Chapitre trente et un

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Chapitre trente et un : Aeden



- Mon Aedenouné ! 

Une main posée sur mon épaule, Awëna me souriait comme une enfant déséquilibrée mentalement. Devant moi, Sacha émettait des bruits menaçants pendant qu'Astrid dévisageait la petite elfe avec indifférence et scepticisme.

Relâchant mon épaule, Awëna se mit face aux dragonnes en sautillant sur place et en tapant dans ses mains.

- Alors moi c'est Awëna Höfundur. Mon âge ... euh ...

Elle lança un regard à mi-chemin entre l'amusement et la gêne tout en se passant une main hésitante dans les cheveux.

- disons que vous n'avez pas besoin de le savoir. Je suis une elfe experte en fabrication d'armes technologiques et magiques en tout genre. J'ai un grand frère et une petite sœur et ce que j'adore le plus au monde, c'est de créer de nouvelles armes magiques à partir des pouvoirs de créatures surnaturelles rares.

Sa dernière phrase était directement adressée aux métamorphes dragons. Devant le regard plein de convoitise d'Awëna, Astrid et Sacha prirent une position défensive. Ayant remarqué la réticence de ses cibles, la petite elfe afficha une mine boudeuse avant de venir se repositionner, collée à mon bras. 

Personnellement, j'adorais Awëna, la considérant même comme une amie, mais son tempérament changeant et joueur avait tendance à la rendre plus dangereuse encore que mes ex-copines. 

- Comment tu as fait pour tromper mes sens de métamorphe dragon ? 

Sacha paraissait mécontente de la prouesse d'Awëna. 

- Tout simplement grâce à ma cape d'invisibilité. 

Devant les airs surpris des dragonnes, la petite elfe rabattit sur sa tête avec sa main libre sa capuche blanche. À la seconde même où le tissu rentra en contact avec son cuir chevelue, la scientifique loufoque disparut, sous les yeux exorbités de ses interlocutrices. 

Retirant sa capuche, la jeune femme réapparut après quelques secondes, un sourire satisfait scotché aux lèvres. 

- C'est moi qui l'ai créée ! 

Balançant ses hanches de gauche à droite, Awëna tira sa langue en fermant les yeux. C'était qu'elle avait l'air fière de sa création, mais en même temps, elle avait de quoi. 

Je crus entendre Astrid marmonner dans sa barbe un "v'là qu'elle a une cape à la Harry Potter" mais je n'en était pas sûre. 

Un silence pesant s'installa dans la pièce qu'il paraissait à présent bien vide, n'étant plus remplie que d'Orion, Auxanne, Astrid, Sacha, Awëna et moi, les autres loups étant repartis vaquer à leurs occupations. Une certaine tension régnait dans la pièce à cause de la petite elfe et de la dragonne révolutionnaire, qui se dévisageaient mutuellement sans émettre le moindre sons. 

Voyant qu'aucune des deux n'avaient l'air décidé à rompre leur duel de regard, je me permis de me racler la gorge bruyamment. Se fixant encore quelques secondes, elles finirent tout de même par tourner leurs iris vers moi. 

- Et bien mon Aedenouné, tu as le chique pour te faire des amies pour les moins ... intéressantes. 

Awëna était toujours accrochée à moi comme une moule à son rocher et ça commençait à m'inquiéter. Awëna n'était absolument pas tactile ! Les seules fois où elle s'approchait aussi près de quelqu'un, c'était pour lui faire un coup tordu. Épiant avec plus d'attention ses gestes, je pouvais voir du coin de l'œil Awëna préparer l'une de ses "farces" dont elle seule avait le secret. 

- Retire ton couteau de là, Awëna s'il te plait. 

Ses gestes étaient tellement discrets qu'ils devaient passer inaperçu même à la plupart des êtres surnaturelles. Je savais qu'Awëna ne me ferai pas de mal, elle m'aimait bien après tout, enfin, à sa manière, mais vu où l'arme blanche qu'elle avait personnalisée était positionnée, j'avais du l'énerver ou la vexer il y avait pas longtemps, d'une manière ou d'une autre. 

Devant moi, la petite elfe fit mine de ne pas comprendre, me montrant une mine confuse. Baissant mon regard vers mes parties intimes, j'attardais mes iris sur le petit couteau blanc et argent dont la pointe de la lame entaillait mon jean, prouvant ainsi à mon amie déjantée que j'avais remarquais son petit manège. 

Affichant une mine boudeuse, Awëna retira docilement son arme de mes bijoux de famille, la rangeant dans l'une de ses poches de blouse. Poussant un profond soupir, la scientifique commenta d'un ton plein de reproche. 

- T'es pas marrant, Aedenouné. Pas marrant du tout. 

Devant moi, je pouvais apercevoir les visages choqués des dragonnes ainsi que les visages impassibles des loups. Et oui, ce genre de scène se produisaient assez souvent pour que mes camarades de meute n'en soient même plus surpris. Se reprenant rapidement, Sacha lança avec humeur des mots qui me surprirent quelques peu. 

- Vous avez pas peur que cette elfe vous égorges un jour dans votre sommeil ? Elle est dangereuse et folle, je ne veux pas qu'elle s'approche de sa Majesté.

Reniflant avec mépris et tournant sa tête de façon brutale, elle continua sur sa lancée. 

- En plus, je ne l'aime pas du tout! 

Poussant un soupir sonore, Orion s'attira l'attention de toutes les personnes présentes. Voyant que tous les regards étaient fixés sur lui, le lycae nous donna une explication. Enfin, plus particulièrement, donna une explication à Sacha. 

- Personnellement, je ne peux pas t'encadrer mais c'est pas pour ça que tu me vois te jeter dehors. Je vois pas pourquoi Awëna, que l'on considère comme un membre de notre famille lupines, n'aurai pas le droit de venir au manoir sous prétexte que l'autre véto s'y trouve! 

Ces deux là n'avaient pas vraiment l'air de bien s'entendre, c'était le moins que l'on pouvait dire.  Après le coup de gueule d'Orion, tous les regards convergèrent vers Sacha la dragonne centenaire, on étaient tous suspendus à ses lèvres. Cette dernière fixait Orion de ses iris rouges flamboyantes, lui adressant après quelques secondes un sourire carnassier. Ouh là, ça allait chauffer. 

Cherchant à m'éclipser discrètement avant que Sacha n'inonde la pièce de sa colère, je remarquais du mouvement près du mur entourant la porte. Astrid aussi avait l'air de vouloir s'échapper, elle longeait le mur façon ninja. Marchant prudemment à reculons, je me dirigeais vers la porte du salon rouge, croisant au passage Auxanne qui lui aussi était en train de sortir, abandonnant ainsi Orion à son sort. Manque de chance pour lui, Awëna aussi avait disparue, surement grâce à sa cape d'invisibilité, et il se retrouvait donc seul à seul avec une dragonne énervée. 

Enfin sorti du salon, mon frère et moi nous lançâmes un regard avant de soupirer simultanément. Alors qu'on reprenait notre souffle, un grand bruit se fit entendre à coté, nous faisant tous les deux sursauter. La colère de Sacha venait probablement d'exploser. Tournant son visage vers moi, Auxanne exprima ses intentions. 

- Je vais rester près de la porte au cas où ça dégénèrerai. 

Acquiesçant vivement de la tête, je lui fis comprendre que je partageais son avis. Alors que j'allais jeter un coup d'oeil dans la pièce rouge pour m'assurer de la survie de notre médecin lupin, je remarquais du mouvement dans le couloir. Tournant la tête vers son origine, j'aperçus Astrid emprunter la porte menant vers l'extérieur de la bâtisse. Me doutant qu'Auxanne pourrait gérer en cas de problème, je suivis mon instinct qui me dictait d'aller à la rencontre de la vétérinaire. M'engageant à travers le corridor, je poussais le battant de la porte, emboitant ainsi le pas à Astrid, laissant mon frère en plan sans explication. 


Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant