CHAPITRE 78

228 14 0
                                    

Peut-être une heure après, nous avons pu aller voir Jenifer dans le box que les urgences lui ont donnés. Elle ne s'est toujours pas réveillée, mais l'infirmière nous a dit que ce n'était qu'une question de temps. Du temps qui commence à devenir long. Je m'impatiente. On est tous rongé par ce même sentiment. Elle devrait ouvrir les yeux à force de se sentir observée par tout le groupe que nous sommes. D'ailleurs, je me demande si elle ne va pas prendre peur en nous voyant aussi nombreux. Déjà, la plupart devrait partir puisqu'ils ne la voient que comme une machine à fric. Big up à son manager. En fait, il est là juste pour s'assurer que son compte en banque va rester fournis pour les prochaines années. Travaillant avec elle, il aurait dû sentir que Renaissance ne lui plaisait pas, parce qu'elle est mauvaise pour cacher ses sentiments, pourtant il l'a obligé, il voulu l'argent, l'album, la tournée et toujours le fric. Comme si Romane lisait dans mes pensées, elle prend la parole.

— Je trouve qu'on est trop nombreux, moi-même j'étouffe.

— Pars si tu étouffes, répond le manager de Jenifer.

Romane s'immobilise, je crois qu'elle ne s'attendait pas à une telle réponse. Je lève les yeux vers l'homme qui a le visage fermé. Romane se rassoit à côté de moi et souffle bruyamment. Je pose ma main sur les siennes et lui murmure un « merci ». Romane tente toujours de faire son mieux, c'est elle qu'on envoie au casse-pipe, car on sait que rien ne lui fait peur. Ça devait être elle qui demandait de déplacer le jour d'un contrôle au collège, celle qui devait inventer une épidémie pour ne pas aller courir sous la pluie en sport. Romane n'a peur de rien, même pas de se faire remettre en place. De toute façon, je sais qu'elle n'en tiendra pas compte. D'ici dix minutes, elle aura oublié. Des chuchotements troublent le silence et mes yeux cherchent à comprendre. Ceux de Jenifer s'ouvrent difficilement et tout de suite, je la sens perdue, étouffée peut-être par le nombre qu'on est. Elle me cherche du regard et quand ses iris se posent sur moi, les traits de son visage se détendent. Un espèce de sourire naît. Elle fixe ensuite son manager qui commence à lui parler, pour finir sur un :

— On va attendre le médecin pour savoir ce qu'il a à nous dire.

La main de Jenifer se pose sur l'avant-bras de son manager.

— J'aimerais qu'il y ait moins de monde. Je ne sais pas quand le médecin arrivera, mais sortez. S'il vous plaît.

— On ne va pas te laisser seule Jenifer.

— Je veux simplement mes musiciennes. Merci.

On nous dévisage et ils finissent par partir de la pièce. L'air devient plus respirable. Jade est la première à venir s'asseoir près de Jenifer pour parler.

— Tu nous as fait peur. Tu te sens comment ?

— Fatiguée, mais ça va.

On lui sourit faiblement, et Ambre annonce qu'elles vont nous laisser seules, Jenifer et moi. Après quelques câlins furtifs à la chanteuse, les filles partent à leur tour. Je m'approche de ma petite-amie, qui plus j'approche, plus ses yeux se mouillent. Les miens aussi par la même occasion.

— Prends-moi dans tes bras, me lance-t-elle la voix tremblante.

Je ne perds pas une seconde pour la prendre contre moi, sentant à nouveau sa respiration sur mon cou, sentant son cœur battre à la chamade sous ma poitrine.

— Tu m'as tellement fait peur Jeni, lui avouais-je.

— Je suis désolée.

Alors que je ferme les yeux pour la sentir encore plus proche de moi, l'image de sa chute me revient à l'esprit. Je me recule doucement et pose mes mains sur son visage. Elle est bien vivante, bien là. Un peu blanche, mais elle me regarde dans les yeux. Je m'assois à côté d'elle en prenant une chaise, sans jamais lâcher sa main.

Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant