Chapitre 49

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PDV LOU

Je sais que ce que je dis le touche forcément. Néanmoins, cette fois, il ne met pas un terme à notre conversation, il me laisse parler sans interruption. C'est presque déstabilisant, mais je ne cesse pas pour autant, de lui décrire tout ce que j'ai pu comprendre par moi-même, le concernant.

Je n'aime pas être dans cet état devant lui, ça me rend rapidement vulnérable. Au lieu de m'apitoyer sur mon sort et pleurer devant lui, sans qu'il ne sache véritablement quoi faire, j'ai décidé de dériver sur un sujet qui le concerne.

- Après tout Camden, j'y peux rien. Si tu veux rester tel quel, c'est ton choix. Je ne peux rien y changer.

Il plante ses yeux noisette dans les miens, et il semble complètement dépassé par ce que j'ai pu dire. Immédiatement, un sentiment de culpabilité m'envahit, mais je prends rapidement conscience que c'était nécessaire pour qu'il assimile que son passé le rattrape beaucoup trop sur son lui actuel, pour qu'il puisse avancer correctement dans l'instant.

Mon ton s'apaise légèrement, et je repense à une chose qu'on m'a dite, étant petite.

Je baisse les yeux sur mes mains que je ne cesse de trifouiller depuis quelques minutes.

- Tu connais les attrapes rêves Camden ?

Il n'a toujours pas quitté mon regard et fronce les sourcils, sûrement déconcerté que je dévie sur un sujet complètement différent.

Il finit par hocher la tête, en précisant :

- Cette connerie qu'on accroche pas très loin de son pieu ?

Un petit sourire s'empare de mes lèvres.

- On va dire ça.

Je sens son regard sur moi, comme s'il attendait la suite de ce que je vais dire.

- C'est un objet qui permet d'éloigner les peurs et cauchemars.

Je relève mes yeux sur lui, et découvre que son visage n'est plus aussi fermé qu'il y a quelques secondes.

- Et si c'était la même chose ? Et si je t'affirmais en être capable ?

Ses iris bruns ancrés sur moi, il me répond instantanément :

- Éloigner mes peurs ? Tu en es incapable. Ce sont mes souvenirs et un passé, ce n'est pas la même chose.

Je ressens toute la douleur qu'il éprouve même s'il tente tant bien que mal de la dissimuler sous sa voix impassible et son regard impénétrable. J'ai fini par cerner son fonctionnement.

- Mais si c'était possible ?

Il secoue simplement la tête en baissant pour la première fois le regard. J'ai une irrépressible envie de le prendre dans mes bras, et l'embrasser pour lui faire comprendre que tout n'est pas fichu, et que son avenir peut lui être favorable.

- Je vais devoir y aller.

Sa voix tranche le silence pesant qui s'était installé.

- Reste au moins jusqu'à ce que Noah puisse te voir ?

Il secoue de nouveau la tête.

- Tu m'appelleras dans la journée pour qu'il puisse m'avoir au téléphone.

Je lui accorde un regard, et lui confirme d'un signe de tête bref.

Il se rhabille tandis que je lui tourne le dos, pour fixer un cadre photo sur mon bureau, c'est une photo de moi, Hailey et Mya. Je souris tristement.

C'est toi qui m'avais appris le fonctionnement d'un attrape-rêve, tu m'en avais fait un pour mon anniversaire. Je le garde toujours dans un coin de ma chambre. On était beaucoup plus jeunes. Et pourtant je me rappelle parfaitement de ce jour-là. Tu avais une jolie petite robe fleurie et un serre-tête qui permettait de dompter tes magnifiques cheveux. Tu étais une petite fille bien trop jolie, et tu étais devenue une jeune fille adorable et pleine de vie.

J'essuie une larme sauvage sur ma joue, puis me retourne quand je sens Camden à proximité.

- J'y vais.

Je tente un sourire.

- Hum.

Il s'approche tendrement de moi, quoique un peu hésitant, puis dépose ses lèvres sur ma joue, pas très loin de mes lèvres. Il s'éloigne m'adressant un dernier regard avant de quitter ma chambre, puis la maison.

Je ne comprends plus rien. Il doit être tout aussi perdu que moi dans tout ça. Il doit avoir compris qu'au fond, il y a une part de vérité dans ce que j'ai dit.

Tu es encore affecté par ton passé, c'est évident. Il a une emprise encore trop écrasante sur ton actuel. Il faut que tu parviennes à y mettre un terme avant qu'il ne te consume entièrement. Tu as beau prétendre le contraire, tes ténèbres ne t'ont pas toutes englouties. Il y a toujours une part de toi qui s'uses à se débattre pour sortir de l'obscurité. J'ai pu le comprendre lorsque tu es avec Noah, c'est sûrement l'une de tes faiblesses. Qui aurait pu croire que la faiblesse de Camden Bewers est un petit garçon ?

Mais j'ai pu aussi en faire l'expérience de moi-même. Tu t'efforces de ne pas montrer ce que tu ressens vraiment. Pour autant, j'ai pu décoder ton véritable toi.
Le toi que je préfère. Celui que je veux percer à jour, et celui pour qui je ressens quelque chose.

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