PDV LOU
Le sommeil ne semble pas être de mon côté cette nuit. Je peine à m'endormir alors que le chalet tout entier est plongé dans une nuit profonde.
Et puis, l'orage ne m'aide pas forcément à rejoindre les bras de Morphée.
La respiration de Cam dans le lit d'à côté est régulière et calme.
Le tonnerre résonne soudainement, je décide de me lever et d'aller observer les éclairs sous le petit avant-toit de la terrasse en bois.
J'ai toujours eu ce réflexe et cette attirance pour ce climat particulier. Le vent, les éclairs, le grondement et la sensation de paraître minuscule. Depuis toute jeune, j'ai toujours adoré ces sensations.
J'entends du bruit derrière moi, alors que mon regard est absorbé par le temps.
- Ariel ne craint pas les orages ?
Je soupire en entendant le ton ironique de Camden.
- Non.
Il se plante à mes côtés avant de reprendre :
- Intéressant.
Intéressant ?
Il semble avoir compris le fond de mes pensées puisqu'il justifie :
- Mais je doute que tu t'intéresses aux orages de la même manière que moi.
Je pouffe.
- Pourquoi ? Tu nous cache le fait que tu sois scientifique ?
- Nan.
Son visage affiche des traits particulièrement sérieux.
Je l'interroge :
- Alors tu veux dire quoi par là ?
Il ignore ma question, et enchaîne directement :
- Donne-moi trois choses que tu aimes pendant un orage.
Je fronce les sourcils. Sa question est étrange, mais j'y réponds tout de même :
- Je dirais, la lumière des éclairs, le bruit du tonnerre qui me donne l'impression de ne pas être seule et le vent, plutôt agréable parfois.
Il déclare :
- C'est bien ce que je pensais, tu t'y intéresse, mais pas comme moi.
Je reprends alors sa question :
- Et toi ? Quelles sont les trois choses que tu aimes durant un orage ?
Il ne réfléchit pas un instant et m'annonce :
- L'obscurité, l'attente jusqu'au prochain tonnerre et la solitude.
Plus il s'exprime, plus je le vois sous un autre jour. C'est clair désormais. Il n'est pas celui qui se pointe avec son air de crétin devant le lycée. Il a l'air bien plus profond. Plus intriguant.
Il me regarde et prend de nouveau la parole :
- C'est tout le contraire, là où tu vois la lumière, je vois l'obscurité et là où tu aimes l'impression de ne pas être seule, moi, je ressens la solitude.
- C'est vrai, mais ça reste un point commun.
Il ne sourit pas, ses expressions restent neutres, il ne dit plus rien non plus et se concentre sur les flashs dans le ciel.
Je casse le silence :
- J'aime l'effet de surprise aussi.
Il se détache des nuages sombre et me fixe.
Je reprends :
- Je déteste attendre comme toi le prochain coup de tonnerre, je décide de ne pas l'attendre, et de simplement avoir l'effet de surprise.
Un de ses coins de lèvre se soulève légèrement pour former un petit rictus.
- C'est étonnant.
Je ne comprends pas.
- Comment ça ?
Il sort une cigarette et l'allume pour la porter à ses lèvres, puis recrache la fumée qui s'élève dans les airs.
Il reprend :
- Pour certain, l'effet de surprise est effrayant, ou putain de flippant. Pas pour toi apparemment.
Je ne retiens pas mon rire :
- Ouais, c'est peut-être étrange, mais c'est ce qui fait tout le charme, c'est imprévu, surprenant et flippant. Mais pour moi, c'est reposant tout en étant excitant à la fois.
Il lève un sourcil avant de terminer son poison.
- Ouais.
Je souris, tandis qu'il fixe de nouveau le ciel. Je décide de le laisser seul un moment.
- Je vais retourner me coucher.
Il hoche la tête, en restant planté là, sans bouger, le regard tourné vers le ciel couvert.
Je rejoins mes draps frais, puis tente de fermer l'oeil et de trouver le sommeil, pourtant, malgré la fatigue, je repense à ce qu'a dit Camden.
« C'est tout le contraire de toi, là où tu vois la lumière, je vois l'obscurité et là où tu aimes l'impression de ne pas être seule, moi, je ressens la solitude. »
Voulait-il sous-entendre qu'il n'est pas commun ?
J'entends des pas dans le couloir, signe qu'il est rentré.
Ma lampe de chevet allumée, je distingue la poignée de la porte bouger. Les cheveux blonds indisciplinés de Cam, habituellement cachés sous sa casquette, apparaissent dans l'encadrement de la porte.
Il a dû s'apercevoir que la lumière était allumée, puisque jusqu'ici ses gestes étaient doux, sûrement pour ne pas me réveiller.
- Tu pionce pas ?
Je secoue la tête négativement, cachée presque entièrement sous la couette.
Il s'installe dans son lit, les deux bras derrière sa tête, fixant le plafond.
Je l'observe distraitement, guettant chaque trait de son visage, ses muscles se contractent par moment, la lumière se reflétant sur son torse sculpté.
Détailler chaque petite chose chez lui est incroyablement fatigant, il a quelque chose qui m'intrigue, et que je n'arrive pas à déceler.
- Dors, tu vas être crevée.
Sa voix rauque me surprend légèrement, cassant le silence qui s'était installé.
- J'y arrive pas.
Il détache son regard du plafond, et tourne ses iris dans ma direction, ses yeux noisette me transpercent, cependant, je ne perçois aucunes émotions à travers.
Mes yeux commencent à se fermer d'eux-mêmes, sans que je ne contrôle le sommeil qui m'emporte.
Ma dernière vision avant que je ne plonge dans les bras de Morphée sont ses prunelles sombres qui me détaillent comme je l'ai détaillé quelques minutes avant.
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Apprends-moi
RomanceTOME 2 Et si l'amour n'était pas destiné à tous ? Camden Bewers n'en fait pas l'exception. Depuis son plus jeune âge, il ne connaît ni l'attachement, ni ce sentiment renommé que les romans classiques vantent. Ou du moins, il n'en a pas conscience. ...