XIV/ ASTRID

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Lorsque je le vis se lever de son lit, je crus que mon coeur allait bondir hors de ma poitrine.

- C'est bon je vais t'aider à sortir par la fenêtre.

Alléluia! Enfin un loup qui ne voulait pas me buter dans cette foutu maison.

Ouvrant la fenêtre le plus doucement possible, je commençais à me demander comment il allait me faire descendre du deuxième étage par cette issue sans que je ne finisse aplati au sol comme une crêpe.

- Rassures toi petite humaine, je ne vais pas te jeter de la fenêtre mais te faire descendre à l'aide d'une corde.

C'était rassurant mais...

- Tu comptes la trouver où ta corde louveteau.

L'insulte le fit sourire, et putain quel sourire! Wow. J'aurai peut être acceptée de rester ici rien que pour ses beaux yeux. Mais bon entre un mec canon et la liberté, mon cerveau penchait quand même du côté de cette dernière.

Se déplaçant tel un prédateur, monsieur se dirigea vers la commode qui se trouvait devant la porte d'entrée de chambre. J'allais esquisser un pas dans sa direction pour l'empêcher d'ouvrir à ses copains lorsqu'il ne se contenta que d'ouvrir l'un des tiroirs du bas pour en sortir une corde. Quel mec censé gardait une corde dans l'un de ses tiroirs à chaussettes sérieusement ?!

Me nouant la corde autour de la taille, Aeden m'aida à me positionner sur le rebord de la fenêtre.

- Comment je fais pour descendre maintenant ?

Je parlais le plus bas possible, voulant à tout prix éviter que les autres loups de la maison ne devinent mon plan.

- Tu vas sauter et je te descendrai tout en douceur grâce à la corde.

Il disait cela avec assurance et en tenant fermement la corde. Il était amnésique ou quoi ?!

- Nan mais t'es malade! Tu te remets d'une opération chirurgicale faite par une véto en herbe! Je veux bien croire que tu sois un loup garou surpuissant mais malgré tous les pouvoirs du monde, il te faudra du temps pour récupérer. Il est dans ses conditions hors de question que je descende par cette fenêtre du deuxième étage pendant que tu défies la gravité à la seule force de tes muscles!

Dans le feu de l'action, mon chuchotement s'était estompé et ma voix commençait à atteindre les aigües.

- Alors écoutes petite terrienne. si je ne te fais pas descendre dans les trois prochaines minutes, les "louveteaux" comme tu les as si bien nommé, défonceront cette porte et te captureront. Alors soit tu me fais confiance et tu sautes, soit tu n'as qu'à leur ouvrir la porte toi même.

Et comme pour ponctuer sa déclaration, des coups se mirent à tambouriner sur le battant de bois. Quel connard quand même! Bon, bah puisse que c'était comme ça.

- Si tu me laisses tomber et que je meurs, je jure de venir te hanter en temps que fantôme jusqu'à la fin de tes jours et de te pourrir tous tes futurs rencards.

Après tout, si il y avait des loups garou, ils devaient bien y avoir des fantômes.

Ma menace ayant était entendue - son sourire en coin me l'ayant confirmé - je me positionnais sur le rebord de la fenêtre et lui fis signe que j'étais prête.

- Tu sais, quand tu comprendras dans quoi tu as mis involontairement les pieds, tu pourras revenir ici.

Je ne compris pas le sens de ses paroles, je ne voulais pas les comprendre. Comptant jusqu'à trois intérieurement, je sautais de mon perchoir, quasi sûre d'y rester.

Sentant de l'herbe sous mes pieds, j'ouvris les yeux et constatais que j'étais toujours en vie et arrivée en bas du manoir. Ne me réjouissant pas de cet exploit bien longtemps, je défis la corde qui me ceinturait la taille et fonçais en direction de la forêt.

Trois plausibles morts imminentes en moins de vingt quatre heures m'avaient probablement vaccinées contre les romans d'aventures et les rêves fantaisistes pour les dix prochaines années. Au minimum.

Ayant mis une bonne vingtaines de minutes entre moi et cette maudite baraque pleine de loups enragés, je m'autorisais enfin à une petite pause dans la nature, m'adossant contre un arbre. Mes pieds me faisaient un mal de chien - ayant pataugé dans la boue et marchée sur des branches et autres sans chaussures - mes poumons étaient en feu, mon coeur semblait avoir participé à un rodéo et mon ventre n'était que douleurs et contractions.

Regardant autour de moi, j'essayais de me repérer dans l'immensité des arbres et de la mousse. Levant la tête vers le ciel, je remarquais que rien ne m'était familier et qu'aucune route n'était à proximité de l'endroit où je me trouvais.

Alors que j'allais reprendre ma route au travers de cette faune assez étrange je devais l'avouer, un cri venu des cieux attira mon attention. Déplaçant mon regard dans cet infini gris qu'était aujourd'hui le ciel, je remarquais une énorme tache rouge cendre qui survolait la cime des sapins.

Plissant les paupières pour éviter l'éblouissement dû au soleil, je remarquais les ergots aux extrémités des ailes de l'immense bête, juste avant de voir les écailles de toutes les teintes de rouge imaginables couvrant sa peau. Sa queue reptilienne était pratiquement toute noire et possédait son bout en pointe. Sa gueule était ouverte sur une rangée de crocs qui, même à cette distance, foutraient la trouille à un marine ayant affronté les pires monstres peuplant les océans. Rien que sa tête devait faire la longueur d'un camion citerne et son corps faisait au minimum le quadruple.

Y'avait un putain de dinosaure dans le ciel merde!

Lorsque ses yeux jaunes de chat se plantèrent dans les miens et que son souffle se transforma en flammes gigantesques, je me rendis compte de mon erreur. C'était pas un dinosaure qui sillonnait les cieux, c'était un putain de dragon!

Contre toute attente, le dragon renifla dans ma direction, puis, sa voix résonna à l'intérieur de ma tête. 

- Une humaine!

Sa voix était grave, rauque et créait des échos à l'intérieur de ma boite crânienne.

Et malgré la situation, mon cerveau ne trouva pas d'autre indication à m'envoyer que celle de fuir, et comme une conne, je courus je ne sais où pour fuir un chalumeau volant.

Mais dans quelle merde je m'étais encore fourrée ?!

Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant