Chapitre quarante sept : Auxanne
De loin, comme depuis plusieurs semaines, j'observais l'entraînement journalier de mes loups ainsi que des dragonnes. Ils s'entraînaient tous sérieusement et ça faisait plaisir à voir. Surtout quand certains finissaient rétamés au sol. En parlant de ça ... Devant moi, et pour la première fois depuis ses débuts de sessions, Astrid réussit à envoyer un coup de boule magistral à Aeden qui le fit voler sur plusieurs mètres. Sonné, mon petit frère resta quelques secondes immobile tandis que la Princesse se remettait sur ses deux jambes, prête à en découdre. Alors qu'elle allait se jeter sur sa proie, la sonnette signifiant la fin du combat retentit. Avec un sourire vainqueur, Astrid éclata de rire sous le regard stupéfait du loup qu'elle avait mis au tapis. Quand le match nul fut prononcé, je ne pus m'empêcher d'exploser de rire face à la réaction adorable de mon petit frère. Il avait l'air tellement perdu le pauvre.
Alors que je m'avançais pour le charrier, Cyriel, mon loup cuisinier, sortit de la maison pour crier aux lycaes aux alentours, un ustensile dans la main.
- On mange!
Et là, ce fut la débandade. Il se murmurait que dans les mondes, il n'y avait pas plus glouton que les loups garous et franchement, vu le comportement de ma meute, ça devait être vrai. Chamailles, bagarres, coups de dents, pousseries, coups de griffes ... On aurait dit qu'ils avaient pas été nourri depuis une semaine!
Attendant mon frère qui marchait d'un pas dépité vers la maison, je me mis en route lorsqu'il arriva à ma hauteur. Passant mon bras sur ses épaules, je le ramenais vers moi dans un geste fraternel. Comme je m'y attendais, il se dégagea doucement en rigolant et en rouspétant.
- Alors comme ça on se fait battre par une débutante.
Il grogna gentiment pour la forme.
- Il y a eu match nul!
Malgré tout, il avait retrouvé sa bonne humeur. Ses cheveux noirs virevoltants au vent, Aeden me fit un immense sourire avant de s'engouffrer dans le manoir. Marchant sur ses pas, je me dirigeais vers la bonne odeur de bouffe. Ah, la senteur de la viande cuite au barbecue.
Arrivé dans la salle à manger, j'eus tout le loisir d'observer mes loups. Attablés et tous en train de se jeter sur les plats qui passaient de mains en mains, la bonne humeur et les rires remplissaient la pièce. Laissant dériver mes yeux, je tombais sur Aeden qui avait gardé une place de libre à côté de lui. Souriant comme un enfant, je sus instinctivement à qui il réservait cette place.
Depuis qu'Astrid était apparut dans nos vies notre quotidien s'en était trouvé boulversé. D'abord, elle avait entraîné ma meute dans une guerre d'ampleur mondiale qui risquait de très mal finir. Ensuite, elle avait ramené son mentor, la Révolutionnaire Sacha chez moi et cette dernière avait imposé des entraînements intensifs de dingue, pire que ceux que mon bêta, Adam, nous faisait suivre et pourtant, lui il n'y allait déjà pas de main morte. Des ennemis rôdaient à nos portes, prêts à nous tendre une embuscade à tout moment et en prime, un sorcier maléfique nous avait maintenant dans le collimateur. Et pourtant...
En voyant Aeden attablé comme ça avec la meute et rigolant comme un enfant, je ne pus m'empêcher de lui en être reconnaissant. Nous savions pertinemment, mes loups et moi, que ce n'était que grâce à la présence de la Princesse qu'Aeden, le mercenaire si froid et si impitoyable, restait avec nous. Il n'avait pas l'air de s'en rende compte et pourtant, depuis qu'il fréquentait Astrid, le caractère si distant et calculateur de mon frère s'effaçait peu à peu au profit d'un comportement plus amical, plus détendu. En le voyant aujourd'hui, j'avais un peu l'impression de retrouver le petit frère souriant et joyeux qu'il était avant que l'on ne quitte notre meute d'origine. Lui qui partait toujours en mission pour tenter inconsciemment de nous fuir devenait de plus en plus proche de nous et ça, tous les loups, toute ma famille, s'en réjouissait.
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Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noir
Paranormal« Mais dans quelle merde je m'étais encore fourrée ? ». Lorsque Astrid Vasilikos voit débarquer dans le cabinet vétérinaire glauque dans lequel elle travaille de nuit Auxanne Archigos, couvert de sang et de blessures, elle pense que son heure de mou...