Chapitre 38

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PDV CAMDEN

Mon front est presque contre le sien et mon souffle semble se calmer petit à petit, mais ma haine, elle, ne semble pas vouloir me lâcher la grappe. Elle reprend la parole :

- Je n'ai jamais prétendu que Noah est le gosse que tu as étais il y a encore quelques années. Je t'ai simplement demandé si ce qu'il vit en ce moment est semblable à ce que toi, tu as vécu.

Mes nerfs sont en ébullition. Elle ne pige pas que si elle continue de débiter sur ce sujet, je vais finir par péter un câble.

Voyant que je ne réponds rien, elle continue.

- Je... Je ne veux pas te rappeler le passé, je veux juste savoir... Qui tu es.

J'explose. Cette fois, j'en peux vraiment plus. Je m'approche d'elle et attrape subitement son menton pour rediriger correctement son visage vers le mien, comme pour la ramener sur terre, et qu'elle se rende compte que dans cette putain de vie, rien n'est si facile.

- Ça t'avancerait à quoi hein ? Pourquoi tu me casses les couilles à vouloir le savoir. Une fois que tu le sauras ça t'apportera quoi ? Et moi, qu'est-ce que ça m'apportera ?

Je lui crie dessus, elle fronce les sourcils, et écoute chacune de mes paroles.

Sa voix légèrement tremblante s'élève.

- Moi ? Sûrement rien, je pourrais simplement voir qui se dissimule derrière cette façade que tout le monde à l'impression de connaître. Mais toi, tu... Enfin je...

Mes yeux la transpercent et ma voix sèche reprend le dessus :

- Tu quoi ? Tu vas me sortir un truc à la con du genre, que tu seras là, que j'aurais quelqu'un sur qui compter, alors que jusqu'ici, je n'en ai jamais eu besoin ?

Son corps tremble, pas de peur, nan, j'ai l'impression que d'un moment à l'autre elle va exploser et me balancer à la gueule tout ce qu'elle pense.

Je continue, comme pour la pousser à bout de nerfs. Elle va bien finir par abandonner et en avoir ras le cul.

- Descends un peu de ton p'tit nuage, je ne suis pas le bon copain à qui tu peux faire confiance et inversement. Alors retourne d'où tu viens, retourne dans ta réalité parfaite, et fou moi la paix.

Elle se dégage soudainement de mon emprise, et abat sa main contre ma joue. La violence de son coup me pousse à tourner la tête sur le côté. Quelques secondes après son geste soudain, elle renifle légèrement, mon instinct me pousse à redresser la tête.

Ses yeux débordent de larmes.

Voilà ce dont je suis capable, voilà ce que ma vraie nature parvient à faire.

Sa voix, cassée par ses pleurs, vient me percuter de plein fouet. Ses lèvres pulpeuses tremblent :

- Une réalité parfaite hein ? Tu n'as peut-être pas été épargné, mais rien ne t'affirme non plus que ma réalité l'est.

Je soutiens son regard brun, notre connexion visuelle semble nous permettre de sonder ce que ressent l'autre. Même si je ne suis pas doué pour ça.

Elle enchaîne :

- Tu es peut-être mal au fond, mais rien ne te donne le droit de t'en prendre à moi.

Je fronce les sourcils.

- M'en prendre à toi ? Sérieux ? Si je voulais m'en prendre à toi, crois-moi que tu ne serais pas là, devant moi.

- C'est quoi ? Une menace ? Vas-y, vas en au but.

Je secoue la tête.

Putain ce qu'elle est bornée.

Elle se rapproche de moi, et je dois avouer que son air menaçant pourrait dissuader n'importe qui. Seulement, je ne compte pas me laisser impressionner.

Je secoue négativement la tête, j'entends un léger sanglot sortir d'entre ses lèvres. Une infime partie de moi s'en veut, mais la plus grande veut lui faire comprendre qu'il n'est pas trop tard pour qu'elle puisse faire demi tour, avant qu'elle ne soit complètement détruite. Si c'est trop tard, je ne pourrais plus rien y faire. Mon obscurité va enfreindre sur sa parfaite petite lumière. Jusqu'ici, personne n'a réussi à me percer à jour, excepté Asher.

- Allez, va-y, dis ce qu'il te passe par la tête.

Je pourrais dire une connerie d'un moment à l'autre. Mon regard revient vers elle, son air est encore plus amer que tout à l'heure.

- Nan.

Putain, habituellement, je déballe ce qui me vient en tête, sans même me soucier de l'impact. Mais là...

Elle s'est arrêté de pleurer, comme si ce que j'avais dit quelques minutes plus tôt n'avait plus d'importance. Du moins pour le moment présent.

- Tu flippes ? Tu n'as pas envie de me foutre la trouille ? Parce que Ô malheur, je pourrais plonger tête la première dans quelque chose de malsain ?

Un rictus mauvais orne mes lèvres.

- Si tu savais comme je m'en bats royalement les couilles.

Elle reste silencieuse un moment, puis reprend de plus belle comme si elle avait trouver la réplique parfaite :

- Si c'est le cas, si tu t'en bats royalement les couilles, alors qu'est ce qui t'empêche de me dire qui tu es ?

Sans même réfléchir ni répondre à ce qu'elle vient de dire, je heurte mon torse contre son petit corps, et accole brutalement mes lèvres sur les siennes qui ne cessent de dire des conneries. Mes doigts s'emmêlent dans sa queue-de-cheval, me permettant d'avoir une prise bien plus appuyée, j'attrape sa lèvre inférieure, avec mes dents. Elle ne me repousse pas, elle se laisse même complètement faire.

Faut qu'elle me repousse. Repousse moi bordel.

J'arrive à me frayer un chemin entre ses lèvres, et ma langue danse diablement bien avec la sienne.
C'est beaucoup plus fougueux que la première fois devant cette discothèque.

Mais c'est tout aussi malsain.

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