CHAPITRE 45

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30 décembre 2022

Et je boucle ma valise. C'est bon, j'ai tout ressortis trois fois pour vérifier que je n'ai rien oublié. J'en suis persuadée maintenant, il ne me manque rien. Fatiguée par cette épreuve, je m'assois sur mon lit. Dans trois heures, je serais en direction de Paris, dans environ six heures, je vais retrouver ses bras, sa voix, son visage, ses lèvres. Bref, je vais revoir Jen et je suis totalement excitée. On ne s'est pas quitté longtemps, pourtant, j'ai l'impression que ça fait une éternité que l'on ne s'est pas vu. Puis, il y a la distance qui s'est installée entre nous ces derniers jours. Je ne pense pas qu'elle soit forcée, mais elle est bien là. On ne s'appelle plus, on s'envoie moins de messages. Même ils deviennent rares. Mais Jen me dit qu'elle profite de ses enfants, de sa famille, ce que je peux comprendre. Personnellement, avec ma famille, en une soirée de Noël, nous avons fait le tour de tous nos sujets de conversations. Mais tant mieux si elle a plein de choses à leur dire, si eux aussi ont plein de choses à lui raconter. Ce n'est juste pas comme ça chez moi. Je regarde ma chambre. Ça y est, je vais enfin la quitter pour retourner sur Paris puis en tournée. Je ne reviendrais là que fin mars et peut-être que ce ne sera pas pour longtemps. Mon téléphone vibre et je jette un œil à celui-ci. Le nom et la photo de Jen s'affichent. Je me précipite dessus pour ne surtout pas louper l'appel. Elle me manque. Bon, j'ai l'air d'être une folle psychopathe là ? Non ?

— Jen ?

— Aliénor. Comment tu vas ?

— Ça va. Et toi ?

Elle garde un temps avant de me répondre et sa voix repasse dans ma tête. Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression que le ton de sa voix est différent de d'habitude. Quand j'y pense, il n'y a aucune joie dans son intonation. Me parler semble lui faire ni chaud, ni froid.

— Ça va. Merci.

— Super alors ! Mon train est dans trois heures.

— Ali...

Elle prend une grande respiration et je la sens mal cette histoire.

— Léandre est malade et je vais le garder avec moi pendant quelques jours. Ne viens pas Ali. Ça ne sert à rien. On ne pourra pas être seules.

C'est à moi de mettre quelques secondes à lui répondre. Je suis sur le cul. Heureusement que je suis assise sinon la gravité terrestre aurait été trop forte par rapport à moi. J'ai envie de pleurer mais aussi de rire. J'ai l'impression qu'elle se fout de ma gueule. Encore une blague foireuse Jenifer ? Parce que ta phrase dit super vite, on dirait que tu l'as appris par cœur pour être sûre de ne pas te tromper en la disant.

— Ali ?

— Oui. Mais t'es sûre que je ne peux pas monter ? Je... On arrivera bien à se garder du temps ensemble.

— Il est malade comme un chien, je ne sais même pas ce qu'il a. Il faut que je l'emmène chez le médecin pour savoir, ça fait deux jours qu'il est dans cet état.

Son débit est beaucoup moins rapide. On dirait même qu'elle devient désolée du fait que je ne puisse pas venir.

— Et nous Jenifer ?

— Je suis désolée, vraiment. Mais quand un de mes garçons n'est pas bien, je ne suis pas de bonne compagnie.

Et nos bisous, nos corps l'un contre l'autre à minuit tapante ?

— On pourra se voir quand ?

— Si Léandre va mieux, je le ramène à son père vers le dix janvier, un truc du genre.

— OK.

Je ne trouve rien de mieux à dire. Elle me ôte les mots de la bouche. Je suis tellement déçue. Léandre est malade et elle abandonne tout ce qu'on avait prévu. Peut-être que c'est le comportement normal d'une maman, après tout, je ne suis pas mère. Mais j'aurais tout de même pu monter, je l'aurais aidé, je l'aurais soutenu. Je ne sais pas, j'aurais pu être près d'elle et pas à... Angoulême. Je souffle, elle souffle aussi. On va rester comme des connes comme ça ? Personnellement, j'ai besoin de plus d'explications, mais je suis incapable de lui demander. Je n'ai pas envie d'avoir encore plus mal. Je suis déjà à terre là.

Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant