CHAPITRE 71

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7 mars 2023,

Point de vue Jenifer

J'ai presque la poignée de la portière ancrée dans ma main. Ali connaît la ville, alors c'est elle qui conduit. Cependant, j'aurais dû conduire, je me serais concentrée sur la route, je n'aurais pas eu l'esprit qui divague comme ça. J'ai l'impression de transpirer tellement je ne suis pas bien. Rencontrer les parents d'Ali, mais quelle blague. Pourtant, je ne pouvais pas refuser, ça aurait blessé ma copine. Mais je suis nulle pour ce genre de truc-là, je ne suis pas la belle-fille parfaite, loin de là. Puis même, ils doivent savoir. Ils ont su quand je lui ai fait du mal, ils me détestent, c'est sûr. Aliénor se gare devant un restaurant et je relève les yeux. Je ne saurais dire comment je me sens, à part dire que ça ne va pas. Elle coupe le moteur et je me décide à la regarder. Elle doit comprendre que ça m'angoisse, nous n'avons pas discuté du trajet. Toujours dans le même silence, on quitte le véhicule. L'air frais, j'ai l'impression que mes poumons me remercient d'avoir quitté l'habitacle de la voiture. J'ai envie de fumer. Automatiquement, mes doigts cherchent mon paquet de cigarettes, je le sens, l'ouvre et en tire une clope. Mon regard rencontre celui d'Aliénor. Je cherchais son approbation pour fumer et je crois qu'elle n'approuve pas l'idée. Elle n'a peut-être pas tord, après tout, je vais sentir la nicotine. Je laisse tomber ma cigarette dans mon sac et me rapproche d'Ali.

— En fait, on n'est pas en ville du tout, avouais-je.

— Non, on est un peu à l'extérieur. Mais si on avait continué tout droit, on serait retombé sur les quais de la Vienne et on aurait pu retourner en centre-ville.

— D'accord. Tes parents sont arrivés ?

Aliénor sort son portable et regarde l'écran pendant quelques secondes.

— Je leur ai dis qu'on a trouvé de la place juste devant, ils arrivent.

J'aurais bien tiré sur ma clope là. J'ai bien besoin que mes poumons se remplissent de fumée. J'ai trop pris l'habitude de fumer pour un oui ou pour un non, dans des moments des stress et là je ne peux pas. Ils vont arriver. Je vais mourir sur place. Aliénor se retourne, attrape ma main et ça y est, je dois me jeter dans la gueule du loup. Je l'imite et constate qu'un couple s'approche de nous. C'est eux, même si en rien Ali leur ressemble tout particulièrement. Ma copine me lâche la main et va prendre ses parents dans ses bras. Des joyeux anniversaire, des merci se font entendre et moi j'avance doucement vers la scène. Son père, il fait trois têtes de plus que moi, une baffe et il me déplace sur dix kilomètres. Sa mère, quand elle pose un premier regard sur moi, j'ai l'impression qu'elle va me tuer sur place. Elle aussi elle paraît immense par rapport à moi.

— Maman, papa, Jenifer. Vous la connaissez un peu, mais maintenant vous allez un peu plus la connaître.

Ma main attrape son avant-bras. J'ai besoin d'elle, j'ai besoin que ses parents m'approuvent. Cependant, ils n'ont pas l'air de vouloir de moi ce midi.

— Bonjour, lance sa mère.

Putain, sa voix est enthousiasme, c'est un bon point ça, non ?

— Bonjour, je suis contente de vous rencontrer. Enfin, d'une autre façon qu'avant.

Je m'enfonce là ? Change de sujet Jenifer. Alors que je m'approche d'eux pour les saluer par une poignée de main, sa mère tend les bras vers moi et me fait la bise.

— On va passer les politesses, m'annonce-t-elle.

Bon, si elle veut. Finalement, elle n'a pas l'air si méchante que ça. Son envie de me tuer a dû lui passé.

— Vous avez fait bonne route ?

— Oui ça a été, la nationale c'est tranquille.

Sûrement. Alors moi je suis mon GPS et je me tais en temps normal. Puis, s'il y a du monde sur la route, tant pis. On rentre dans le restaurant où Ali a réservé. Un serveur nous propose une table et on s'y assoit. Je suis positionne à côté d'Ali et sa mère prend le temps de venir s'asseoir en face de moi. Malgré le fait que ce soit un buffet à volonté, je sens qu'après deux assiettes, je n'aurais plus faim. Elle va me mitrailler du regard tout le repas ? Je pense oui. Je détourne mon regard vers Ali et lui souris. La Jenifer du début d'année, c'est terminé. Je l'ai fais souffrir, j'ai été la pire des idiotes avec elle, mais j'avais mes raisons, j'avais mes peurs. Cependant, aujourd'hui, je n'ai plus peur. Je suis fière de dire qu'Aliénor est ma petite-amie. Je me suis excusée, des centaines de fois, je m'en veux encore terriblement. J'ai du mal à passer à autre chose tellement je m'en veux, je me sens coupable du mal-être d'Ali. Je n'ai pas besoin de son regard accusateur sur moi.

Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant