Chapitre 55

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PDV LOU

Les oiseaux chantent, le soleil brille de mille feux, mais mes larmes font contraste à cette journée ensoleillée.

Les yeux fermés sur mes pensées, je me laisse transportée par mes souvenirs.



- Dis Lou ?

J'étais en train de réparer la bêtise que tu venais de faire.

Casser le vase de ma mère, ce n'était pas très malin.

- Je peux le réparer si tu veux. Je suis sûr qu'on peut le recoller avec de la colle super forte !

Même si c'était une bêtise, j'ai pouffé de rire en t'entendant dire cette ânerie.

- Noah, ce vase doit être cassé en mille morceaux, c'est impossible de pouvoir tout recoller, tu sais ?

Je t'ai regardé et accompagné de ton sourire, tu m'as dit :

- Ne dis pas ça ! On peut toujours recoller les morceaux !

Je t'ai souri, car même sans même t'en rendre compte, tu as dit une phrase comportant une très belle morale. Pourtant, on ne peut pas toujours recoller tous les morceaux. C'est faux. Tu es parti, et les morceaux de mes souvenirs et de mon cœur ne vont pas pouvoir être tous recollés bonhomme.


J'essuie une larme qui roule sur mes joues déjà bien humides.

L'étendue d'herbe verte face à moi, rajoute à cette journée un peu plus de couleur même si je n'y ressens pas les moindres vertus que cela pourrais m'apporter. Non. Aujourd'hui, entouré d'autant de monde habillé en noir, et devant ce petit sarcophage en bois, je me laisse emporter par mes émotions.

Tu sais, tout le monde est là pour toi bonhomme, Hailey, Asher, Bryan, Léo. Ils n'arrivent pas à croire que tu sois parti si tôt. Et surtout si rapidement. Il y a Camden aussi, mais depuis que nous somme partit de l'hôpital, il ne prononce pas un mot. Il fait simplement acte de présence, et me réconforte quand il voit que j'ai du mal à supporter ta disparition soudaine. Si seulement tu pouvais revenir pour lui aussi.

Nous sommes tous silencieux autour du lieu où Noah va reposer. Nous sommes à l'écoute du maître de cérémonie qui répète encore les mêmes phrases que j'ai entendues lors des funérailles de Mya, mais aussi celles de madame Coleman hier.

Oui, ce sont encore les mêmes phrases qui quémandent avec prudence que dieu veuille bien t'accueillir à ses côtés, pour que tu puisses reposer en paix. Moi, je sais que tu ne comprends pas encore toutes ces choses. J'ai décidé de ne pas te laisser partir avant d'avoir dit ce que j'avais sur le cœur. C'est bientôt à mon tour, et sur l'instant, je doute que je sois prête à te dire tout ce que je ressens bonhomme. C'est si compliqué.

Monsieur Coleman, est présent lui aussi. Ce pauvre homme a perdu sa femme et son neveu dans le même accident. Je n'imagine même pas l'immensité de sa peine. Il a tenu à ce que je prononce mes éloges funèbres. Je ne suis pas très douée malgré celle que j'avais faite pour Mya. Alors j'en ai rédigé une à ma manière, destinée pour qu'un petit garçon puisse au moins comprendre. Mais le plus compliqué reste à venir. Il a aussi demandé à Camden d'en rédiger. Sur le moment, il n'a pas su quoi répondre. Je sais à quel point dévoiler ce qu'il ressent est d'une grande difficulté pour lui. Cependant, après être resté silencieux quelques minutes, il a simplement hoché la tête pour affirmer à monsieur Coleman qu'il le ferait.

Camden est à mes côtés, son regard vide ancré au bois brillant du cercueil où Noah repose. Il ne pleure pas et ses yeux ne sont même pas rougis. On dirait qu'il ne se permet pas de libérer véritablement ce qu'il ressent.

Je pense que tu étais l'un de ses repères bonhomme, mais quand il a su que tu allais finir par t'envoler définitivement, tu as refermé en lui tout ce que tu avais pu délivrer. Camden t'aimait beaucoup, je ne suis pas certaine que lui-même s'en est rendu compte, mais le fait est que, de ton côté comme du sien, vous vous complétiez.

Le discours d'accueil du maître de cérémonie prend fin, et nous restons silencieux avant qu'il ne reprenne :

- Chère famille, Mesdames, Messieurs, dans un instant un morceau de musique escortera Noah Coleman dans son dernier voyage. Vous l'accompagnerez en pensées, tout en vous remémorant les plus beaux souvenirs que vous avez gardés de lui.

Je ne peux retenir un petit sourire mélancolique lorsque la musique que j'ai choisie retenti.

(Pour une lecture plus agréable et émouvante, mettre la musique disponible en média)

Cette musique me fait frissonner. Oui, elle est parfaite, et je suis certaine que tu l'aurais adorée.

Camden m'accorde un rapide coup d'œil, puis quand nos regards se croisent, il tente un sourire. Seulement, ce sourire n'est pas celui que j'aime voir sur son beau visage. Celui-ci est trop torturé.

Le maître de cérémonie appel tous les proches ayant préparés un éloge funèbre de s'avancer et prendre sa place. L'oncle de Noah s'avance en premier comme il l'a fait hier pour sa femme puis prononce de courts hommage pour son neveu. L'émotion le submergeant bien trop pour qu'il les prolonge davantage. Quand il revient vers nous, c'est à mon tour d'aller libérer mon cœur enserré par mon chagrin.

Je passe sous le regard de toutes ses personnes se remémorant Noah, puis je prends la parole, la musique en fond, accompagnant mes paroles à la perfection.

Je peux le faire...

- On dit que perdre un être cher est de loin la chose la plus douloureuse qui soit. Se faire à l'idée de ne plus jamais revoir celui que l'on aime, de ne plus entendre sa voix, ne plus voir les traits de son joli visage, rire, pleurer ou observer ses doux yeux, est une épreuve la plus compliquée qui soit.

Je fais une pause, puis me rappelle de ce que j'ai marqué sur le papier.

- Pourtant, la mort fait, elle aussi, partie de la vie. C'est étrange. Seulement, chaque personne doit y faire face un jour. C'est lorsque l'on vit ce genre d'épreuve que l'on doit être fort et tout faire pour que celui que nous aimons ressente l'amour que nous lui portons.

Retiens-toi Lou...

Je prends une nouvelle inspiration, même si celle-ci paraît plus compliquée que les précédentes.

- Aujourd'hui, le cours de la vie nous a enlevé un joli sourire et l'un des plus beaux petits garçons que je connaisse. L'heure de te dire au revoir est arrivée bien trop tôt. Seulement, pour moi, je ne considère pas que c'est un au revoir. Non, c'est beaucoup trop difficile d'accepter ta disparition si soudaine bonhomme.

Tant pis, je ne peux pas me retenir plus longtemps.

Plusieurs larmes s'échouent sur le papier devant moi, que je ne prends pas la peine de lire.

- Je préfère me dire qu'à l'instant où je parle, tu te tiens sur ton petit nuage, où tu nous regardes en nous offrant ton éternel sourire charmeur et rassurant. J'aime à penser que de ce nouveau pays au ciel bleu, tu continueras de veiller sur nous, comme tu le faisais déjà auparavant.

Je ravale un sanglot, et quand mon regard croise celui de Camden, il me fait un petit signe de tête pour m'encourager à continuer.

- En nous laissant ici, sur le quai de la vie, tu nous as quittés afin de disparaître vers un monde qui te sera sûrement meilleur petit bonhomme. Personne ne sait à quel âge ces jours toucheront à leur fin, mais une chose est sûre, c'est que ton décès me donne encore plus à penser à l'importance de vivre pleinement chaque instant, comme toi, tu le faisais chaque jour.

Je souris tristement quand de nombreux souvenirs s'imposent à moi, comme de brefs flash.

- Ce n'est pas un au revoir, parce que les souvenirs que j'ai avec toi, eux, sont encore ici avec moi, tout comme tu me suivras pour longtemps encore. Je penserais chaque jour à toi, chaque jour avec ta douceur, tes éclats de rire et ton amour que tu distribuais à tout bout de champ. J'espère que là où tu es, règne simplement l'amour et la sérénité, car tu es un petit garçon qui le mérite amplement.

J'essuie une énième larme.

- Les larmes et pleurs que nous versons et que nous verserons pour toi sont des mots d'amour rien que pour toi, et j'espère qu'ils couvriront ton joli petit cœur de bonheur d'où tu te trouves.

Le regard rivé au ciel, je lui envoie tout mon amour dans une unique et dernière phrase :

- Tu sais quoi, Noah ? Je garde espoir qu'un jour, on se retrouvera. Oui, et ce jour-là tu m'offriras encore l'un de tes plus beaux sourires. Tu me chuchoteras à l'oreille, pleins de secrets comme tu aimais le faire, puis tu me demanderas de te raconter une histoire ou de jouer avec toi parce qu'on adorait le faire à deux. Et, avant de t'endormir, tu me redemanderas de te mettre les étoiles projetées au plafond, en me racontant tes rêves les plus doux et enfantins. Tu es un grand garçon maintenant, je suis sûr qu'à l'instant même où je regarde ce joli ciel bleu, tu te rends compte que tu es devenu le plus fort des petits garçons, comme tu le souhaitais. Ce n'est pas un au revoir, crois-moi. Je t'aime fort, à bientôt petit bonhomme.

Je laisse mes larmes dévaler mes joues. Je quitte le ciel des yeux pour rejoindre la place que j'occupais il y a quelques minutes. Camden baisse la tête, et je sais qu'actuellement ses sentiments sont mis à rudes épreuves. C'est bientôt à son tour, et il aura certainement besoin de beaucoup de courage.

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