Chapitre trente quatre

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Chapitre trente quatre : Aeden



Astrid était toujours dans mes bras et, sérieusement, je savais ni quoi faire, ni quoi en penser. Instinctivement, j'avais resserré mes bras autour d'elle et elle avait nichée son visage dans mon cou, me chatouillant la clavicule avec son souffle. C'était pas une situation désagréable mais plutôt inhabituelle pour moi. D'habitude, quand une femme me serrait dans ses bras, on était nus et couverts de transpiration. Flocon savourait cette situation, inhalant à pleins poumons l'odeur entêtante et enivrante de la petite dragonne, un mélange de fumée noire, de bonbon acidulé et de chocolat.

Après quelques secondes, Astrid se recula en me lançant un sourire resplendissant. Elle devait avoir une case en moins cette fille pour serrer dans ses bras un inconnu qui, en plus, s'avérait être un mercenaire. Secouant presque imperceptiblement la tête de gauche à droite tout en fermant les yeux, un petit sourire ornant mes lèvres, j'analysais ce qu'Astrid m'avait révélé. 

- Mais si tu considères que t'es parents sont Maria et Robert, pourquoi, quand tu as grandi, tu as choisi de conserver le nom de Vasilikos, pourquoi ne pas simplement garder celui de Stratos ?

Le sourire d'Astrid s'agrandit encore un peu plus avant qu'elle ne parte dans un grand éclat de rire spontanée.

- Figures toi que j'y ai pensé, et puis, finalement, j'y ai renoncé. Je crois qu'une partie de moi ne voulais pas renoncer au seul héritage que m'avait légué mes géniteurs. Et puis, non laisses tomber, tu vas trouver ça stupide.

La dernière partie de sa phrase avait été prononcé en rigolant. Alors là, j'avais vraiment envie de savoir, après tout, les loups étaient vraiment très curieux.

- Mais non vas-y racontes.

Elle me lança un regard en biais, un sourire aux lèvres.

- Tu promets de pas te moquer ?

- J'essayerais promis.

Ma réponse sembla la satisfaire puisqu'elle prit une grande inspiration avant de se lancer.

- J'ai toujours pensé qu'un jour, je ferais quelque chose qui me rendrais célèbre. Bien entendu, comme tu t'en doutes, à ce moment là, je pensais que mes parents habitaient sur Terre. Je me suis toujours dis que, si un jour je devenais connue, que si ils voyaient ou entendaient mon prénom et mon nom, alors, mes parents biologiques se pointeraient. C'est bizarre mais, j'ai toujours rêvé qu'ils débarquent chez moi pour me dire à quel point ils étaient désolé et qu'ils regrettaient de m'avoir abandonné, qu'ils m'expliquent leur choix et qu'ils m'annoncent qu'ils étaient fiers de moi. Alors, à ce moment là, je leur aurais claqué la porte au nez en les insultant copieusement.

Astrid ménagea quelques secondes de silence tandis que son regard se ternissait et son sourire se fanait.

- Je voulais juste qu'ils me donnent une raison, une excuse qui expliquerait qu'ils m'aient laissé pour morte en plein milieu d'un désert, pourquoi ils avaient choisi de se débarrasser de moi. Tu dois trouver ça débile hein ? Ouais surement.

- En faite, je pense que dans ta situation, j'aurai ressenti exactement pareil.

Son sourire réapparut et il était tellement communicatif que moi même je souriais. À la suite de ma remarque, les yeux d'Astrid pétillèrent de malice.

- Alors t'es aussi timbré que moi.

Pendant plusieurs secondes, nous nous contentâmes de nous regarder dans le blanc des yeux. L'atmosphère entre nous était de plus en plus électrique, remplie d'une agréable tension. Plus je fixai Astrid et plus j'avais l'impression de me noyer dans ses yeux bleus arctique remplie de désir, tellement que j'en perdais pied. Délicatement, je penchais ma tête vers elle, tandis que de son côté, elle tendait ses lèvres vers les miennes. Le temps paraissait suspendue et tout mon corps entier tremblait d'excitation et d'impatience. 

Alors que nos lèvres étaient sur le point de se toucher, une explosion retentit près de nous, si proche que son souffle nous propulsa, Astrid et moi, vers la maison, nous faisant tout deux tomber sur le dos, ma tête cognant sur le plancher de la terrasse.

Sonné par le choc, des étoiles dansaient devant mes yeux tandis que mes oreilles sifflaient, me rendant partiellement sourd. Putain de merde, c'était quoi ça encore ?! 

Me redressant sur mes avants bras, je remarquais qu'Astrid était toujours allongée sur le sol, recroquevillée. Bon, même si elle était hors service pour l'instant, au moins elle n'état pas inconsciente. Reportant mon attention aux abords de la forêt, je pus apercevoir un groupe vêtue de noir avancer dans notre direction. 

Derrière moi, la porte menant de la maison à l'extérieur alla se cogner contre le mur sous l'ouverture énergique d'Auxanne. Débarquant en trombe sur la terrasse, lui, Sacha et Orion vinrent nous rejoindre Astrid et moi. 

Réussissant à m'assoir au prix d'un certain effort, j'eus tout le loisir de voir les mines déconfites des abrutis qui m'avaient, il semble t-il, balancé une putain de bombe dans la gueule. À y regarder de plus près, mes ennemis du jour, quatre pour être exact, faisaient très jeune, le plus vieux ne paraissait avoir que la quinzaine, mais bon, l'apparence était trompeuse chez les Ombres. Cependant, j'eus l'impression que les personnes en face de moi étaient vraiment des enfants. Je m'étais fait surprendre par des adolescents! Oh la honte. 

Grâce à ma cicatrisation rapide dû à ma condition de loup garou, le son me revint rapidement et mes blessures, qui n'étaient que légères, disparurent presque totalement. Regardant autour de moi, je remarquais que Sacha s'était accroupie à côté d'Astrid, qui avait maintenant la tête posé contre le sol, les mains sur les oreilles d'où du sang s'échappait en filament. Elle avait pas l'air au mieux de sa forme. Près de moi, Orion et Auxanne faisaient écran en se plaçant entre moi et les inconnus, leurs visages exprimant un réel mécontentement. 

Me remettant sur mes jambes d'un mouvement souple, je fixai de mes yeux le groupe en face de moi, laissant apparaitre mes yeux de loup. Se jetant des regards entre eux, les gamins m'avaient l'air complètement terrorisés. 

- Je croyais que la grenade devait être assez forte pour tout faire sauter et les tuer ? 

L'un des enfants murmura cette phrase à ses coéquipiers. Il devait avoir à peine dans les dix ans et ce cyclope, car s'en était un, parlait déjà de meurtre. Les mondes devenaient fous. 

Sur leurs visages, on pouvait observer de la peur et de la stupéfaction. Chez nous les loups, personne n'osait bouger, car, bien qu'ils ne soient encore que des enfants, ils avaient quand même essayaient de tous nous tuer, et pour ça, on ne pouvait pas les laisser repartir vivants. 

Chez les ennemis, le plus vieux de la bande, celui qui paraissait être le chef, lança un regard aux membres de son équipe. J'étais trop loin et pas dans le bon angle, aussi, je ne pus lire dans ses yeux, mais, après avoir observer leur capitaine, les enfants hochèrent gravement la tête et, sans prévenir, partirent tous dans des directions opposées. 

Ils étaient trop jeunes, trop inexpérimenté pour des tueurs, et c'était cette erreur qui leur couterai la vie car, quand on était devant des prédateurs, la dernière des choses à faire était de fuir. D'un même élan, Auxanne, Orion, moi et même Sacha nous élancèrent sur les traces de nos proies, les rattrapant tous au bout de quelques secondes à peine. 

Ils étaient tous plaquaient au sol et allaient tous bientôt être tué par nos soins. 

Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant