Chapitre 6

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PDV CAMDEN

Je roule toujours, en direction d'une route qui m'est devenue bien familière.

J'arrive rapidement dans l'une des rues de Strambridge les moins bien fréquentées.

À peine sorti de ma bagnole qu'un type vient instantanément me faire chier.

- Alors mec ? T'as ce qu'il me faut ?

- Déconnes pas, je viens de me pointer.

- Ouais s'cuse moi, je t'attends au même endroit que d'habitude.

Je ne dis rien de plus. Ses yeux cernés ne m'impressionnent désormais plus, contrairement à mes débuts dans cette organisation. Et comme la plupart des personnes ici, il sent le cannabis à plein nez. Il n'a sûrement pas pris que ça.

J'ouvre l'une des portes métalliques de la rue. Un type se tient à l'entrée, il m'arrête, je le regarde silencieusement, en me reconnaissant, il me laisse passer.

Celui que je veux voir, est assis à son bureau, comme d'habitude. Il me voit avancer vers lui, le blanc de ses yeux est actuellement traversé par des vaisseaux rouges sang. Tareck daigne enfin relever les yeux vers moi et s'exclame :

- Mon bon vieux Cam, tu viens te recharger ?

Je lui dépose une liasse de billets importante sous le nez.

- J'ai tout vendu.

Un sourire victorieux prend place sur ses lèvres.

Il regarde la liasse et l'approche de son nez en inspirant exagérément l'odeur du papier.

- C'est bien. Suis-moi, je vais te recharger en came.

- Nan.

Il relève rapidement son regard vers moi.

- J'peux pas cette semaine.

- Qui te donne le droit de refuser de dealer ma « marchandise » ?

- Toi.

Il fronce les sourcils. Je continue :

- Tu sais très bien que si tu refuses de me donner champs libre une semaine, tu perds ton meilleur dealer.

Il affiche un sourire, à moitié vaincu.

- Très bien. Une semaine.

Je ne dis rien et repars tranquillement, avant de rejoindre ma caisse, mais le gars de toute à l'heure revient à la charge :

- Alors, t'as ma dose ?

Je le regarde, excédé :

- Pas cette semaine.

Ses traits se déforment :

- Tu déconnes ? J'vais faire comment ?

Je souffle :

- J'ai pas le temps là.

Il me regarde de travers. Je commence à m'éloigner :

- C'est ça, casse-toi.

Je secoue désespérément la tête avant de faire gronder le moteur et me casser de là.

C'est devenu un environnement presque familier pour moi, comme pour un étudiant lambda se rendant dans le café du coin. À la différence que me concernant, il ne s'agit pas d'un café, mais de marchandises quelque peu différentes, et je peux parfois en ressortir avec un ou deux coquards si jamais je fais le con.

Les coups récents de mon père sont encore douloureux, mais c'est devenu un quotidien. Je n'y fais presque plus attention.

J'arrive devant chez Chris et Isabelle plus rapidement que d'habitude, j'ai dû dépasser la limitation de vitesse.

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