CHAPITRE 59

341 17 2
                                    


14 février 2023

Nous sommes rentrés à l'hôtel, silencieusement. Dans le taxi, il n'y avait que sa main qui me prouvait son amour, aucun mot entre nous. Jenifer semblait dans ses pensées et j'ai préféré la laisser. Naturellement, nous nous sommes dirigés vers sa chambre. Elle me permet de rentrer avant elle, ce que je fais. Alors que je m'attends à ce qu'on se jette l'une sur l'autre, Jenifer reste à l'écart. Elle me semble toujours dans ses pensées. Pour la faire revenir dans le monde réel, je chuchote un :

— Merci pour la soirée Jen. Je crois que c'est l'une des plus belles soirées de ma vie.

Jenifer sourit faiblement. Qu'est-ce qu'il y a Jenifer ? S'il te plaît, ne gâche pas la soirée.

— Je crois que je dois tout t'expliquer, souffle-t-elle.

Alors on en est là ? Elle va faire ça ce soir. Je suis sûre que ça lui demande beaucoup de courage, donc je ne la retiens pas. Je m'assois sur le bord du lit. Ça me rappelle un mauvais souvenir ça, j'étais assise et elle debout quand elle m'a quitté. Ses doigts jouent ensemble, elle est anxieuse.

— Je t'ai laissé prendre ton train. Je ne t'ai pas suivis jusqu'au quai, car j'ai horreur de ça, ça m'attriste beaucoup.

— Oui.

— Le soir, j'ai retrouvé mes deux garçons.

Elle ponctue son propos d'un large sourire. J'aime l'idée que penser à ses garçons la rend heureuse.

— Assez rapidement, nous avons discuté à propos de la photo et du concert où j'ai fais mon petit discours, tu te souviens.

— Bien sûr.

— J'ai élevé mes garçons de façon à ce qu'une relation homosexuelle ne soit pas un problème. J'ai beaucoup d'amis gays, qu'ils connaissent très bien et ça ne les a jamais dérangés. Au contraire, Ismaël m'a demandé si j'étais heureuse avec toi. Je lui ai répondu oui. Je me souviens encore de son regard sur moi. Il était heureux pour moi. Lui, l'amour il connaît un peu. Par contre, Léandre est plus jeune, il n'a pas vraiment capté. Il a juste compris que j'avais une amoureuse et il a trouvé ça cool.

Elle se met doucement à rire, son regard me fuit, mais j'arrive à l'attraper et je vois quelques larmes au coin de ses yeux. En espérant que je n'y prête pas attention, elle essuie celles qui commencent à couler sur ses joues.

— Mon grand m'a demandé si tu venais au Nouvel An sur Paris, je lui ai répondu que oui, tu venais. Il m'a dit qu'il viendrait nous rendre visite pour te rencontrer. Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment-là, je me suis sentie la plus heureuse possible, j'avais des papillons dans le ventre, je ne pouvais pas m'empêcher de sourire.

— J'aurais aimé le rencontrer...

Jenifer baisse le regard et reprends le fil de sa pensée. Ma phrase n'était peut-être pas la bienvenue.

— Laisse-moi finir, s'il te plaît.

Je hoche simplement la tête pour qu'elle porte son regard sur moi. Elle est au plus mal, ça se voit, ça se ressent. Sa voix est éraillée, sa voix tremble.

— Nous sommes descendus en Corse le 22 décembre, ou le 23, je ne sais plus. Là-bas, j'y ai retrouvé ma famille. Il y avait simplement mon père, ma mère, mes enfants et moi. Mon frère n'a pas pu être présent, parce qu'il souhaitait passer noël dans sa belle-famille. Bref. J'ai senti qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas entre nous tous. Mon père était proche de moi, comme d'habitude, mais... Ma mère était différente. Nous avons discuté le vingt-quatre au soir, pendant le réveillon. Devant les enfants. J'aurais tellement voulu qu'elle veuille m'en parler à un autre moment. Pas pendant le réveillon et pas devant mes garçons... Pourtant elle l'a fait, elle a mis sur le tapis le fait que j'aimais une femme.

Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant