Chapitre 9

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PDV CAMDEN

Installé sur l'un des tabourets du bar, je bois ma deuxième bière depuis que je suis arrivé, les autres discutent tranquillement autour du feu.

Ils ont l'air de plaisanter, mais je n'ai pas envie de les imiter ce soir.

Il y a des moments où je prends conscience et ou je sais pertinemment que ma vie n'est pas la même que la leur.

Il faut qu'on parvienne à m'expliquer comment sortir un mec comme moi de la merde.

J'ai grandi sans réelles famille autour de moi. J'ai appris à faire tout, tout seul...

Je sens que quelque chose s'agite à mes côtés, je reconnais rapidement les cheveux de Lou. Elle semble examiner ce que je bois, puis elle s'adresse au barman :

- Une bière pour moi aussi.

Je la regarde du coin de l'œil, mais elle ne se gêne pas pour se tourner entièrement vers moi. Je fais mine de ne rien voir en apportant le goulot de la bouteille verte à mes lèvres.

- Tu vas finir par me dire pourquoi tu fais tout le temps la gueule ces temps-ci ?

Je ne prends toujours pas la peine de la regarder.

- J'fais pas la gueule.

Elle pouffe de rire, avant de remercier le barman qui lui apporte sa boisson.

- Tu t'en rends même pas compte.

Je hausse les épaules. Elle continue :

- Toi qui plaisantes sans arrêt habituellement, c'est curieux de te voir comme ça.

- Faut croire que je ne suis pas aussi drôle.

Elle repose sèchement sa bière après en avoir bu une gorgée.

- Cam, arrête de faire le malin...

Cette fois je daigne dévier mon regard vers elle. Elle enchaîne :

- Pourquoi t'es comme ça ?

Je fronce les sourcils, en m'emportant un peu :

- Quoi ? Comment ça « comme ça » ?

Elle ne sourcil pas et son regard surveille le moindre fait et geste que je fais.

- Je ne sais pas. J'ai l'impression que tu n'es pas... Toi. Pourquoi tu ne plaisantes plus ? Tu ne rigoles plus autant.

- Parce que je ne suis pas comme ça.

Mon ton est sec, comme pour lui avertir qu'elle s'engage sur une voie dangereuse qu'il ne faut surtout pas emprunter avec moi. Je la regarde, et déclare, irrité :

- Je dégage de là, tu m'emmerdes.

Je descends sèchement du tabouret, et me casse du feu de camp, pour retourner au chalet.

J'y arrive en quelques minutes, mais me rends compte que je n'ai pas les putains de clés.

Je fais le tour de la baraque pour me poser sur un des transats du jardin.

Je sors une clope et tire une taffe qui vient noircir un peu plus mes poumons.

Toujours en train de se mêler de ce qui ne la regarde pas putain. C'est quoi son problème ?

Ouais, je ne plaisante plus, je ne rigole pas, parce que je n'ai pas de raisons de le faire. Et faire semblant sans arrêt ça commence à me casser les couilles. Ils devront s'y habituer et se faire une raison. Adieu le Camden crétin, qui essayais de se contenir. Je serais simplement le Camden, ennuyeux et con, qui se fout de ce qui l'entoure.

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