Chapitre 43

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PDV LOU

Après avoir observé les étoiles un moment, Noah a fini par demander d'aller se coucher. Je m'apprête à quitter la chambre où il est confortablement endormi.

Camden est toujours assis sur les marches du porche d'entrée.

Je reste un moment derrière la porte avant de le rejoindre.

J'ai pris conscience que vouloir à tout prix découvrir qui il était sans même avoir sa coopération, était presque mission impossible. Mais plus que tout, je ne veux pas empirer son mal-être plus qu'il ne l'est déjà. J'ai compris aujourd'hui que ce qu'il a vécu, ou ce qu'il vit encore, n'est pas si simple à aborder. Je ne sais pas tout, mais j'en sais bien assez, pour pouvoir assimiler qu'il me dévoilera ce qu'il voudra quand il s'apercevra qu'il en a besoin. On ne peut pas tout renfermer en soi, il y a forcément un moment où l'on a besoin d'extraire nos émotions, où l'on a besoin d'exprimer notre colère, notre chagrin, notre inquiétude face à l'avenir ainsi que notre... Souffrance.

J'appuie doucement sur la poignée avant d'ouvrir la porte, puis de la refermer derrière moi. Je m'assois de nouveau à ses côtés.

Il ne bouge pas d'un pouce, le regard ancré au ciel nocturne. Je fixe chaque trait de son visage, en passant par ses longs cils, ses pommettes bien définies, encore légèrement amochées, sa mâchoire ciselée et ses lèvres fines.

Sa voix rauque me surprend tout à coup lorsqu'elle brise le calme qui régnait.

- J'étais encore qu'un petit gamin.

Je fronce les sourcils, pas certaine de comprendre, il enchaîne sans que je ne puisse dire quoique ce soit :

- J'étais encore qu'un môme quand j'ai été placé dans un centre d'adoption. J'avais quelques mois, tout au plus.

Lorsque je comprends qu'il s'apprête à en dévoiler davantage sur lui, je l'interromps :

- Cam, tu /

Son regard se plante sévèrement dans le mien, si bien que je ne termine pas ma phrase et le laisse continuer.

- Je ne m'en souviens même plus, ni même des premières familles dans lesquelles j'ai été assigné.

Toute mon attention se concentre sur lui, écoutant attentivement sa voix, comme pour y percevoir ce qu'il ressent.

- Je ne restais pas bien longtemps dans un foyer, passant de l'un à l'autre, je les enfilais sans répit. En étant qu'un « bébé », j'ai dû rester peut être trois ans dans la même famille, mais déjà, là, j'étais colérique, et n'écoutais rien.

Ses sourcils se froncent, son regard fixe ses jointures abîmées de l'autre soir.

- Par la suite, tout est devenu encore plus compliqué. En grandissant, mon comportement s'est empiré, j'ai commencé a traîné dans les rues avec des abrutis. À dix ans, j'avais déjà bu ma première bière, à treize, fumé mon premier joint, sans compter les alcools plus forts et les bastons plus j'évoluais.

J'ose tenter une question :

- Pourquoi avoir un comportement comme celui-ci ?

Son regard dévie lentement vers moi.

- Lequel ? Celui d'aujourd'hui ou d'avant ?

Je hausse les épaules, parce qu'à vrai dire, je ne sais pas par lequel commencé. Il enchaîne :

- J'ai commencé depuis tout gosse, alors, je dirais que ça vient du milieu dans lequel j'ai grandis. J'ai très vite compris que ça n'était que des familles d'accueil, quand une assistante sociale passait régulièrement dans le foyer pour voir comment ça se passait, puisque j'étais déjà un enfant "turbulent".

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