Chapitre 62

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PDV CAMDEN

Le cercle qui s'était formé autour de nous se désintègre rapidement, et chacun retourne à son ancienne occupation. Moi, je reste là, planté comme un con à me repasser les derniers événements dans ma tête.

Putain, j'ai sacrément merdé.

Asher me fait rapidement face et hausse les sourcils en attente d'explications. Pour autant, je reste silencieux. Il me demande de vive voix :

- Tu m'expliques ? T'as vu comment s'est arrivé ?

Ouais et pas qu'un peu...

Je capte son regard et je finis simplement par lancer :

- J'ai foiré...

Il soupire en comprenant que tout ça me concerne.

- Qu'est-ce que t'as foutu ?

Me voilà à raconter mes derniers ébats à Asher ainsi que ce qu'il se passe entre Lou et moi. À la fin de mes explications, il conclut :

- Ouais t'as foiré.

J'affiche un regard noir et tourne mon attention sur Lou derrière moi, qui parle à sa meilleure amie.

Je suis venu ici dans le but de me changer les idées, finalement, j'ai fait pire.

Elle n'avait pas non plus besoin de ça... Surtout pas en ce moment.

- Tu l'aimes ?

En entendant ce mot, je me concentre sur Asher, il réitère sa question :

- Lou, tu l'aimes ?

Qu'est-ce que j'en sais moi ?

Il reprend la parole :

- Je ne suis pas un expert dans les relations, mais j'ai fini par piger le fonctionnement. Pose-toi la question.

Je le regarde.

Même si je venais à avoir une réponse, peu importe la conclusion finale, coucher avec cette nana, c'était une erreur fatale. Parce qu'au fond, quand Sandy a commencé à m'aborder, je n'ai pas arrêté de la comparer à Lou. J'aurais du prendre conscience de cet avertissement personnel.

Mon taux d'alcool est rapidement redescendu après tout ça. Je me retourne de nouveau vers Lou, et son regard capte instantanément le mien, il est rougi par les lames. En face, Hailey ne semble pas savoir quoi faire.

Je m'avance vers elles, sous le regard curieux de mon meilleur ami. Hailey m'adresse un regard amer avant de rejoindre son copain, me laissant seul avec Lou.

Elle aussi elle m'en veut ?

Je m'avance vers Lou qui ancre son regard au mien, mais il semble complètement monotone.

Je n'y ressens rien.

Habituellement, je crois y percevoir certaines choses, bien que ce soit complètement tordu. Cependant, là, à cet instant précis, je n'y vois rien. Absolument rien.

- Lou...

Elle ne me laisse pas parler, en secouant la tête, comme pour chasser mes futurs dires.
Elle fouille dans la poche de sa veste, et en sort encore cette photo avant de la plaquer contre mon torse.

- Je crois qu'il n'aurait pas été fier d'avoir un "meilleur copain" comme tu l'es ce soir.

Sa voix est légèrement éraillée et son regard s'est baissé sur la main qui maintient la photo contre moi. Elle continue :

- Tu sais ce que m'avait dit Noah avant de s'en aller dans cette voiture ?

Son regard remonte lentement, pour capter mes iris. Je ne réponds rien, pour autant, elle complète :

- Il a dit qu'ils nous aimaient bien, mais que nous deux, on s'aimait aussi.

Je baisse les yeux sur sa main contre moi, et place la mienne par-dessus la sienne. Elle l'ôte soudainement, comme si mon contact la démangeait. Je récupère la photo et mon regard se voile de larmes.

Lou me fixe encore de ses iris bruns, puis se recule légèrement avant de me laisser en plan ici. Seul, avec cette photo entre les mains.

Je ne peux pas la laisser s'en aller comme ça, j'ai merdé, ouais, et bien comme il faut, mais moi, je n'ai pas dit ce que je voulais lui dire. Ou du moins ce que je viens de comprendre.

Lorsque mon regard retrouve sa silhouette dans la rue face à la maison, je m'avance vers elle, puis me plante en face d'elle en attrapant son poignet. Elle baisse le regard sur nos deux peaux en contact, et essaie de se dégager mollement, elle ne pleure pas, elle ne sourit pas, ne rit pas, elle ne dit ni ne fait rien.

C'est déstabilisant...

Je préférerais qu'elle me crache toute sa haine, ou qu'elle me rit au nez pour me montrer à quel point je ne suis qu'une enflure. Mais non, elle fait preuve d'un calme assourdissant, et je ne sais plus quoi en déduire.

- Lou...

Elle me regarde en fronçant les sourcils :

- Qu'est-ce qu'il y a, tu n'as plus que mon prénom en bouche ? Tu veux t'excuser, mais tu ne sais pas le faire ?

Je reste sans voix face à sa voix si impavide.

- Je n'ai pas le temps de m'accabler sur une chose qui me paraissait si prévisible Camden. Tu as couché avec une autre fille, mais la vérité, c'est que rien ne t'en empêchait pas vrai ?

Directement, non, c'est vrai, mais intérieurement, oui, je ne veux simplement pas me l'avouer. Quelque chose en moi me hurle quelque chose que je ne comprends pas ou que je ne veux pas admettre.

Elle continue :

- Rien ne t'en empêchait car toi-même, tu l'as dit, les autres fois ne se passeront pas avec moi. Je crois que j'ai véritablement fini par le comprendre ce soir.

Sa sérénité me trouble, est-ce qu'elle ne ressent vraiment rien, où est ce une façon de me faire savoir qu'elle peut paraître forte de l'extérieur, mais détruite de l'intérieur ? Bordel, j'en sais rien, ça me rend fou.

- Tu n'as plus rien à faire avec moi, tout comme tu n'as plus rien à faire avec moi, je crois.

Elle soupire en baissant ses yeux vers le sol.

- Essaie tout de même d'être quelqu'un de bien, parce qu'un petit garçon t'admire de là-haut.

Je fixe le ciel.

Désolé, p'tit gars, mais je ne crois pas que ton admiration pour moi t'apporteras jubilation.

Une de ses phrases me revient à l'esprit :

"- Tu m'aimes bien toi ?"

L'amour ? Aimer... Est-ce que j'aime Lou ?

C'est à mon tour de prendre la parole, ma voix rauque contrastant avec la sienne.

- J'ai besoin d'apprendre...

Son regard noisette, éclairé par les lampadaires de la rue, dévie vers moi.

- J'ai besoin que tu m'apprennes à aimer, Lou...

Apprends-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant