Chapitre quarante trois

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Chapitre quarante trois : Aeden






L'entraînement se passait bien. Mieux. Ça faisait déjà près de deux semaines que l'incident « chute d'une falaise » s'était déroulé. Rien que d'y repenser, j'eus un haut-le-cœur. De manière inattendue, cet événement m'avait fait découvrir mon mal de l'air. Toute la meute c'était bien foutu de ma gueule quand j'étais revenu blanc comme la neige et à deux doigts de vomir au manoir. Ces connards!

Cependant, cette dégringolade avait eu un autre effet déconcertant: Astrid était devenue gentille et attentionnée avec moi. Enfin, c'était peut être exagéré, disons qu'elle avait l'air de me supporter un peu plus qu'avant. Bon elle me criait toujours dessus mais ça, c'était presque normal vu que c'était l'un de ses moyens de communication préféré. Elle continuait aussi de me balancer des couteaux au visage et de taper dans mes couilles durant nos entraînements au corps à corps mais bon, je m'y étais fait. Après tout, chacun avait des qualités et des défauts.

M'enfin, le problème n'était pas là. Depuis la révélation de Sacha il y a quatorze jours sur le pouvoir unique d'Astrid, le Souffle du Dragon, la Princesse s'était évertuée à s'entraîner pour parvenir à le maîtriser, sans résultat. Plus le temps passait et plus les combattants qui allaient participer à ce qu'on avait nommé la Grande Guerre paniquaient. Je pouvais les comprendre, le seul moyen d'affronter Magnus à arme égale était que la jeune dragonne parvienne à cracher un feu spécial pour tout carboniser, sauf que ces cons n'avaient pas encore compris que lui mettre la pression n'allait rien arranger du tout. Mais après tout, c'étaient des combattants qui avaient l'habitude de tout contrôler et là, ils devaient remettre leurs destins entre les mains d'une novice sarcastique et violente. Ils avaient de quoi être tourmentés ces maniaques du contrôle!

Devant moi, pour au moins la centième fois de la journée, Astrid gonfla ses poumons, retint sa respiration puis expira tout l'air contenu dans son corps, créant devant sa bouche une gigantesque traînée de flammes rouges. À côté d'elle, poussant un soupir chagriné, Sacha secoua la tête en regardant tristement son élève.

- Encore des flammes rouges.

Fronçant les sourcils, Astrid jeta un regard méchant à son mentor et lui parla d'une voix cassante, remplie de haine contenue.

- Comme ci je le voyais pas! Si tes indication étaient moins vague, j'y arriverais peut être mieux!

Excédé, je soufflais discrètement. Depuis deux semaines, elles arrêtaient pas de se chamailler. Sacha déprimait de ne pouvoir mieux conseiller sa Princesse tandis qu'Astrid, elle, culpabilisait de ne pas réussir à générer des flammes noires.

Comme tous les autres dragons, l'apprentie vétérinaire pouvait cracher du feu normal, reconnaissable grâce à sa couleur orangé rouge, cependant, d'après la Révolutionnaire, le Souffle du Dragon était caractérisé par ses flammes d'un noir pur et opaque. Et Astrid n'arrivait pas à sortir ce feu de sa bouche. Fallait dire aussi que les informations que lui avait fourni Sacha étaient minces. Très minces même. « Le Roi disait que cela provenait du plus profond de son corps ». Et voilà. C'était tout. Autant dire que ce Souffle du Dragon n'était pas près de revoir le jour.

Voyant que la situation allait une fois de plus s'envenimer, j'intervins en frappant dans mes mains et en me raclant la gorge.

- C'est pas que je n'apprécie pas de voir deux filles se battre de façon sauvage et vicieuse, mais la bataille est dans moins de deux mois alors autant garder vos forces pour le jour J. Malgré tout, il nous faut un plan B au cas où Astrid n'arrive pas à activer son pouvoir.

À la fin de ma tirade, la Princesse me fusillait du regard, les joues rouges de colère mais les lèvres serrées. Voyant qu'elles attendaient toutes les deux mon idée, je me lançais.

Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant