CHAPITRE 41

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Ça ne va pas aujourd'hui. Vraiment. Je n'ai pas envie de me lever, de sortir de ma chambre. D'ailleurs, avant le réveil de Jen, je suis partie dans ma chambre. Je sais que je ne suis pas de bonne compagnie quand je ne vais pas bien et je n'ai pas envie d'avoir une parole de travers avec Jenifer, elle ne mérite pas ça. Même, je crois que je n'ai jamais été aussi mal qu'aujourd'hui et Jen ne m'a jamais vu comme ça. Il fallait bien que ça arrive, je ne peux pas être heureuse tous les jours de ma vie. En plus, si Jenifer savait ce qui ne va pas, elle se moquerait de moi. Nous sommes le 20 décembre et c'est notre dernier concert pour cette année ce soir. Après c'est notre trêve. Chacun d'entre nous retourne dans sa famille et moi ça m'inquiète. J'aime mes parents, plus que tout au monde, mais j'ai peur je crois. À vivre en tournée, on s'est créées une routine, une habitude et demain, en rentrant chez moi, je devrais mettre tout ça de côté. Puis, j'ai pris l'habitude de vivre avec Jenifer. Ça va me faire bizarre. On tape à la porte et je tourne la tête vers celle-ci. Merde, je ne voulais pas qu'on me dérange. Si je ne réponds pas, la personne partira.

— Ali, c'est Jen.

Ah bah non, elle ne partira pas. Je me lève de mon lit et vais lui ouvrir. La porte ouverte entre nous, on se regarde dans les yeux sans pour autant dire quoique ce soit. Elle me pousse pour rentrer et fermer la porte, puis ses bras viennent m'entourer. Je me retrouve contre son corps. Sa main se met à caresser mes cheveux. Ça se voit tant que ça quand je ne suis pas bien ? Ou peut-être que Jen commence à me connaître. Après quelques secondes dans les bras l'une de l'autre, elle se décale doucement. Ses doigts viennent se poser contre ma joue.

— Qu'est-ce qu'il y a Ali ?

Je hausse les épaules et tente de m'enfuir, mais Jenifer me rattrape et se rapproche à nouveau de moi.

— Je sens qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Tu peux m'en parler tu sais.

— Tu vas te moquer de moi.

— Arrête !

— La première partie de la tournée va se terminer ce soir. Et je sais pas, j'ai un mauvais pressentiment.

— Sur quoi il porte ton pressentiment ?

— Je ne sais pas. Sur la suite, sur les vacances, sur la deuxième partie, sur nous.

— N'aie pas de mauvais pressentiment sur la deuxième partie de la tournée et encore moins sur nous. D'accord ?

— Oui. J'ai pas envie qu'on termine ce soir.

— Je comprends totalement. Mais on va passer de bonnes vacances. On passera juste quelques jours loin l'une de l'autre, puis on se reverra.

— Ouais.

— Je crois que ça va te faire du bien de vivre loin de moi pendant quelques jours, rit Jenifer.

— T'es bête. Tu vas me manquer.

— Tu vas me manquer aussi Aliénor.

Elle me sourit et je vais un peu mieux. C'est vrai ce mauvais pressentiment. J'ai l'impression que cette tournée nous protège et que sans elle on va s'écrouler.

— Je voulais qu'on passe une dernière soirée toutes les cinq ce soir, après le concert.

— Ça pourrait être cool.

— J'ai vu qu'à Mulhouse il y a une fête foraine, ça te dit qu'on y aille. Avec les filles.

— Avec plaisir.

Jenifer, c'est la petite-amie parfaite et elle me l'a encore prouvé aujourd'hui. Toujours proche de moi, toujours à essayer de me faire rire pour que ce mauvais pressentiment quitte mon esprit. Ça ne fonctionne pas forcément, mais j'aime tout le cœur qu'elle met à me rendre heureuse. On a proposé aux filles de venir à la fête foraine après le concert. Bizarrement, contrairement à « La mouche » tout le monde s'est porté volontaire pour y aller. Alors, c'est juste après le concert que l'on chope une voiture pour parcourir notre quarantaine de kilomètres. Devinez qui doit conduire... Jenifer s'est proposée, mais j'ai vu à son regard qu'elle avait plus besoin de dormir qu'autre chose. D'ailleurs, madame est posée contre la vitre de la voiture, la bouche grande ouverte, la tête tapant contre la vitre à chaque vibration. Et je peux vous assurer que même comme ça, elle est jolie. Par le rétroviseur intérieur, je regarde les trois filles à l'arrière. Romane imite à la perfection Jenifer, en moins sexy pour être honnête et Jade dort la tête posée sur l'épaule d'Ambre. Il n'y a que la pianiste qui a encore les yeux ouvert, mais rivé sur son portable. La musique dans la voiture n'est pas forte et on les entend ronfler. Ambre lève les yeux vers moi et se retient de rire.

Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant