Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]

CHAPITRE 3

J'ai la fâcheuse habitude de m'effacer quand on est plus de deux. En revanche, nous sommes trois, trois à l'arrière d'une voiture assez confortable, du moins nous ne sommes pas les unes sur les autres. Romane est une fille plus ouverte, plus extravagante, parfois gênante quand elle s'y met. Je peux la considérer comme le contraire de moi et même le contraire de Jenifer. Même si la chanteuse aime faire la fofolle, il faut la décoincer un peu. Ou lui faire boire un verre de trop. Il me revient le souvenir d'une soirée un peu arrosée toutes les cinq. Comment dire qu'on a redécouvert Jenifer, qui aime tout particulièrement chanter « Les lacs du Connemara » avec de l'alcool dans le sang.

— Pourquoi tu rigoles ? Me demande la niçoise.

Merde, je ne m'étais même pas rendu compte que je riais. Malgré le volume fort de Romane, Jenifer m'a entendu, moi qui suis toujours discrète.

— Rien.

Elle lève un sourcil, me sourit et se retourne vers Romane pour écouter la fin de son histoire. La bassiste a par contre vécu l'horreur des enfants dans le train. Son récit fait rigoler nerveusement Jenifer avant que cette dernière lance un :

— Vous vous plaignez, mais vous ne savez pas ce que c'est de s'occuper de gosses.

— Je m'occupe de mon neveu, répond Romane.

— Ton propre enfant c'est une autre histoire que simplement ton neveu.

Elle rit Jenifer pourtant, sa voix transpire de tristesse. Romane doit le ressentir aussi parce qu'elle ne continue pas sur ce sujet. A quoi bon la rendre triste ? On va passer pour quoi après nous ?

Le véhicule s'arrête et on en sort. Un café où Ambre et Jade nous attendent sagement à une table en extérieur. On s'assoit pour leur tenir compagnie et le volume sonore de notre table augmente, dans des rires mais aussi dans des prises de position qui peuvent à tout moment déraper. C'est ça de choisir de partir qu'avec des filles aux caractères bien trempés. Mais pour moi, c'est mort, à trois je m'efface, à cinq je deviens complètement invisible. Timidité de merde que je porte comme une croix sur le dos.