran. J'aimais travailler avec elle, elle écoutait, prenait en compte mes avis, s'amusait à chanter ce que lui proposait. Je me rappelle comme si c'était hier de cette fois où elle est venue me voir, peu de temps avant les directs. Les yeux remplis de larmes, les poings serrés, elle m'a annoncé qu'elle devait arrêter l'aventure, qu'elle avait un problème dans sa famille et qu'elle ne pouvait pas se permettre d'être loin d'eux. Je l'ai laissé partir parce que la famille est plus importante que tout le reste, surtout plus important qu'une émission télé. Pourtant, je refusais l'idée de la perdre. Ça devait être un prémisse à tout ce que je ressens aujourd'hui. Mais j'ai toujours repoussé cette idée.

J'aime les hommes, ce qu'ils m'apportent, leur lot de bonheur et malheureusement toutes les merdes qu'ils m'ont apportés. Mais je crois que j'aime aussi les femmes. Depuis que j'ai quitté Paul, j'ai connu de longues soirées en compagnie de la gent féminine, sans vraiment m'en vanter. Toutes ses filles ont mis le doute en moi. Est-ce que j'étais capable d'aimer une femme comme j'aime un homme ? Mais ce n'était que des coups d'un soir, par-ci, par-là. Rien de jamais sérieux. Je ne voulais pas m'engager, pas parce que c'était une fille, mais parce que c'était un être humain. Je n'avais plus confiance en l'humain, en l'amour en général.

Puis Ali est revenue dans ma vie. Je crois que j'ai bien fait de la prendre avec moi. Je crois que je n'oublierais pas mes quarante ans tout de suite. Je crois aussi que je l'aime. Est-ce qu'il ne serait pas temps pour moi de redonner une chance à l'amour ? Elle est douce Ali, elle est gentille, elle rigole tout le temps, elle me rend heureuse, c'est ça que je cherchais à l'époque, non ? Puis cette soirée, cette nuit. Qui aurait eu l'idée de me faire un cadeau d'anniversaire comme elle l'a fait avec les filles ? Personne. Qui aurait été cherché tous mes proches pour faire une grande vidéo d'anniversaire pour moi ? Personne. Elle fait des choses que personne ne fait pour moi et elle le fait avec plaisir. C'est fou, quelqu'un prend plaisir à me rendre heureuse. Ça fait combien de temps que ça ne m'était pas arrivé ? J'ai aimé sa timidité cette nuit. Je l'étais aussi, je ne la blâme pas. Mais c'est toujours délicat de faire l'amour pour la première fois avec quelqu'un à qui on tient. J'ai aimé. Et je pense que je n'aurais pas voulu que ce soit autrement. J'ai connu plus torride mais ça arrivera avec le temps, j'ai apprécié la découvrir un peu plus ce soir.

Mais je suis terrifiée quand je la regarde. Je n'ai pas peur pour moi, car les merdes je les connais et clairement, même si je ne veux plus souffrir, plus rien ne m'inquiète. Je ne veux pas la détruire comme on m'a détruit. Je ne veux pas qu'on lui fasse du mal comme on m'en fait. Je pense aux paparazzis qui, le jour où ils vont savoir pour nous deux, se feront un malin plaisir à nous suivre partout, à chercher le moindre cliché. Ça va m'abattre comme à chaque fois et je ne veux pas que ça lui fasse du mal. Je veux la préserver, c'est pour ça que je m'interroge sur le bon fondé de notre relation. Cependant, je ne veux pas que ça reste seulement du sexe entre nous. Si c'est pour ça, autant que l'on soit de simples amies, je préférerais. Non, je veux me sentir aimer dans ses bras, dans ses paroles. Si je l'abîme, je m'en voudrais terriblement. Aliénor ne mérite pas d'être abîmer.

Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant