CHAPITRE 43

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Nous avons essayé de ne pas rentrer trop tard mais Jenifer s'est quand même fait taper sur les doigts. Nous étions là à minuit trente. L'équipe aurait voulu prendre la route plus tôt, on le sait, mais on a passé une bonne soirée toutes les cinq. C'est clairement le genre de soirée que je n'oublierais pas, qui fait qu'on est un groupe. Nous avons pris nos valises que nous avons mis dans la soute à bagages du bus et nous sommes montés dedans.

Nous avons roulé de nuit pour rejoindre Paris. Ca m'a rappelé les voyages scolaires que l'on faisait à l'école. On partait toujours de nuit. Mais dans le notre, plus de confort et il n'y avait pas les énergumènes qui hurlent au fond du bus. Enfin, on a Romane et c'est presque pareil, mais elle ne hurle pas. Jenifer s'est endormie, sur la banquette derrière moi. Je n'ai pas réussi à fermer l'œil et je l'ai regardé se reposer. Ça y est, on rentre sur Paris et on va toute se séparer. Jenifer va me manquer, Romane, Jade et Ambre aussi. J'aime ce qu'on est toutes les cinq. À croire que j'aimerais rester en tournée pour le reste de ma vie, ou à la limite de vouloir faire une coloc à cinq... ou à six quand Romane aura un mec. Mais c'est nul un mec, il va gâcher toute notre harmonie.

On a roulé toute la nuit, ainsi que sur le matin. On arrive à Paris que sur les coups de dix heures. On se prend un petit-déjeuné dans un café parisien mais ce café a un goût amer. Personne ne parle vraiment. Tout le monde a la tête ailleurs je crois. Jenifer n'arrête pas de sourire, je suis sûre qu'elle pense déjà à ses garçons, à la sensation que de les avoir à nouveau dans ses bras. Ambre et Jade ne me semblent pas malheureuses. Elles savent qu'elles ne seront pas seules. Romane sourit aussi. Elle va retourner en Bretagne. Une Bretonne est toujours contente de retourner au pays. Puis il y a moi. Je fais la gueule. Clairement, littéralement. Je n'ai pas envie de les quitter et je me sens totalement égoïste.

D'un coup, l'autre couple annonce qu'elles doivent aller à la gare pour leur train, Romane souhaite faire du shopping avant son train. Et moi, face à Jenifer, je n'ai aucune idée de ce que je veux faire.

— Si tu veux partir, tu peux Jenifer.

— Tu rêves. J'ai mes enfants que ce soir alors je peux attendre avec toi.

Je hausse les épaules. J'ai vraiment envie de chialer en plein milieu du café, seule face à Jenifer. Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça. Je commence à me détester. Ce n'est pas la fin du monde de laisser Jen derrière moi. Je me hais pour mon égoïsme, mais je peux totalement rejeter la faute sur Jenifer, c'est elle qui m'a trop aimé pendant ce mois, c'est elle qui m'a prouvé qu'à deux on peut très bien vivre, sans les autres.

— T'as envie qu'on fasse quelque chose Ali ? Il faut qu'on bouge, je te sens dépérir là.

Je lance un regard à ma valise et franchement, je n'ai pas envie de promener dans Paris avec elle. Elle est beaucoup trop lourde, trop grosse. Puis pour être honnête, je n'ai aucune envie particulière à cet instant-là.

— Il est à quelle heure ton train ?

— Midi dix, lui répondis-je du tac au tac.

— Ca nous laisse... une petite heure et demie.

— J'ai la flemme de bouger avec la valise.

— On se rapproche de la gare ? Elle n'est pas bien loin. On prendra un autre café là-bas.

— Ouais si tu veux.

Jenifer se lève et va payer nos cafés. On quitte l'établissement et on marche dans la rue. Avancer vers la gare ne me procure pas de plaisir. J'ai toujours ce même mauvais pressentiment qu'hier. Il m'a lâché le temps de la soirée, des sourires de Jenifer, mais il m'est revenu en plein visage dans la nuit. Je ne sais pas pourquoi, mais on ne devrait pas se séparer elle et moi. Ça va nous détruire. On arrive à la gare et à la place de trouver un café, Jenifer s'installe sur le banc du piano mis à disposition. Elle me laisse une petite place et touche quelques touches. Ça résonne dans la gare et tout le monde se met à nous regarder.

Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant