Chapitre 44

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PDV CAMDEN

Je touche nerveusement mes doigts, tout en ruminant sur la connerie que je viens de faire.

Et maintenant ? Maintenant qu'elle sait tout ça, tu vas faire quoi mec ?

Je bouge frénétiquement mes genoux, et bordel, je n'arrive pas à remettre mes pensées en ordre. Ma respiration s'accélère anormalement.

Lou m'observe légèrement distante, et je n'arrive pas à savoir si c'est à cause de ce que je lui ai dit à l'instant, ou parce qu'elle ne sait pas forcément comment réagir.

Son regard me fout presque la chair de poule.

Bordel, t'aurais dû fermer ta gueule comme tu as su si bien les faire ces dernières années.

J'ose enfin la dévisager à mon tour, son expression est neutre, comme si elle cherchait elle-même ce qu'elle devait ressentir actuellement. Je ne soutiens pas plus son regard perçant et détourne le regard vers le sol, mains jointes sur mes genoux qui s'agitent.

J'entends son corps se déplacer et ma curiosité prend le dessus, mes yeux dérivent automatiquement vers elle. Lou est à présent beaucoup plus proche de moi, beaucoup plus, qu'il n'y a quelques instants.

Son regard noisette ne décroche pas le mien, mon attention alternant entre ses yeux puis sa bouche.

Finalement, c'est elle qui approche son visage, je la laisse faire. Néanmoins, quand ses lèvres ne sont plus qu'à quelques millimètres des miennes, je l'arrête un peu brutalement en détournant ma tête.

Elle s'arrête, sûrement désorientée.

Je secoue la tête.

Ouais, ce n'est pas mon style de refuser un putain de baiser avec une nana aussi sexy, mais maintenant qu'elle sait une partie de moi, j'ai la nette impression que ce n'est que par pitié. Comme si elle voulait avoir bon cœur et consolé une pauvre âme en peine.

Aussi, je la devance avant qu'elle ne me questionne :

- Arrête.

Elle fronce les sourcils, et comme Lou n'abandonne jamais sans avoir eu de véritables arguments, elle m'interroge :

- Arrêter quoi ?

Je plisse les yeux, et ne la regarde plus.

- Ça.

Elle se vexe légèrement.

- Quoi ? Ma tentative pour pouvoir t'embrasser ?

Je pouffe amèrement.

- Ouais. Je ne veux pas de pitié, ni de compassion. C'est pas mon truc.

Du coin de l'œil, je vois bien que quelque chose la tracasse.

Soudain, sa main vient se poser doucement contre l'une de mes joues, pour pouvoir faire pivoter mon regard vers elle.

- Ce n'est ni de la pitié, ni de la compassion.

Je fronce les sourcils et la laisse continuer.

- Tu n'en as pas besoin. Tu as sûrement dû t'en passer durant tout ce temps, ce n'est sûrement pas maintenant que tu en as besoin. Je veux simplement te montrer que tu n'es pas seul.

Je mets un terme à sa vision des choses.

- Sauf que j'ai toujours été solitaire, et ce n'est pas toi qui vas changer les choses.

Elle baisse tristement les yeux vers mes lèvres, avant d'ôter sa main froide de ma joue.

Putain, c'est quand même pas un regard comme le sien qui va me faire changer ma vision des choses.

Elle remonte ses prunelles vers les miennes, puis elle se relève.

- Je vois. Écoute si tu veux voir les choses sous cet angle, c'est ton choix. Mais rappelles toi dans les moments où tu te sens seul, que c'est toi, et seulement toi qui en as décidé ainsi.

Mes dents se serrent, ma mâchoire se contracte.

Elle a raison. Ouais, elle n'a pas tort. Mais est-ce que j'ai vraiment le choix d'intégrer quelqu'un dans mon quotidien, autre qu'Asher ?

Elle s'éloigne de ma présence, mais avant qu'elle ne rentre de nouveau dans la maison, je me lève précipitamment de la marche où j'étais assis, puis l'intercepte en la retournant vivement vers moi.

Je ne sais même pas par où commencer, ni même pourquoi je l'ai rattrapé, et dans quel but. Car pour l'instant, la seule chose dont je suis absolument sur, c'est que je ne maîtrise plus rien concernant mes pensées et mes agissements.

Son regard capte le mien, comme pour avoir les réponses aux questions qu'elle se pose, j'anticipe encore une fois, avant que ses lèvres pulpeuses essaient de me questionner.

- Pourquoi vouloir me monter que je ne serais plus seul ? Je le suis depuis tout gosse, alors donne-moi une seule bonne raison. Une seule bonne raison de vouloir de moi.

Moi-même, suis étonné de ce que je viens de balancer. Elle ne sourcil pas un instant, ses yeux bruns occupés à m'étudier.

Et c'est en étant complètement prisonnière de mon emprise, qu'elle me répond le plus simplement possible :

- Toi.

Je pouffe péniblement, tout en la bloquant contre la poutre qui soutient l'avant-toit.

- Je crois que tu ne m'as pas bien pigé.

Avant que je ne continue, elle me coupe :

- Si, j'ai très bien compris. Seulement Camden, tu fais croire ça à d'autres. Tu affirmes être comme ça depuis toujours, mais explique-moi alors le fait que je puisse voir en toi que tu n'es pas si acerbe que tu ne le prétends. Qu'avec Noah, tu sois quelqu'un de tolérant, même compatissant.

Un point pour elle. Mais, je ne suis pas toujours comme ça, il y a des moments, où je sais pertinemment que je vais déconner.

- Je broie du noir, sans arrêt, et tu veux me faire croire que je suis quelqu'un de bien ?

Je suis nerveux, bien plus nerveux qu'on pourrait le penser. Elle me découvre au fur et à mesure, si bien que je vais finir par l'entraîner avec moi.

J'enchaîne :

- Tu as choisi la mauvaise personne pour pouvoir vivre un bel et heureux amour Ariel.

Je baisse les yeux misérablement.

Elle assure :

- J'ai peut-être une mauvaise personne devant moi, du moins c'est ce qu'elle garantit. Pourtant, je ne l'ai pas choisie, je n'ai pas voulu, ni même pensé qu'on serait là. Cependant, on est ici Camden, tu es là, je suis là, et peu importe ce que tu sembles vouloir me faire comprendre, je ne changerais pas d'opinion, tu es toi, avec ton passé, et tes défauts, tout comme j'en ai.

Je plante mon regard dans le sien brillant de larmes prêtes à s'échapper.

Je ne veux pas. C'est si compliqué à comprendre ? C'est difficile d'admettre que je la kiffe bien, mais que je vais finir par l'étouffer avec mes propres ténèbres ? Ce sentiment de n'appartenir à personne me bouffe depuis bien trop longtemps, mais quand l'occasion se présente, je ne m'appuie sur personne. Je l'ai appris à la dure : je ne compte sur plus personne.

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