CHAPITRE BONUS 2 - PARTIE 2

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Point de vue Jenifer

24 janvier 2024

(suite)

Avant la tournée Renaissance, j'avais perdu du poids, ça se voyait. Personne n'en parlait, pourtant, je le savais. Mais depuis Ali, depuis notre année à Angoulême, j'ai repris. À qui la faute ? Au bonheur, non ? Et à la mère d'Ali, qui, je ne sais pas pourquoi, avait peur que l'on meurt de faim, alors on était invité chez les Delaunay tous les dimanches midi et on arrivait toujours à repartir avec des tupperware. Les kilos que j'ai pris, il ne faut pas leurs chercher d'autres causes. Puis, même si on bouge souvent avec Ali, on est partisanes du moindre effort pour le soir et c'est souvent qu'on regarde un film ou une série. Enfin, quand on arrive à se voir, parce que ces derniers temps, ce n'est pas ça. Nos emplois du temps ne coïncident pas et on ne fait que se croiser. C'est pour ça que je veux la demander en mariage, j'ai besoin qu'elle sache que même si le temps nous manque, je suis là pour elle et je veux qu'elle sache qu'on vit notre meilleure vie toutes les deux. J'ouvre enfin mon armoire et je regarde les vêtements que j'ai. Je n'en manque pas, pourtant, je galère à trouver ce qui pourrait plaire à celle qui je l'espère, sera ma fiancée à partir de ce soir. J'attrape une combinaison noire et me dirige vers la salle de bain. En peu de temps je suis changée, maquillée et coiffée. Je pense qu'Ali va être surprise. Je suis rarement dans ce genre de tenue lorsqu'elle rentre aussi tard. En temps normal, je suis plutôt en pyjama, à moitié en train de dormir sur le canapé. Ça va lui faire plaisir. J'ai hâte. Mais ma main recommence à trembler. Fais chier. Il faut que ça s'arrête. De quoi est-ce que j'ai vraiment peur ? Je relève la tête vers le miroir et constate qu'une larme perle au coin de mon œil. Je n'y avais même pas prêter attention. Je ne l'avais pas senti non plus. Mon cœur se resserre et plusieurs souvenirs me reviennent à l'esprit, notamment ceux avec Paul. Sa demande en mariage à lui. On était chez nous, c'était un peu comme aujourd'hui, il ne m'avait rien offert d'exceptionnel, à part peut-être la bague, et il m'avait demandé en mariage. Je le voulais, il le savait, mais c'était venu de n'importe où. J'étais surprise, mais si heureuse. Je pense qu'Ali le sera tout autant que moi ce jour-là. J'étais si amoureuse de lui et qu'est-ce qu'on est devenu ? On ne s'est jamais marié tous les deux. Jamais. Et si ça faisait pareil avec Ali ? Et si au bout d'un moment on se lassait l'une de l'autre ? Si on ne se mariait jamais au final ? Je ne prête pas attention aux larmes qui ruinent mon maquillage. Avec Paul, tout s'est passé si vite, je n'ai rien compris, on m'a enlevé des bras de l'homme que j'aimais et je me suis retrouvée chez mon ex-compagnon, avec mes deux enfants. J'ai pris ma maison, pour me libérer des mots de Uri qui me semblaient si durs à l'époque, alors qu'il ne souhaitait qu'une chose : m'aider. M'aider à quoi ? J'entends quand on me dit que Paul m'a fait du mal, mais je suis persuadée du contraire. C'était Paul après tout. Même si nous nous sommes détruits lui et moi, nous reprenons contact tous les deux, pour Léandre. Et si c'était pareil avec Ali ? Si on finissait par juste se détruire ? Car je le sais, si elle part, si on décide de tout arrêter, je serais encore plus détruite qu'avec Paul. C'est nul d'avoir peur pour ce genre de choses ! Ali n'est pas Paul ! Mon téléphone sonne derrière moi, je me tourne et regarde qui m'appelle. Ismaël. J'essuie mes larmes et lui répond. Une nouvelle fois, j'ai peur, pas la même que pour Ali tout à l'heure, là j'appréhende ce qu'il va me dire.

— Chéri ?

— Maman !

— Il... il y a un problème ?

— Non, pas du tout. C'est juste que ça fait longtemps que je ne t'ai appelé et là j'ai un peu de temps. Je te dérange ?

— Ouf, j'avais peur que tu aies un problème. Si ton seul problème est que je te manque ce n'est pas grave ! Tu ne me déranges jamais mon grand.

— Bien sûr que tu me manques maman ! Parle-moi de toi, qu'est-ce qu'il se passe sur Paris ?

Comme s'il savait que j'avais besoin de parler, d'enlever le poids sur mon cœur, il me demande de mes nouvelles. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, mais tout de suite, je lui parle de la demande en mariage. Ça me soulage et ses mots m'encouragent encore plus. De simples paroles pour me dire qu'il ne m'a jamais vu plus heureuse qu'avec Ali, que moi aussi j'ai le droit au bonheur. Il trouve les mots pour que je reprenne confiance en moi, il me dit ce que normalement une mère dit à son fils quand il a une baisse de moral. Les rôles s'inversent et sur le coup, ça ne me déplaît pas.

Nous passons peut-être une heure, ou plus au téléphone. Après avoir discuté demande en mariage, il a commencé à parler de lui, de son nouveau compagnon à quatre pattes et de sa nouvelle petite-amie. Il ne voulait pas trop m'en parler, mais il sent que c'est une fille bien pour lui. Étant loin, géographiquement parlant, je ne peux pas le vérifier, mais j'écoute la façon dont il m'en parle. Elle lui fait du bien. Après, il m'a déjà parlé comme ça de son ex et ça n'a duré que trois mois. Ismaël plaît énormément et je le sens volage, pas encore prêt à se poser alors qu'il aimerait vraiment avoir sa petite vie avec son amoureuse. Je ne lui fais pas part de sa possibilité de simplement profiter de la vie, et j'acquiesce quand il me dit que c'est sûrement la bonne. Redescendue dans la cuisine, je remarque qu'il est vingt-deux heures. Merde, le temps passe trop vite.

— Mon grand, j'adore discuter avec toi, mais il est tard et Ali ne va pas tarder à rentrer. Je vais te laisser. On se rappelle plus tard ?

— Pas de problème, je vais aller dormir moi. Et maman !

— Oui ?

— Elle va te dire oui. Arrête d'avoir peur. Tu es la femme parfaite pour elle.

— Merci Ismaël.

— Je t'aime maman.

— Moi aussi.

— Tu passeras le bonjour à ta fiancée.

— Arrête, je vais stresser.

— Aller, bonne soirée. Tu es la meilleure maman. Bonne nuit.

Je lui murmure un « bonne nuit » et il raccroche. Je reste quelques minutes, immobile sur mon canapé, Alfred près de moi. Je suis la meilleure, c'est ce qu'il m'a dit. Oui je suis la meilleure ! Je me relève du canapé, surprend Alfred qui lève la tête vers moi. Je me tourne vers lui.

— Pas vrai que je suis la meilleure ? Et ta mère va m'épouser ?

Il aboie, comme pour me répondre. Je souris, lui caresse la tête. Je retourne à l'étage pour refaire mon maquillage. Hors de question de pleurer maintenant ! Je suis la meilleure.

Remise aux fourneaux en essayant de ne pas me salir, j'attends patiemment l'arrivée d'Ali. Je commence même à me plaindre qu'elle est longue à rentrer. C'est bête, car je n'arrête pas de lui dire de prendre son temps sur la route, qu'elle a tout son temps pour rentrer, mais là, j'aimerais qu'elle soit déjà là. J'aimerais pouvoir l'embrasser, elle me mettrait encore plus en confiance. Cependant, je profite de ces minutes gagnées pour peaufiner ce que je vais lui dire pour la demander en mariage. Chaque fois que je me le récite dans la tête, il y a un mot qui change. Ce sera court, ça ne sert à rien d'être long, de s'emmerder avec les détails. Je lui dirais juste qu'elle a changé ma vie, que je n'imaginais pas qu'un jour je serais près d'elle, un genou par terre pour la demander en mariage, pourtant, dès le premier jour, notre première rencontre, ça semblait évident. Du moins pour moi c'était évident. Elle était un coup de foudre, instantanée, que j'ai réussis à oublier avec la distance, jusqu'à ce que je choisisse de nous laisser une chance. Je souhaitais que mon cœur s'emballe en la présence de quelqu'un et je savais qu'avec Ali, ça se passerait comme ça. Je finirais par lui dire que j'ignore totalement ce que la vie nous réserve à toutes les deux, mais dans tous les cas, j'ai hâte de le découvrir, à ses côtés, parce que je l'aime. À chaque voiture qui passe dans la rue, Alfred se précipite à la porte, alors que moi, je m'avance vers la fenêtre. À chaque voiture, une déception, ce n'est pas Ali, jusqu'à ce que ce soit elle. Les battements de mon cœur s'accélèrent, le rouge me monte aux joues, j'en suis sûre. Je m'en vais dans la cuisine, une reine doit savoir faire son entrée. La porte s'ouvre, je dois me calmer. C'est maintenant. Non, j'attends un peu. J'attends. Je ne dois pas me jeter sur elle comme un fauve affamé, même si j'ai totalement l'impression d'être ce fauve en cage. J'ai tourné toute la journée avant son retour, il s'est passé tellement de choses, tellement de faiblesse de ma part, mais comme le dit Ismaël, je suis la meilleure. Je prends une grande respiration et je sors de ma cuisine pour la rejoindre. Elle est si belle, même épuisée par sa journée. Alors qu'elle me sourit avant que je la salue, tous mes doutes s'envolent. C'est elle que je veux, c'est nous.

— Bonsoir.

— Salut.

Et je m'avance vers elle pour l'embrasser, pour toucher ses lèvres qui m'ont tellement manqué et que j'affectionne tant.

Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant