Chapitre cinquante neuf

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Chapitre cinquante neuf : Astrid





Le visage déformé par la rage et le désespoir, Magnus s'élança sur moi, épée en main. Attrapant ma propre lame, je parais au mieux ses attaques. Un ballet à l'épée se joua alors entre nous. Je ne savais pas si c'était son tumulte d'émotions qui handicapait à ce point le sorcier mais quoi qu'il en fusse, ce combat était bien plus équilibré que notre précédant.

Alors que je commençais à prendre l'avantage, et tout ça grâce aux conseils de Sacha, Magnus employa les grands moyens.

Déployant ses pouvoirs magiques, des ombres se mirent à onduler autour de lui, l'entourant telle une armure. Voyant ses flans à découvert, je levais mon arme pour l'abattre sur ses côtes droites. Alors que ma lame atteignait sa magie, cette dernière parut s'y enfoncer comme un couteau dans du beurre. Mais c'était quoi encore ce truc ?!

Me rappelant de mon précédent combat contre le cheval des mers, je m'empressais de re tirer mon épée à moi avant que mon adversaire ne me la confisque.

Effectuant de légers pas en arrière, je manquais de peu de me faire plaquer au sol par l'une des ombres mouvantes à la forme humanoïde de l'autre sorcier. Putain de pouvoir à la con! Déployant ma propre magie draconienne, je gonflais mes poumons d'air avant de carboniser l'obscurité devant moi.

Malheureusement, cela n'eut pas vraiment l'effet escompté. Loin de dissiper la magie adverse, mon propre pouvoir parut la renforcer!

Alors que je pensais ma dernière heure venue, voyant s'avancer vers moi Magnus accompagné d'une dizaine de ses ombres, je levais mon arme à hauteur de visage, prête à mourir avec classe.

Et soudain, la porte de la salle du trône s'ouvrît.

Attirant l'attention de nous tous, un jeune homme bougonnant avec des lunettes d'ingénieurs dans les cheveux et une ceinture agrémentée d'armes à la taille se dessina dans l'encadrement de la porte.

Lehyan!

Cet abruti était venu!

Et pile au bon moment!

Jetant un coup d'œil dans notre direction, les beaux yeux du créateur de génie s'écarquillèrent sous la surprise en remarquant dans quelle merde j'étais.

Ne laissant le temps à personne de réagir, je fonçais droit vers Magnus en contournant ses ombres. Le temps qu'il comprenne mon petit manège, j'étais déjà derrière lui, l'immobilisant grâce à une technique de mon père adoptif avait eu l'intelligence de m'apprendre.

« Pour protéger ceux que l'on aime, il faut leur donner les moyens de se défendre seul »! Mon père savait qu'il ne pourrait pas être là pour toujours veiller sur moi alors, il avait fait en sorte que je sois assez forte pour me veiller moi même!

Immobilisant les bras de mon ennemi, sa chétivité m'aidant beaucoup, j'apostrophais Lehyan tout en gardant à l'œil les ombres magiques de Magnus qui se rapprochaient dangereusement de moi.

- Lehyan! Tires nous dessus!

Je ne pus pas voir son visage mais au ton qu'il employait, je savais que cette idée ne le réjouissait pas.

- Non! J'ai aucune idée des effets secondaires que cette arme peut engendrer! Si tu veux le flinguer, fais le toi même!

Alors que le sorcier se débattait comme un beau diable, je sentais que ma prise faiblissait. J'allais bientôt lâcher et les ombres allaient arriver à ma hauteur!

Prenant à peine quelques instants pour harponner mes yeux à ceux du génie, je lui proposais la première chose qui me vint en tête avec un ton tranchant.

- Ton prix sera le mien! Quoique tu désires, je te jure de l'obtenir! Maintenant tires!



Chapitre soixante : Lehyan



L'arme en métal dans la main, je dévisageais la princesse suicidaire qui était en train d'immobiliser Magnus.

Fait de rouages et de magies, le pistolet était censé pouvoir neutraliser temporairement les pouvoirs de n'importe qui, même d'un dieu! Cette petite machine était mon nouveau bébé, un petit bijou alliant technologies et pouvoirs magiques. Une vraie merveille.

Malheureusement, je n'avais pas eu le temps de faire des tests, je venais à peine d'achever la construction quand la bataille avait débuté. Alors bien sûr, il se pouvait qu'il n'y ait aucun effet secondaire, mais il était aussi possible qu'on y passe tous!

Entourée d'une aura noire et or, l'arme parut se faire plus lourde dans le creux de ma main et happa mon regard.

La proposition d'Astrid était tentante. Dans la vie, les relations faisaient tout. Avoir une princesse comme débiteuse ne pouvait être qu'un avantage.

Soupesant le pour être le contre intérieurement, le cri d'Astrid me ramena à la réalité.

Magnus avait réussi à se libérer de sa poigne et maintenant, elle se retrouvait entourée par des ombres et un sorcier en colère.

Poussant un dernier soupir résigné, je levais mon pistolet à hauteur de visage pour positionner le viseur de l'arme à mon œil. Mettant Magnus en ligne de mire, je balançais à la hâte un conseil à Astrid.

- Écartes toi princesse si tu ne veux pas être prise dans le souffle de l'explosion!

Prenant une inspiration, je murmurais dans ma barbe quelques mots.

- T'as intérêt à me revaloir ce service la bourgeoise.

Au vu du sourire qu'elle arbora, Astrid devait m'avoir entendu. Ne perdant pas plus de temps, j'appuyais sur la gâchette du pistolet.

À peine la détonation résonna t-elle que les effets de l'arme me paralysèrent. Aspirant mes pouvoirs magiques avec tellement de force que ma vision se fit trouble, je sentis mon énergie me quitter et la magie sombre de l'arme à feu pénétrer dans mon organisme. C'était comme sentir se déverser dans ses veines de l'acide et de la lave en fusion. La douleur atteignit chaque partie de mon corps et attaqua mes nerfs avec tellement de fougue que je crus en mourir. Ne pouvant même plus rester debout, je m'effondrais au sol, essayant désespérément de garder conscience.

Jetant un coup d'œil depuis le sol dans la direction de la princesse, seule la fumée était visible.

J'étais persuadé d'avoir touché Magnus en plein dans la tête avec un sort magique d'une violence extrême. Tout Grand Sorcier qu'il était, il n'allait pas s'en remettre de si tôt. En plus, sa magie avait dû s'évaporer. Du moins, pendant un temps.

Malheureusement, l'explosion magique avait été si forte qu'elle avait tout soufflée dans les alentours, même les murs et le toit de la tour. Autour de moi, tout était en train de s'écrouler. Aeden aussi avait dû être balayé vu qu'il était inconscient et ligoté à une chaise comme un saucisson quand j'avais tiré. M'enfin, lui, ce n'était pas une grande perte.

Alors que je n'arrivais même plus à bouger le moindre de mes muscles tellement la douleur était insoutenable, une ombre apparut dans la fumée, se relevant des décombres.

Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant