— On a fait de la route toutes les deux, me lance-t-elle en riant.
— Depuis The Voice ?
— Oui.
— C'est vrai.
— Je te l'ai jamais avoué Ali, mais ça m'a vraiment fait chier quand tu as dû partir.
— J'étais dégoûtée aussi. Mais je ne sais pas si on aurait eu la même relation si j'étais restée.
— J'aurais fini un jour ou l'autre par te demander de partager des projets avec moi. Que ce soit dans la chanson ou pour une tournée.
— Je préfère la tournée à la chanson. Au moins on partage plus de moments ensemble.
— C'est vrai Ali. On partage plus toutes les deux.
Quand je la regarde, elle me paraît terrorisée. Elle a peur à l'idée que ce soit le bon moment pour que je l'embrasse. J'ai envie de le faire. C'est tentant de vouloir poser mes lèvres contre les siennes, mais je sais que je ne dois pas. Elle veut être tranquille. Jenifer souhaite que je sois une amie ce soir et non une amante.
— Je suis bloquée à un niveau de Candy Crush, m'avoue-t-elle. Tu ne veux pas essayer ?
— Jenifer, qui en 2022 joue encore à Candy Crush ?
— Une vieille de quarante ans ! Ne me juge pas.
— Déjà tu n'as pas encore quarante ans.
— Je les frôle quand même. Tu veux m'aider ? T'es jeune, tu dois avoir le toucher pour les jeux.
Je lève un sourcil. Elle vient vraiment d'utiliser l'expression « avoir le toucher » pour parler d'un écran ? Si tu me laissais faire Jenifer, tu verrais que j'aurais un tout autre toucher. Elle me tend son téléphone, ouvert sur l'application du jeu pour que je la débloque. Alors que je joue, je sens son regard par-dessus mon épaule.
— Je n'aurais pas fait comme ça.
— Jenifer, si tu savais faire, tu ne serais pas bloqué dessus depuis trois mois.
Elle se ravise de toutes autres réflexions. Il me faut deux ou trois parties pour réussir à boucler le niveau. Je lui rends son portable et elle me remercie.
— Je vais pouvoir dire aux garçons que j'ai réussis le niveau.
— Quelle ingrate celle-là !
— Je ne peux clairement pas leur dire que c'est quelqu'un d'autre qui m'a fini le niveau, je passerais pour quoi moi ?
— Pour quelqu'un de nul, car tu es nulle Jenifer. De toute façon, plus personne ne joue à Candy Crush.
— Tu me l'as déjà dit. Et merci d'arrêter de me juger. J'aime bien moi.
— Tu joues à des jeux vidéos ou tu es trop âgée pour ça ?
Je sens son poing venir taper mon épaule. Je lève un sourcil. Ça y est, j'ai touché son égo.
— Jouer est un grand mot, mais j'ai déjà eu une manette entre les mains.
— Pourquoi j'ai envie de rire ?
— Mais arrête de te moquer ! Mon grand m'a déjà montré les Fifa et figure-toi que je me débrouille pas trop mal.
Je ne peux plus m'empêcher de rire et je pouffe avant de plaquer ma main sur ma bouche.
— Je suis désolée.
— En rien tu es désolée Ali, tu es morte de rire. Je suis sûre que je te mets la pâtée à Fifa.
— Deal ?
— Deal. Si je gagne tu m'offres quoi ?
— De quoi à besoin Jenifer Bartoli ?
Elle me fixe, nos yeux ne se quittent pas. Personnellement, j'ai simplement besoin de la sentir contre moi, mais je sais que c'est impossible ce soir. Jen finit par hausser les épaules.
— Qu'on la laisse tranquille.
— Je vais partir alors, soufflais-je.
— Non, toi tu peux rester. J'aime bien être avec toi ce soir.
— Seulement ce soir ?
— Particulièrement ce soir.
Merde, j'ai vraiment envie de l'embrasser, elle le sent et elle en joue. Jenifer je te déteste, tu me fais jouer avec mes désirs, mes envies et les interdits. D'un coup, ses yeux semblent se fermer tout seul et je constate qu'elle est fatiguée, qu'elle ne devrait pas louper ce moment où elle pourrait s'endormir.
— Tu veux dormir ? Lui demandais-je.
— Je crois oui. Mais dors avec moi cette nuit, s'il te plaît.
Tu es chiante Jenifer à réellement jouer avec mes émotions.
— Si tu veux.
Dans son grand lit, on ne se collera pas, c'est sûr. Toute contente, comme un enfant qui arrive à faire rester sa mère pour la nuit, elle se lève du lit, soulève la couette et le drap, me fait signe de bouger et finit par se mettre dans le lit. Je l'imite, avec légèrement moins d'enthousiasme. Ce n'est pas que je suis pas bien, mais je ne me sens pas à l'aise. C'est bizarre de dormir avec elle, non ? Mais je ne peux plus partir, ce grand enfant a besoin de moi. Alors que je suis sur le dos, que mes yeux plaquent le plafond, je sens son souffle contre ma joue. Jenifer se tient près de moi, assez près pour que son souffle m'atteigne. Je suis persuadée que si je tourne ma tête vers elle, nos lèvres pourraient se rencontrer. Est-ce que je me tournerais pas de l'autre côté ? Elle le prendrait mal peut-être ?
— Merci, d'être venue, d'être restée. Bonne nuit Ali.
— Bonne nuit à toi aussi Jen.
Même sans la regarder, je la sens sourire, je la sens heureuse et je souris bêtement au sentiment qui nait en moi. C'est moi, ma personne, mes mots, mes bêtises qui la rendent heureuse. Elle se tourne, dos vers moi et je reste là, à la regarder, à contempler ses cheveux qui me laissent apercevoir sa nuque. Il faudrait que je dorme, mais j'ai l'impression de vivre un rêve et je ne souhaite pas me réveiller, je ne veux pas qu'il se termine.
VOUS LISEZ
Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]
Roman d'amourNouvel album pour célébrer ses vingt ans de carrière, Jenifer part pour une nouvelle tournée. Comme pour « Nouvelle Page », elle choisit de s'entourer uniquement de musiciennes, des femmes fortes avec qui Jenifer passera de bons moments, elle en est...