Chapitre cinquante sept

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Chapitre cinquante sept : Aeden





- Eh trois griffes en moins pour notre caniche! Trois!

Alors que je lâchais un grognement des plus menaçant, le rouquin à la barbe me balança un coup de poing magistral dans mon estomac, me donnant envie de vomir.

Quand l'ombre de Magnus, enfin, son espèce de condensé de pouvoirs à la forme humanoïde, avait réussi à m'immobiliser, Adonis en avait profité pour m'enchaîner à une chaise. Poignets, avant bras, buste, taille, cuisses et tibias harnachés à la chaise par des chaînes anti ombres qui me privaient de tous mes pouvoirs de loups garous, je n'étais à présent pratiquement plus qu'un humain ordinaire. Ah cette allure là, je ne risquais pas de pouvoir m'échapper.

J'en étais là dans mes réflexions lorsque l'autre each uisge m'arracha de nouveaux l'un de mes ongles. Retenant le grondement qui menaçait de jaillir de ma poitrine, je maudissais intérieurement cette bonne femme.

N'ayant pas supportée son humiliation face à Astrid, elle avait décidé de se venger sur moi. Ah, les femmes et leur rancune tenace! À peine cette pensée m'effleura t-elle que l'autre cheval d'eau m'arracha ma dernière griffe de la main droite, située sur mon pouce. Ah putain ça faisait un mal de chien! Bon ok, dès que ces chaînes anti ombres tomberaient, ma cicatrisation de lycanthrope ferait son travail et ferait repousser mes ongles, mais en attendant, j'avais quand même envie de lui déchiqueter le visage à coups de crocs.

- Mais il est où bordel ?!

Derrière mes tortionnaires, de gigantesques boum se faisaient entendre, d'immenses fracas et des bruits de verre qui se brisaient se répercutaient sur les murs de la pièce. Me dévissant un peu le cou pour apercevoir tout ce qui faisait ce boucan, la scène fit se retrousser le bord de mes lèvres en un sourire arrogant et sarcastique. Presque devenu fou pour une raison qui m'était encore inconnue, Magnus était en train de péter un câble, jetant à terre tout ce qui se trouvait sur son passage et démolissant grâce à ses pouvoirs magiques une bonne partie des meubles et des infrastructures.

Voyant que même mes kidnappeurs qui avaient l'air sain d'esprit dévisageaient leur roi d'un air peu rassuré, je ne pus m'empêcher de titiller leur patience, un sourire provocateur aux lèvres et un ton remplie d'ironie.

- Est ce qu'il a un problème votre chef ?

Le vampire, le rouquin et le cheval tournèrent leurs regards vers moi tandis que la prophétesse se contentait de m'ignorer, les iris absorbés par le spectacle qu'offrait le sorcier fou. Alors que je m'attendais à une réaction de leur part, ils se contentèrent de me fixer, les yeux interrogatifs et surpris.

- Il a l'air un peu trelós si vous voyez ce que je veux dire!

Fou. C'était sûr que là maintenant, c'était le mot qui le définissait le mieux.

J'eus à peine le temps de finir ma phrase qu'Adonis me renvoya un coup de poing dans la gueule qui manqua de peu de me déboîter la mâchoire. Sur mon menton, mais aussi sur tout le reste de mon corps et de mon visage, je pouvais sentir mon sang dégouliner pour finalement venir s'abattre sur le plancher pour former une mare d'hémoglobine.

J'étais encore sonné par le coup lorsqu'une voix résonna dans ma tête.

- Tu t'amuses bien là ?

Vu que mes liens avec ma meute étaient temporairement mis hors service, personne ne pouvait me contacter mentalement. Enfin, personne à part mon propre loup.

- Salut Flocon!

Il ne me répondit que par un simple grognement tandis que je me contentais de sourire dans le vide.

Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant