Le tintement de la sonnette de la porte du cabinet me fit lever la tête de mes papiers.
- Vous êtes vétérinaire ?
La voix essoufflée appartenait à un jeune homme, les cheveux blond comme un champ de blé, mesurant près d'un mètre quatre vingts, les yeux verts presque scintillant, le corps athlétique et harmonieux, et de gros muscles, de ceux que l'on obtient après avoir travaillé son corps pendant des années. Mais le plus flippant chez lui, c'était qu'il était recouvert de sang, ce qui camouflait en grande partie son visage et tachait tous ses vêtements.
- Alors vous êtes véto oui ou non ?
Le ton de sa voix me fit sortir de ma contemplation. On était en plein milieu de la nuit dans un village paumé, j'étais toute seule dans un cabinet glauque sans aucune arme sous la main et avec en face de moi l'homme le plus flippant que j'avais jamais vu couvert d'hémoglobine. Estimation des chances de mourir dans les vingts prochaines minutes : une chance sur deux.
Comme le plausible tueur en série continuait de me fixer, je répondis à sa question, mais d'une voix très peu assurée.
- Apprentie vétérinaire ?
L'homme eut l'air de peser le pour et le contre. Le pour et le contre pour me tuer ? Sûrement. Quoique, pourquoi demander si j'étais vétérinaire alors ?
- Ça ira. Vous, restez là.
Et il partit. Comme ça. Que je reste là. Que je reste là! Non mais il était pas bien lui. Une arme, il me fallait une arme. Un bistouri ? Ça ferait l'affaire.
Alors que je courrais à travers les couloirs étroits du cabinet à la recherche de la petite lame, la sonnette au bruit aigu, qui ne m'avait encore jamais à ce point terrifiée, retentit de nouveau.
Rentrant le plus vite possible dans la salle d'opération du cabinet, qui bien évidement n'avait pas de verrou, ce serait pas drôle sinon, j'ouvris rapidement le tiroir où l'on rangeait les instruments chirurgicaux et j'y extirpais le bistouri.
L'arme en main, je me retournais et regardais le psychopathe plein de sang s'approcher de ma salle et par conséquent, de moi. Celui ci tenait dans ses bras... un chien ? Un très gros chien. Plein de sang, pour changer.
Avec son pied, il ouvrit la porte en verre qui nous séparait et s'engouffra dans la pièce. La table d'examen en metal était entre nous et, ce fut sans aucune délicatesse que l'homme canon, il fallait se l'avouer, et qui tout compte fait n'était peut être pas un tueur en série, y déposa le gros gros chien.
En y regardant de plus près, la bête avait l'air d'avoir des coupures et des impacts de balles disséminés sur tout le corps. Cependant, la plus grosse de ses plaies visibles restait encore l'éviscération de son abdomen. Le pauvre animal devait atrocement souffrir.
- Réparez le qu'est ce que vous attendez!
À oui, je l'avais oublié celui là, la contemplation de son chien m'ayant absorbée quelques instants.
Attendez, le réparer? Et comment je faisais ça moi!
L'homme fixait sur moi un regard étrange, mélange de colère et ... de peur ? Or, lorsqu'il aperçut ma petite arme improvisée, je crus voir ses yeux pétiller un instant avant de redevenir sérieux. En parlant de sérieux.
- Il faut que j'appelle le vétérinaire, il est plus qualifié que moi pour s'occuper de ce genre de cas critique et ...
- Non, on appelle personne et vous, vous soignez mon loup!
Colérique le sociopathe. Et malpoli en plus, depuis quand couper la parole aux gens était respectueux. Attendez, il avait bien dit loup ? Même en y regardant de plus près, ce truc ne ressemblait pas à un loup. À plusieurs gros chiens croisés oui, mais à un loup, non!
- Je suis désolée mais je ne suis absolument pas qualifiée pour opérer un chien dans un tel état.
Mon ton était sans équivoque et j'en étais assez fière, surtout que le molosse sur la table commençait à reprendre conscience et qu'il avait l'air super terrifiant, même immobilisé comme il l'était par ses blessures.
- Je vais être clair avec vous gamine, si il meurt, vous mourrez.
Charmant. Et en plus il avait l'air sincère. "Coincée avec un homme qui veut me faire la peau" pourra être rayée de ma liste des choses à faire avant de mourir.
Au choix, ou j'essayais de sauver le chien et j'y arrivais donc je survivais, ou j'essayais de sauver le chien et j'échouais donc l'autre là me tuait, car j'étais sûre qu'il le ferait en plus ce con, ou je plantais mon bistouri dans la carotide de cet abruti fini, le tuais et me barrais dans un autre pays pour échapper aux flics.
Choix envisagé, option numéro trois. Choix que je sélectionnais, option numéro un. Après tout j'avais toujours eu un faible pour les gros chiens.
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Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noir
Paranormal« Mais dans quelle merde je m'étais encore fourrée ? ». Lorsque Astrid Vasilikos voit débarquer dans le cabinet vétérinaire glauque dans lequel elle travaille de nuit Auxanne Archigos, couvert de sang et de blessures, elle pense que son heure de mou...