CHAPITRE 54

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Point de vue Jenifer

Oh merde, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas simulé pour que la torture s'abrège. Il y a bien longtemps que je ne l'avais pas fait et je n'étais pas sûre de mes performances pour cela. Il faut croire que ça a fonctionné. Il m'arrache un baiser que je n'ai pas espéré et se couche à côté de moi. Je tourne la tête vers lui, il semble avoir pris son pied. Au moins, ça a été bénéfique pour l'un de nous deux. Sa respiration se calme et il se met à rire. Il faut que je parte. Je dois y aller. Alors je me redresse, quitte le lit et me rhabille. À quoi bon rester là ? Clairement, je n'ai apprécié et je ne veux pas qu'il le remarque. Enfin, pour le moment, il est trop occupé à repenser à ses exploits, que seul lui a remarqué. À me souvenir de notre acte, j'en ai des frissons. Alors que je suis prête à partir, il se lève du lit et me coince contre la porte. Ça commence...

— Carole, reste.

— Je dois rentrer. Mon mari m'attend, tu sais, je t'ai expliqué.

— Joue un peu plus avec le feu Carole.

— Je l'aime.

— Si tu l'aimais vraiment, tu ne serais pas avec moi ce soir.

Mais merde, lâche-moi la grappe ! Son bras m'empêche d'ouvrir la porte et de partir. Tu le savais Jenifer que c'était une mauvaise idée ce coup d'un soir.

— J'y vais, d'accord ?

— Tu me rappelles ?

— C'est toi l'homme, c'est toi qui rappelles. Je t'ai laissé mon numéro.

Une nouvelle fois, il me vole un baiser, mais il me laisse partir. Je ferme la porte derrière moi et souffle. Les hommes, vraiment des merdes. Puis, il pourra me rappeler autant de fois qu'il veut, ce n'est pas mon numéro qu'il a. Il va tomber sur une Giselle et je vais être morte de rire de mon côté. Je retrouve ma voiture et commence à rouler.

Je n'ai pas apprécié ce que j'ai fais ce soir. Je n'ai pas aimé me retrouver dans les bras d'un homme. Pourtant, j'aime encore les hommes, j'en suis persuadée. Mais ce n'était pas lui que je voulais. C'était... Non, je ne peux pas dire son nom. Je ne dois pas dire son nom. Mais elle m'a manqué, et c'est avec elle que j'aurais voulu être. T'es bien conne Jenifer, vraiment.

Je me gare devant ma maison parisienne et je rentre dedans. J'ai l'impression d'entendre le cri de mes enfants, mais il n'y a personne. Je vais être seule pour ce soir. Je ne sais pas si c'est ce que je voulais. J'allume la lumière et me mets devant la télé.

Aliénor, quitte mon esprit, s'il te plaît. Pourquoi tu m'as dit que tu ne m'aimais plus ? Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que tu bluffes ? J'ai l'impression que c'est la vérité, que tu as réussis à passer à autre chose. Alors que moi je tourne en rond. Même si je te voyais tous les jours, j'étais sûre d'avoir réussi à passer à autre chose moi aussi. Puis il y a eu cette simple phrase, quelques mots et depuis tu ne quittes pas mon esprit. J'ai envie de te détester comme je me hais. Et en plus, il n'y a rien à la télé. En même temps, vu l'heure, j'ai le droit à la énième rediffusion des experts. Je me lève et marche dans le séjour. Non Jenifer. Tu l'as vu, mais non. Je me plante au milieu de la pièce et mon regard dévie sur la bouteille de vin posé là-bas. Non. Il ne faut... puis merde, juste un verre, ça n'a jamais tué personne. J'attrape un verre et le pose à côté de la bouteille. Est-ce que c'est nécessaire ? Du vin, sérieusement ? Bon, juste un verre alors. Je m'en sers un et ne perds pas une seconde pour le boire. Mon œil lorgne encore sur la bouteille. J'ai dis un verre Jenifer. Bon, un deuxième et c'est tout. Je m'en sers un second et part loin de la bouteille. Je continue de marcher dans mon séjour tout en buvant. Il y a tellement de choses dans ma tête que je n'arrive pas à tout assimiler. Ali, l'homme, ma mère, moi, ma culpabilité, ma débilité, mon alcool. Je trouve que mon verre se termine trop vite et, peut-être inconsciemment, je me dirige à nouveau vers la bouteille. Je regarde. Elle est bientôt vide. Au pire, vide-la. De toute façon, tu n'en as pas d'autres, c'est la dernière.

Des années de thérapie pour qu'en une soirée je retombe dans mes vices. L'alcool me monte à la tête, je le sens. La chaleur de l'alcool me prend aussi. Alors que c'est totalement faux, nous n'avons pas plus chaud quand nous buvons. Nous avons juste le nez rouge. Je pose mes doigts sur mon nez, il n'est pas chaud, il ne doit pas être rouge. Mon verre à la main, je vais chercher mon téléphone et active le réveil pour demain matin. Là que je suis à peu près stable, autant le faire maintenant. Puis je regarde mes contacts. Je m'oblige à ne rien envoyer à Ali. De toute façon, je lui écrirais quoi ? Je suis désolée. Aime-moi. Parce que moi je suis incapable de m'aimer, mais de toute façon, c'est de ma faute c'est moi qui t'aie largué. J'ouvre la conversation avec ma mère. Elle a été constructive ces derniers jours. Finalement elle arrive à être là pour moi, comme elle l'a toujours été.

« A : Maman

Appelle-moi à 9h stp. Si je ne réponds pas, insiste. »

Autant qu'elle me serve à quelque chose, que je ne fasse pas tous ces efforts pour rien. Je dépose mon portable et me remets à marcher dans le séjour mon verre à la main. Bêtement, la mélodie d'Au Soleil me vient à l'esprit et je fais quelques pas de danse. Un voisin me verrait comme ça, il me prendrait pour une folle. Heureusement, aucun vis-à-vis. J'aime ces moments seule, même si je sens que je vais sombrer. Loin de la folie, mais dans l'alcool. Ça me file un frisson quand j'y repense, pourtant, je ne peux m'empêcher de penser à une éventuelle autre bouteille chez moi. Je pose mon verre vide sur la table et je réfléchis. J'ai envie de boire, encore un peu et je suis persuadée qu'il me reste quelque chose. J'ouvre des placards pour ne rien trouver. Ça me rappelle ce jour où ma mère a débarqué chez moi après ma rupture avec Paul. J'avais sombré à cette époque-là. Je n'avais pas le droit parce que j'avais mes deux garçons, mais aujourd'hui, ils sont plus grands, ils vont s'en sortir. Je souris, bêtement à ce souvenir, à revoir ma mère balancer tout mon alcool dans l'évier. Je lui hurlais dessus, mais elle s'en fichait. Elle m'a sauvé cette fois-ci. Elle s'y est mal prise, pourtant, elle m'a sorti de la merde dans laquelle je m'étais mise. Là, elle le fera demain, mais c'est bête, cette fois-ci, c'est en partie de sa faute. Oh yes ! Une bouteille ! Du rhum. Bonne pioche. Mais attendez. Cette bouteille. Mon Uri. C'est lui qui me l'avait apporté. Un jour, il m'a déposé mon grand et il est resté pour dîner avec nous. On avait entamé cette bouteille. Miracle, pas de grand-chose. Je ne prends même plus la peine d'avoir mon verre en main, la bouteille me suffit amplement. Et maintenant, la mélodie de Folle et amoureuse me traverse l'esprit. Ça me rend folle d'être amoureuse, seule et dangereuse. Je suis vraiment seule et l'amour m'a fait devenir dangereuse. Je fatigue, comme une vieille que je suis. À croire que je ne tiens plus l'alcool. Je m'assois sur le canapé et remet la télé. Les Experts, Nagui, Cyril Hanouna. Peu de choses qui m'intéressent. Puis je tombe sur un dessin animé. Lola. La chamelle. Mon dieu sa voix me rendrait malade. Après une nouvelle gorgée d'alcool, je me mets à rire, comme une cinglée. Vraiment, si le voisin me voyait, il me prendrait pour une tarée, c'est sûr. Je ris devant ce dessin animé et je sens des larmes coulées sur mes joues. C'était notre truc avec Ali. Cette gamine avait trouvé les épisodes sur Youtube et m'obligeait à les regarder avec elle. Putain Ali, qu'est-ce que je fous ? Je dépose ma bouteille et je marche jusqu'à ma chambre. Ma valise de la tournée, elle a été faîte avant d'y retourner et en revenant ici, je ne l'ai pas rouverte. Je me penche dessus et je l'ouvre. Je fouille un peu dedans pour retrouver la figurine de Lola que Ali avait eu à Burger King. Je m'assois, les fesses par terre et je pleure encore. Ali avait crié quand Lola avait disparu, mais c'était moi qui lui avait pris. Je ne sais pas pourquoi, peut-être pour garder ce moment en mémoire. Ce jour où je l'aimais, ce jour où je la trouvais sublime.

Maman... J'ai besoin que tu me sauves encore une fois, sauve-moi de la merde dans laquelle tu m'as foutu.

Ose enfin l'amour [JENIFER FANFICTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant