II/ ASTRID

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Préparer le patient : check

Me laver les mains : check

Mettre des gants : check

Soigner le patient : pas check

- Bon vous vous dépêchez! Il se vide de son sang je vous signale!

Roh là là, si il n'était pas content, il n'avait qu'à le faire lui même. Bon bah quand fallait y aller, fallait y aller. Attrapant la lame, je fis la première incision sur la peau pale et rasée de mon patient la bête.

***

Après trois heures à suturer, aspirer et tout autre mot scientifique utilisé pendant une opération de cette envergure, mon patient fut stable. Un vrai miracle.

Ce qui ne fut pas grâce à son maître qui avait passé toute l'opération à me crier dessus et à grogner. Au sens littéral du terme. Grogner.

Mon patient mit en cage, contre l'avis de monsieur le sociopathe évidement, je pus enfin me reposer sur une chaise de la salle de repos du cabinet et envisager de rentrer chez moi fuir le bonhomme toujours pas lavé du sang de son chien qui continuait de me suivre et dormir pendant au moins trois jours dans mon lit qui me paraissait maintenant posséder un matelas aussi doux qu'un nuage et une couverture et des oreillers aussi moelleux et chauds qu'un doudou de bébé.

Alors que je commençais à me déshabiller de ma tenue de vétérinaire en herbe, j'apostrophais poliment l'homme bizarre.

- Pouvez vous me donner le nom de votre chien ainsi que votre numéro de téléphone pour que je puisse vous donner des nouvelles demain après midi de son état.

Le gars, dont je ne connaissais toujours pas le nom d'ailleurs, me regarda bizarrement. Je sentis que je n'allais pas aimer ce qu'il allait me dire avant même qu'il n'ouvre sa bouche. Impression qui se confirma lorsqu'il parla.

- Vous croyez que je vais laisser mon "chien" tout seul, sans surveillance. Oh! et il s'appelle Flocon.

J'entendis son ton moqueur lorsqu'il prononça le mot chien, comme ci j'étais une gamine qui n'acceptait pas la réalité. Il mima même avec ses doigts les guillemets. Connard de mes deux.

Flocon. Je ne m'attendais pas à un nom si doux pour une telle bête. Mais après tout, en y regardant de plus près, on pouvait discerner que le "loup" était entièrement blanc, même si en cet instant, rose définirait plus la couleur de son pelage aux touffes fournis et soyeuses, mise à part ses petits bouts de pattes, qui elles, étaient grises, telles des chaussettes. Il aurait d'ailleurs pu s'appeler ainsi. C'était ce que j'aurais fait personnellement, si il avait été mon chien. Flocon. J'aimais bien.

Attendez, comment ça il n'allait pas partir ?

- Désolé monsieur mais vous ne pouvez pas rester ici pendant la nuit! D'ailleurs vous ne devriez même pas être là en ce moment et si mon patron vous voit ici je vais avoir des problèmes et vous aussi!

J'essayais d'avoir un ton tranchant et n'admettant aucune réplique mais ma voix était pressante et un petit peu hystérique sur les bords je devais l'avouer.

- Et vous aussi vous allez rester la véto.

Putain de sourire moqueur, j'espérais qu'il allait s'étouffer avec de l'air ce con.

- Pourquoi faire?

Après tout, son cabot était stable et je pourrais toujours dire à mon chef que ce type était rentré en douce lorsque j'étais déjà rentrée chez moi. Le cabinet ne possédant pas de caméra de surveillance, ce serait sa parole contre la mienne.

- Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué je ne sais pas faire de la couture, ni stopper des hémorragies donc, si son état se détériore, vous serez en mesure de le sauver car je vous le rappelle, si il meurt ...

- Je meurs aussi, j'ai compris.

Plus exaspérant, tu mourrais. Oups, mauvais jeu de mots. Je voulais bien penser qu'il y tenait à son loup mais là, c'était exagéré.

Résignée, je posais mon cul sur le bureau beige et détérioré qui trônait dans la pièce et qui accueillait généralement les tasses de café de mon patron et de ses employés machos et flippants.

- Puisse que l'on va se côtoyer pour les heures à venir, autant se tutoyer.

Ma docilité eut l'air de faire plaisir à monsieur puisque son regard se fit amusé. C'était bien, au moins l'un de nous deux se sentait en confiance. Et puis, lorsque je le viderais de son sang à coup de tuyau et de poche plastique, on verrait bien qui rigolerait le dernier.

- Alors, il a un nom le propriétaire du chien ? Car je peux pas décemment continuer à te prénommer le sociopathe couvert de sang ou le tueur en série, même si c'est que dans ma tête.

Je savais que j'aurais dû regretter mes paroles, mais avec la fatigue, le stress, l'agacement dû à un manque de sommeil, à une opération éprouvante et à des menaces de morts à tout bout de champ, disons que les limites avaient légèrement été dépassées.

Le pire, c'était qu'il avait l'air de trouver ça drôle cet abruti.

- Auxanne

Joli. Je m'attendais plus à un truc du style viking des temps ancien tel que Ragnar ou Bjorn mais Auxanne lui allait comme un gant. Un peu trop doux peut être mais bon, ses parents ne pouvaient pas prévoir qui deviendrait un homme qui terrorisait les jeunes femmes seules dans des bâtiments louches en plein milieu de la nuit.

Comme il continuait de me fixer avec ses petits yeux verts de fouine, je me résignais à lui répondre moi aussi.

- Astrid

Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant