Chapitre soixante dix

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Chapitre soixante dix : Aeden





Je vis Astrid partir au moment même où la main de l'archange entra en contact avec la joue du jeune garçon. Malheureusement, je tendis mon bras pour la rattraper une seconde trop tard et je ne fis que l'effleurer.

Passant au dessus de l'immense table en quelques bonds, ma petite reine finit, comme je m'y attendais, par mettre son pied dans la gueule du sadique aux ailes d'anges, l'envoyant valser plusieurs mètres plus loin. Bien sûr, pour bien en rajouter une louche, elle ne put s'empêcher de l'expédier dans les bras de Morphée d'un coup de poing.

Bon. À peine arrivé qu'on allait déjà être banni du conseil des rois. Je me doutais que les événements allaient prendre ce genre de tournure.

Alors que je pensais la crise terminée, Astrid se tourna vers l'esclave, le visage déformé par la colère.

- Je peux savoir ce que tu fous là ?!

En face d'elle, le jeune garçon releva son menton, les yeux lui aussi enragé. Il ne ressemblait plus du tout au gamin soumis qu'il était quelques secondes plus tôt avec l'archange.

- Moi ?! Et toi alors ? T'es censé être en cavale dans le mode des humains!

Face à la remontrance, les joues d'Astrid virèrent au rouge.

- Oui bah disons qu'il y a eu quelques légères complications.

Le gosse voulut croiser ses bras mais les menottes l'en empêchèrent et il se résolut à les garder devant lui.

- Des complications ?

Attrapant le lobe de son oreille droite, signe qu'elle était nerveuse, Astrid regarda le sol en jouant avec le bout de son pied.

- Pour la faire courte, il y a eu une histoire de vampire, de prime sur ma tête, pour changer, de mercenaires, d'un sorcier maléfique, du fait que je sois de sang royale. Il y a eu aussi cette histoire de révolte et du coup, après un assasinat, j'ai dû monter sur le trône.

En face d'elle, le jeune homme se révolta.

- T'as encore tué quelqu'un ?! Astrid sérieux il faut que tu arrêtes de faire ça!

À son tour, ma petite dragonne monta sur ses grands chevaux.

- Oh hé, c'était de la légitime défense ok!

Le petit brun lui lança un regard qui voulait clairement dire "ah oui ?" et face à cette expression, ma petite reine se dandina.

Alors qu'il était sur le point d'ajouter quelque chose, le garçon se figea et s'humidifia les lèvres avant de claquer dans ses doigts.

- Attends, comment ça t'es montée sur le trône ?

Le malaise d'Astrid parut encore plus s'amplifier si c'était possible.

- Bah ... il est possible que je sois devenue ... genre ... reine ?

Ma copine avait découpé sa phrase avec des hésitations marquées et, face à cette réponse, le petit aux yeux verts se statufia et son visage perdit toute expression.

- Reine ?

Astrid se contenta de hocher la tête tout doucement, réticente. Quelques minutes passèrent dans un silence pesant. Tous les autres souverains avaient mis leurs conversations de coté pour se divertir face au spectacle qu'offrait ma fiancée et cet esclave qui me paraissait de moins en moins en être un.

Soudain, sans crier gare, le prisonnier-qui-n'en-était-pas-un se mit à rire. Pas un petit rire discret ou simple mais un vrai rire. Un de ceux qui coupait la respiration et qui nous faisait nous plier en deux. Ce garçon avait un joli rire, presque cristallin.

Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant