Chapitre 48

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PDV CAMDEN

Je la dévisage sans relâche, passant de ses lèvres, a ses épaules nues, je n'arrive pas à ôter mon regard de son corps attrayant.

Je ne sais plus où donner de la tête, j'ai des putains de questions à la con qui ne font que me foutre les nerfs à bout.

Tu ne regrettes pas. Ouais putain, tu ne regrettes pas de l'avoir fait, et pourtant de mon côté, j'ai la nette impression que c'était une connerie monumentale. Tu as perdu ta virginité avec un mec comme moi, ça ne te dérange pas ? Tu sais au fond, tu sais que demain, je ne serais pas le Camden que tu as en face de toi actuellement.

Elle doit remarquer mon état d'interrogation, puisque ses sourcils se froncent.

- Lou ?

Elle me fixe sans interruption :

- Oui ?

Je cherche mes mots pour ne pas déraper.

- Il faut que tu te rendes à l'évidence. Cette nuit, c'était... Stupide.

Son visage change du tout au tout, déformer par l'incompréhension, je suppose.

Je complète :

- Faire ta première fois avec moi, alors que tu savais pertinemment que les autres fois se passeraient avec un autre, ça aurait dû te rebuter dès le départ.

Son air se corse, et c'est à son tour de se prononcer.

- Parce que tu sais déjà que les prochaines fois ne se passeront pas avec toi ?

Je la regarde très sérieusement :

- Au fond, tu le savais. Je ne suis pas du genre à me caser.

Elle baisse les yeux, mais pas de déception. Non, contrairement à ce que j'aurais pu penser, elle sourit.

Pourquoi tu souris ?

Elle me regarde et son petit sourire s'atténue un peu.

- Je ne regrette pas de l'avoir fait, je crois que c'est le seul point positif. L'avoir fait, avec toi, ce n'est pas le problème en tout cas. Il fallait bien que je l'expérimente un jour.

Je hausse simplement les épaules. Elle enchaîne :

- Ce que je regrette, c'est d'avoir pu croire à un espoir de le refaire avec la même personne. Trop naïve apparemment.

Elle se penche vers sa petite commode et en sort un short qu'elle enfile rapidement sous la couette, et un tee-shirt.

Tout en sortant des draps, elle annonce :

- J'aurais dû te devancer, et me mettre dans la tête que c'était la première et dernière fois avec toi. C'est pigé.

Je fronce les sourcils.

Il y a un truc qui cloche. Pourquoi tu le prends si bien ?

Je sors moi aussi des draps, à poil, puis enfile mon caleçon resté à terre.

Ses agissements à cet instant sont trop brusques et bien trop soudain pour que la situation soit si maîtrisée. Je la regarde ramasser ses vêtements de la veille, dos à moi, en les pliants, alors qu'ils vont certainement partir au sale.

La voir s'activer de si bon matin me fait mal au crâne, je place une main imposante sur son épaule. Elle se retourne subitement pour me faire face. Cependant, comme je l'avais anticipé, son attitude n'est pas habituelle. Ses yeux sont brillants et rougit, elle ne pleure pas, mais je la soupçonne d'en n'être pas très loin.

- Qu'est que tu veux Cam ?

J'en sais foutrement rien.

Avant même que je ne puisse me justifier, elle dégage faiblement ma main de son épaule, pour retourner à ses occupations. Mais c'est en comprenant qu'elle se planque pour chialer que je la retourne brusquement face à moi, une nouvelle fois.

Une larme s'échappe d'une de ses paupières. Elle l'essuie furieusement comme à son habitude.

- Arrête ça ! C'est le résultat que tu voulais non ?

Quoi, la voir chialer ? Elle débloque complètement !

Elle prend la parole un peu plus en colère.

- Y'en a qui ont des putains de sentiments, et ce n'est pas parce que tu n'en ressens plus depuis gosse, que les autres sont comme toi ! Je ne suis pas comme toi, j'ai des émotions et aussi des espérances. Dont une qui apparemment vient d'être totalement ruinée, Camden.

Elle doit certainement faire référence à ce qu'elle m'a dit quelques instants plus tôt.

"Ce que je regrette, c'est d'avoir pu croire à un espoir de le refaire avec la même personne."

C'était l'une de ses espérances que j'ai réussies à anéantir en seulement quelques secondes.

Elle s'arrache une nouvelle fois de l'emprise que j'ai sur elle, en me fixant droit dans les yeux. Son ton se brise légèrement :

- J'ai compris. Je suis désolé de ce qu'il t'est arrivé étant gamin Camden, et je comprends ce que tu ressens, mais il faut que tu apprennes à te défaire de ces funestes souvenirs, parce que ça te porte préjudice.

Je recule d'un pas comme pour me protéger de la vérité qu'elle est en train de me faire assimiler.

- Tu sais, la première fois que j'ai fait ta rencontre, j'ai immédiatement pensé que t'étais ce genre de crétin qui plaisantait pour n'importe quelle raison.

Je baisse le regard.

Ouais, c'était compliqué de faire semblant quotidiennement.

- Mais au fur et à mesure que je te voyais faire, et rire, j'ai rapidement compris, que derrière ce sourire, tout n'était pas si simple, ce n'est pas ce qu'on dit d'ailleurs ? "Les plus drôles sont souvent les plus malheureux." ?

Comment a-t-elle pu y voir si clair ?

- On croyait que tu allais bien sans-arrêt, moi la première. Que tu gardais le sourire, et que ces blagues, tu les faisais simplement pour faire rire la galerie. Mais en vérité, ce n'était qu'une retranscription de ce que tu voulais faire voir. En fait, derrière tous ces sourires, tu dissimulais toutes tes faiblesses.

Quand-est ce que tu vas arrêter de voir juste ? Tais-toi un peu.

Mes poings se serrent, cependant, j'attends de voir jusqu'où a-t-elle pu me cerner.

- Tu étais jeune, et tu ne pouvais t'appuyer sur personne. Est-ce que tu sais au moins ressentir les choses ? Percevoir qu'au fond, tu as des sentiments ?

Je ne réponds pas.

À quoi bon ? Elle est déjà presque certaine de la réponse.

- Il faut que tu te fasses une raison, ton passé et renfermé dans un bouquin où il est à présent classé avec tous les romans ayant une fin merdique. Mais qui te dis que tu ne peux pas recommencer, et entamer une nouvelle histoire Cam ?

C'est vrai ? Est-ce que ce qu'elle dit est la vérité ? Est-ce qu'après avoir vécu toutes ces choses, je suis capable de pouvoir recommencer du tout début ?

Apprends-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant